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VISITE DU PRESIDENT DE LA CEDEAO AU MALI  


Le président en exercice du Ghana et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), Nana Akufo-Addo, est arrivé hier matin à Bamako-Sénou où il a été accueilli à sa descente d’avion par le président de la transition malienne, Bah Ndaw. Cette visite au pas de charge vient comme pour refermer la parenthèse des sanctions infligées au Mali par l’organisation sous- régionale au lendemain du coup d’Etat du mois d’août dernier, à la grande satisfaction des autorités maliennes qui en avaient besoin pour conduire sereinement la transition. Malgré la levée de l’embargo commercial et financier, les radars de la CEDEAO restent braqués sur le Mali, et c’est ce message à la fois de solidarité avec ce pays et de surveillance des faits et gestes des acteurs de la Transition, qu’Akufo-Addo est venu livrer à ses ‘’djaatigui’’ du jour. Cette politique de la carotte et du marquage à la culotte vis-à-vis du président Ndaw et de son gouvernement, vise principalement à les aider à mener la barque jusqu’à quai, c’est-à-dire jusqu’aux élections générales prévues dans dix-huit mois. La CEDEAO a d’autant plus raison de ne pas baisser la garde que les frustrations nées de la mise en place des organes de la Transition, peuvent être un nouveau facteur de crise politique et institutionnelle dans ce pays chroniquement instable, et une porte ouverte au plus improbable ou imprévisible des scénarii. On espère que le message d’Akufo-Addo a été reçu 5/5 du côté de Bamako, et que les Maliens ont compris, avec les derniers développements de la situation sociopolitique de leur pays, que l’intérêt général est loin d’être la somme des intérêts particuliers, notamment de leurs leaders politiques. Car, quoi qu’on dise, l’intérêt du Mali se trouve dans l’organisation d’élections libres, transparentes et apaisées dans les délais prescrits, pour donner plus de légitimité aux institutions et aux acteurs qui seront appelés à agir au nom du peuple.

 

La CEDEAO met les petits plats dans les grands afin que le processus en cours ne déraille pas

 

C’est sans doute pour cela que la CEDEAO menace de ressortir le bâton si la Transition était parasitée ou perturbée pour quelque raison que ce soit, les nombreux défis auxquels le Mali fait face ne pouvant être relevés que par des autorités choisies par le peuple souverain. Ceux qui tiennent actuellement les manettes ont déjà tracé la voie de la paix et de la réconciliation pour ainsi dire, avec la libération des prisonniers politiques, le passage de témoin du chef de la junte à un civil et les appels répétés à la paix et à l’union sacrée pour sortir le Mali de la crise multidimensionnelle dont il souffre depuis des années. Les choses semblent en tout cas bien engagées dans ce sens, et la libération, en milieu de semaine dernière, de l’emblématique chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, par ses ravisseurs, contribuera, du moins on l’espère, à atténuer un tant soit peu l’hystérisation verbale du débat politique, et à ouvrir les jeux dans la perspective des élections à venir. C’est vrai que la pilule de cette libération est particulièrement amère pour le Mali et même pour ses voisins du Niger et du Burkina, quand on sait que la contrepartie était, entre autres, l’élargissement de plusieurs dizaines de terroristes qui se sont aussitôt fondus dans la nature et qui pourraient réapparaître plus cruels et revanchards que jamais. Mais dans le contexte actuel du Mali, il fallait avaler la couleuvre pour non seulement sauver la vie de l’illustre otage, mais aussi et surtout espérer le retour de la paix dans le Delta central et au Nord du pays durement éprouvés par les attaques terroristes, en négociant avec ceux que l’ex-otage française Sophie Pétronin a qualifié de « groupes armés opposés au gouvernement malien », un euphémisme pour désigner ceux qui étendent de plus en plus leur étouffante et cruelle emprise sur  tout le pays. Si c’est dans la perspective d’une paix globale que ce deal a été conclu, on peut d’ores et déjà dire bravo à tous ceux qui se sont investis pour marquer l’essai, en attendant de le transformer à travers la réconciliation nationale et le retour de tous les exilés et déplacés dans leurs patelins d’origine. La réalisation de ce rêve est permis, et c’est pour qu’il se réalise que la CEDEAO met les petits plats dans les grands afin que le processus en cours ne déraille pas à cause de l’inconséquence et de l’irresponsabilité de certains Maliens qui se battent davantage pour entretenir leur embonpoint que pour sortir leur pays du coma économique, social et sécuritaire dans lequel il est plongé depuis près d’une dizaine d’années.

 

Hamadou GADIAGA

 


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