HomeA la une25E EDITION DU FESPACO : Relever à tout prix le défi sécuritaire

25E EDITION DU FESPACO : Relever à tout prix le défi sécuritaire


Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), le tour du Faso et le FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) constituent les 3 principales vitrines du Burkina Faso. Mais plus que les deux premières, le FESPACO, peut-on dire, représente la vitrine la plus emblématique du pays des Hommes intègres. C’est pourquoi tous les régimes politiques qui se sont succédé dans le pays ont mis un point d’honneur à ce que la flamme allumée depuis 1969 par Sangoulé Lamizana, ne s’éteigne pas. 48 ans après, l’honneur est revenu au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré d’organiser la 25e édition. Il faut préciser que c’est le second FESPACO depuis  l’insurrection populaire de 2014, et le premier depuis que le président Kaboré tient les manettes du Burkina. Il faut aussi rappeler que c’est le premier FESPACO depuis le sanglant attentat terroriste de l’an dernier. Depuis lors, les attaques djihadistes ne se comptent plus dans le pays, surtout dans le septentrion. La 25e édition du FESPACO se tient, par conséquent, sous le signe du renouveau politique mais aussi sous très haute sécurité. Et comme chat échaudé craint l’eau froide, les nouvelles autorités du pays, à en juger par le dispositif exceptionnel mis en place pour sécuriser la manifestation, semblent décidées à ne pas faire les choses à moitié.

Les fous de Dieu adorent déféquer dans les cours balayées

En tout cas, c’est l’impression qui s’est dégagée non seulement à la cérémonie d’ouverture qui s’est tenue au Stade municipal mais aussi aux endroits stratégiques de la capitale et du reste du pays. Pour le moment, la mayonnaise semble avoir pris, mais avec les fous de Dieu, l’on doit se garder d’aller trop vite en besogne, puisqu’ils adorent déféquer, comme la poule, dans les cours balayées. Ils adorent d’autant plus le faire que cela permet de les mettre davantage au devant de l’actualité. De  ce point de vue, le défi sécuritaire doit être relevé jusqu’au bout de la 25e édition et même après. En attendant, l’on peut se permettre de féliciter les organisateurs de la présente édition pour avoir réussi avec brio la cérémonie d’ouverture. L’heure, par exemple, a été observée de manière quasi religieuse et le spectacle offert a été franchement de qualité. Et la cerise sur le gâteau, est que sur le plan sécuritaire, l’on peut noter un RAS (rien à signaler). Et si cette dynamique est maintenue jusqu’au bout, c’est l’ensemble du peuple burkinabè qui pourrait en récolter toutes les dividendes en termes d’image et de crédibilité. Et le Burkina en a besoin, pour non seulement se rassurer mais aussi rassurer tous ceux qui ont adopté le FESPACO et qui, de ce fait, s’investissent pour qu’il ne meure jamais. Et cette année, ces derniers n’ont pas marchandé leur participation en dépit de la menace djihadiste ambiante. Mieux, certains parmi eux qui avaient boudé le FESPACO pour protester contre les abus de Blaise Compaoré, ont signé leur retour au pays des Hommes intègres à l’occasion de la présente édition. Et il faut leur rendre hommage. En effet, au-delà de la dimension culturelle que revêt le FESPACO, l’on peut dire que ces messieurs et dames qui ont renoué avec le FESPACO entendent par là apporter leur soutien et leur solidarité au vaillant peuple burkinabè qui s’est assumé politiquement, le 30 octobre 2014, en se débarrassant de Blaise Compaoré et qui, depuis lors, est régulièrement victime d’attaques terroristes.

Le FESPACO s’apparente à du vin

La présence massive des festivaliers et des festivalières à cette édition, pourrait donc se lire comme leur adhésion à ce renouveau politique et leur marque de compassion pour un peuple éprouvé. En retour, les Burkinabè, chacun à son niveau, doivent tout mettre en œuvre pour rendre leur séjour agréable. Et en la matière, l’on peut compter sur le peuple burkinabè ; lui qui a l’hospitalité dans les gênes et qui sait se mettre debout quand l’intérêt supérieur du pays le commande. Les Burkinabè doivent d’autant plus adopter cette posture que de la réussite totale de ce FESPACO pourrait dépendre le clap de départ de la relance des activités économiques et touristiques du pays de Thomas Sankara dont l’ombre a plané sur la cérémonie d’ouverture de la présente édition autant en discours qu’en musique. Et quand le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, souhaite que le festival retrouve le lustre des années 1980, c’est certainement pour évoquer les années sankaristes où la révolution avait fait l’option politique de donner une dimension populaire au FESPACO. C’est dans cet esprit que des salles de cinéma avaient poussé dans les bas quartiers de Ouagadougou et un peu partout à l’intérieur du pays comme des champignons. La suite, on la connaît. Presque toutes ces salles ont mis la clef sous le paillasson aujourd’hui, faute d’entretien et de bonne gestion. Le résultat est que la capitale du cinéma africain, et c’est là tout le paradoxe, manque cruellement aujourd’hui d’infrastructures de projection de films. C’est pour cette raison que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a salué à sa juste valeur l’ouverture d’une nouvelle salle de cinéma de grande qualité à l’occasion de la présente édition du FESPACO. Cet édifice certes, apporte un plus au FESPACO mais il faut craindre que son prix d’entrée ne soit pas à la portée du plus grand nombre. Le défi de la construction de nouvelles infrastructures et celui de la restauration des salles déjà existantes restent à relever pour que Ouagadougou soit à la hauteur de son statut de capitale du cinéma africain, envié par tant d’autres capitales africaines. Cela dit, après la cérémonie d’ouverture dont les différentes péripéties ont été exécutées dans les règles de l’art, place maintenant à la compétition. Et les cinéphiles, et Dieu seul sait s’ils sont nombreux au Burkina, et ce malgré la concurrence à laquelle fait face le cinéma, auront de quoi se rincer les yeux. En effet, plus de 160 productions ont été enregistrées cette année. Et c’est là un autre motif de satisfaction de la 25e édition du FESPACO. C’est quelque part le signe que le FESPACO s’apparente à du vin, il se bonifie au fil des années. Et l’on peut compter sur le professionnalisme des membres du jury pour faire le bon tri entre les 20 films long métrage en compétition pour l’Etalon de Yennega. Et le réalisateur du film qui sera consacré peut être sûr d’une chose : l’Etalon de Yennega est un marchepied vers la consécration internationale. Tous ceux qui ont déjà eu la joie de le soulever peuvent en témoigner. C’est en cela que l’on peut imiter le FESPACO ailleurs en Afrique mais sans jamais l’égaler. C’est pour cette raison aussi que le FESPACO a très souvent servi de tribune politique aux différents régimes qui se sont succédé à la tête du Burkina. Roch Marc Christian Kaboré ne dira pas le contraire ; lui qui, à l’occasion de la 25e édition, en a profité pour faire les yeux doux à Alassane Ouattara dont le pays est l’invité d’honneur. Et l’on peut aisément en imaginer la raison.

« Le Pays »


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