24E EDITION DU FESPACO : L’heure est aux tout derniers réglages

Le comité d’organisation du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) est en train de mettre les petits plats dans les grands, pour que la 24^e édition qui a pour thème   « Cinéma africain : production et diffusion à l’ère du numérique », soit une réussite. Pour cette édition, 680 films ont été reçus, mais seulement 133 ont été retenus. Sur ces 133 films retenus, 85 seront en compétition. De l’état des préparatifs au siège du FESPACO, au spectacle d’ouverture qui se concoctait à l’Ecole internationale de danse Irène Tassembédo (EDIT), en passant par l’ambiance au Palais des sports de Ouaga 2000, voici ce que nous avons pu constater sur le terrain, à quelques heures de l’ouverture des festivités. C’était le jeudi 26 février dernier.

 

Jeudi 26 février 2015. Nous sommes sur le site du FESPACO, à Jour-J moins deux. On s’affaire de tous les côtés pour les tout derniers réglages. Difficile de s’adresser à quelqu’un, tant les uns et les autres ont leurs téléphones collés à l’oreille. Ce n’est pas François Akouabou Adianaga, président de la commission voyage et séjour, qui dira le contraire. Quelques questions à lui poser mais, il faudra attendre. Aussitôt qu’il raccroche avec un interlocuteur, un autre appelle. Sur les visages, la fatigue se lit déjà, les longues heures de travail y ayant laissé des traces. Des arrivées ont été enregistrées. Côté hébergement, il a assuré que 90% des festivaliers étrangers ont déjà été logés. Au moment où nous nous apprêtions à sortir, nous avons vu un confrère britannique qui venait de retirer son accréditation, tout souriant. Il a exprimé sa joie d’avoir découvert pour la première fois le pays des Hommes intègres. Dans la cour, quelques comédiens et parfois des réalisateurs passent en flèche. Chacun va et vient, tous sont occupés ou préoccupés par quelque chose.

 

Un spectacle de belle facture

 

Barou Oumar Ouédraogo est l’un d’eux. Ce réalisateur à la retraite, acteur bien connu du monde du cinéma, attend beaucoup de ce festival. Il espère, comme tout autre acteur, être retenu comme meilleur acteur , à l’issue de la 24^e édition. M. Ouédraogo a joué dans trois films qui seront présentés à cette édition et il pense avoir bien joué. Pour ce qui est de la non-tenue de la rue marchande, il ne cache pas sa déception. Du côté de ceux qui exposent dans la cour, pas grand-chose à voir pour l’instant. Les stands sont en majeure partie vides, mais un retiendra notre attention, celui d’Alida Ouattara. Elle y expose des pagnes de la 24^e édition, pour ceux qui veulent s’en procurer. Ceux-ci sont vendus à 6 500 F CFA le lot de trois pagnes. Il y en a de trois couleurs et chacun en aura pour son choix. Au FESPACO, Alida Ouattara est la représentante de SAVATEX, la société qui fabrique ces pagnes. Pour elle, si les autorités ont préféré annuler la rue marchande, c’est pour des raisons de santé publique et l’on ne peut pas trop s’en plaindre. Une annulation qui n’entrave pas tellement la bonne marche de ses affaires, dira-t-elle, même si elle reconnaît que cela n’arrange pas ceux qui voulaient y exposer leurs produits. Qu’à cela ne tienne ! Après cette étape, nous avons fait un tour à l’Ecole de danse Irène Tassembédo (EDIT) où les spectacles d’ouverture et de clôture se préparent avec environ 150 personnes, selon la maîtresse des lieux. Elle a évoqué quelques difficultés liées au temps et aux moyens financiers mis à sa disposition. Elle a tout de même rassuré qu’elle fera de son mieux, pour offrir un spectacle de belle facture aux festivaliers.

 

Issa SIGUIRE et Christine SAWADOGO

 

 

 

 

 

Le président du Comité d’organisation, Désiré Ouédraogo, à propos du retrait du film « Timbuktu »

 

« Le Pays » : Dans moins de vingt-quatre heures, la 24^e édition du FESPACO ouvrira ses portes. Etes-vous fin prêts ?

 

Désiré Ouédraogo : Nous sommes prêts. Au niveau de l’organisation, nous sommes en train d’achever les toutes dernières actions. Beaucoup de choses sont déjà finies. Pour tenir un festival de cinéma, il faut des salles prêtes ; pour le cas du FESPACO 2015, il fallait les équiper, ce que nous avons fait. Les dernières salles sont en train de recevoir l’équipement numérique. Il faut du public. Le public, il y en a. il faut des cérémonies d’ouverture et de clôture ; cela est en train de se faire avec Irène Tassembédo. Il faut un programme. Nous avons fait le point des préparatifs qui sont à un très bon niveau.   Nous venons de recevoir un matériel sanitaire de la part de l’OMS et du ministère de la Santé. Nous pensons que la manifestation va commencer avec un comité qui est prêt.

 

Y-a-t-il eu des réaménagements de dernière minute ?

 

A ma connaissance non. Les éléments du programme sont restés les mêmes.

 

Quelle est la particularité de la 24^e édition du FESPACO ?

 

La 24^e édition du FESPACO va s’organiser selon un nouveau format. Un nouveau format avec des problèmes liés à l’environnement sécuritaire et à l’environnement sanitaire. Nous avons redimensionné un certain nombre de choses, de sorte que tous les espaces qui vont être occupés par la manifestation soient des espaces sécurisés. Des espaces sécurisés au plan sanitaire et au plan sécuritaire. Cela nous a obligé à ramener les cérémonies d’ouverture et de clôture au Palais des sports, pour mieux maîtriser les flux. Nous avons programmé 7 salles qui seront dans le dispositif. Des manifestations, comme la rue marchande, ont été supprimées, parce que c’est plus difficile à gérer. Nous aurons un FESPACO d’un nouveau format, qui met l’accent sur les professionnels.

 

L’annulation de la rue marchande ne va-t-elle pas portez un coup sur la réussite du festival ?

 

Nous supprimons la rue marchande parce qu’elle peut être une occasion pour la venue de personnes que nous ne pouvons pas contrôler. Un seul cas du virus qui va se déclencher ici, ce sont des milliers de personnes qui seront menacées. Le ministère de la Santé nous a signifié qu’un seul cas peut contaminer 90 personnes. Il faut des milliards et des milliards de francs pour contenir cela. Faut-il exposer la population à ce risque sanitaire ? Le gouvernement a pensé que ce n’était pas nécessaire.

 

Est-ce vrai que le film « Timbuktu » du réalisateur franco-mauritanien Abderrhamane Sissako a été retiré de la compétition ? Si oui, pourquoi ?

 

Le FESPACO a retiré le film « Timbuktu » de la compétition parce que nous avons reçu un certain nombre d’informations de la part des services sécuritaires tendant à montrer que le film pourrait poser problème. Pour ne pas exposer les populations à des risques que personne ne pourrait contenir dans le temps ni dans l’espace, il nous a semblé nécessaire de ne pas prendre ce risque et de simplement retirer le film de la compétition.   Le Délégué général s’est fait le devoir d’appeler le réalisateur et de l’en informer. Nous avons mal au cœur pour cela, parce que ce n’était jamais arrivé au FESPACO. Il n’y a pas de censure au FESPACO. Lorsque vous êtes sélectionné, votre film est projeté. Mais là, nous sommes en face d’un problème qui est extrêmement grave.   Si vous êtes un gouvernant et que vous êtes responsable, vous ne pouvez pas prendre le risque d’exposer la population à un phénomène comme celui-là, où on ne sait jamais quand les choses vont s’arrêter.

 

Propos recueillis par Issa SIGUIRE