HomeA la uneSOUPÇONS DE DETOURNEMENTS AU MINISTERE NIGERIEN DE LA DEFENSE

SOUPÇONS DE DETOURNEMENTS AU MINISTERE NIGERIEN DE LA DEFENSE


Depuis quelques jours, une information gravissime défraie la chronique au Niger. En effet, un audit réalisé au ministère nigérien de la Défense et dont les résultats ont fuité, révèle des détournements de fonds de près de cent milliards de F CFA impliquant certains chefs d’Etat-major généraux de l’Armée. Réalisé sur instruction du chef suprême des armées, le président Mahamadou Issoufou himself, cet audit relève des cas de surfacturations, de livraisons de matériels non conformes aux spécificités demandées, de livraisons non effectuées dans des achats d’équipements pour l’armée, etc. Ces faits ne sont certainement que la face visible de l’iceberg. On est d’autant plus fondé à le penser que l’audit n’a concerné que la période 2011-2019. Avec de telles révélations, l’on ne doit donc pas s’étonner que l’armée nigérienne ne puisse pas tenir la dragée haute à des hommes surarmés non identifiés. En tout cas, il ne fait aucun doute que ces pratiques nauséeuses ont eu des conséquences directes sur l’efficacité des soldats engagés dans la lutte contre le terrorisme. En effet, on ne le sait que trop bien, l’armée nigérienne a payé un lourd tribut au cours de ces deux dernières années. On se rappelle encore les attaques d’Inates et de Chinégodar, respectivement le 10 décembre 2019 et le 10 janvier 2020, qui auront fait, à elles seules, 160 morts dans les rangs de l’armée nigérienne. Si un bilan aussi macabre a pu être enregistré en si peu de temps, c’est dû évidemment en partie au manque criard de moyens adéquats pour faire face à l’hydre terroriste. Pendant donc que des militaires paient de leur vie pour défendre la patrie, leurs supérieurs se sucrent sur leur dos. Quel scandale ! Comment peut-on espérer gagner une guerre avec de tels comportements ? 

C’est une véritable gangrène qu’il faut combattre

Même si, pour l’instant, il ne s’agit que de soupçons de malversations, l’affaire mérite d’être prise très au sérieux. Et si les faits sont avérés, Mahamadou Issoufou doit sévir pour l’exemple. Il y va de la crédibilité de son régime. En tout cas, ce serait scier le moral de la troupe que de protéger une hiérarchie qui, au lieu de briller par des stratégies militaires pour vaincre les forces du mal, a plutôt fait le choix de la délinquance financière. Il urge de réagir vigoureusement d’autant qu’une rupture de confiance entre le Niger et ses partenaires, pourrait engendrer des conséquences dramatiques dans la lutte contre le terrorisme. Déjà que ce pays n’arrive pas à faire face à l’ennemi, si les partenaires lui tournaient le dos, que resterait-il du Niger ? Cela dit, ces pratiques ne sont pas propres au Niger. On se rappelle le cas du Mali, cet autre pays du Sahel en proie au terrorisme, où de hauts gradés de l’armée avaient aussi trempé leurs mains dans le cambouis, allant jusqu’à acheter des épaves au lieu d’avions modernes de combat. Et ce n’est pas tout.  Car, rien ne dit que les mêmes pratiques n’ont pas cours sous d’autres cieux. En vérité, c’est une véritable gangrène qu’il faut combattre, tant ses conséquences sont désastreuses.

Dabadi ZOUMBARA


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