UTILISATION REPETEE DES HUILES ALIMENTAIRES : Attention, danger !
Hier, pendant que j’attendais d’être reçu par mon médecin traitant à l’hôpital psychiatrique, j’ai entendu un aide-soignant dire à son collègue qu’il n’était pas fou pour manger dehors parce qu’il tenait beaucoup à sa santé. J’avoue que cela m’a fait rire aux éclats. Si manger dehors est une caractéristique spécifique de la folie, Dieu seul sait si nous sommes nombreux dans ce pays à être fous. Car, on en compte par millions, les Burkinabè qui mangent dehors !
Cela dit, il n’a pas tout à fait tort. Car, acheter à manger dehors, c’est parfois aussi acheter des maladies. Prenez l’exemple de l’huile alimentaire utilisée dans la préparation des plats vendus dehors. Franchement, on en a parfois peur. Utilisée « recto-verso » et voire « en intercalaire », elle finit par prendre une couleur parfois même plus sombre qu’une huile de vidange fatiguée. Et c’est là que vous vous rendez compte que « huile, c’est pas huile ».
Je le dis d’autant plus que j’ai l’habitude de voir la vendeuse d’attiéké du quartier recueillir dans son gros bidon, l’huile utilisée pour frire le poisson, pour la réutiliser le lendemain et les jours suivants. Si bien que plus les jours avancent, plus la couleur de son huile de friture s’assombrit. Ce n’est que lorsque celle-ci devient aussi noire que « le derrière » d’une marmite en ébullition, qu’elle se résout à jeter cette huile. Moi, en tout cas, je suis très regardant sur ma santé : pour ne pas prendre de risques, je n’achète pas de fritures n’importe où hein ! Que croyez-vous ? Moi je suis un fou de première classe ! Et ce n’est pas le malin !
Pourtant, le mois passé, je me rappelle, puisque j’étais à côté, que le neveu de la bonne dame, un agent du Laboratoire national de santé publique, l’avait sensibilisée sur les dangers de l’utilisation répétée des huiles alimentaires pour la santé. Il lui avait expliqué que l’huile alimentaire, utilisée plus d’une fois, perd de sa composition chimique. Ce n’est plus de l’huile, et ce qui est grave, c’est très mauvais pour la santé. Car, selon ce qu’il lui a dit, c’est en partie ce qui explique la recrudescence des cancers dans nos villes, des maladies cardio-vasculaires et autres. Une autre personne très au fait de ces questions, m’a confirmé la même chose. Dans un langage propre aux spécialistes, elle m’a expliqué qu’à force de passer sur le feu, surtout si elle n’est pas de très haute qualité, l’huile libère ce qu’on appelle dans le langage des spécialistes, des « radicaux libres », un vrai danger pour l’organisme qui se voit ainsi exposé au cancer. Elle m’a dit toutefois qu’une fois utilisée, l’huile peut être réutilisée seulement à l’état froid pour les crudités par exemple. Bref il faut éviter de la réchauffer.
Notre mort est souvent dans nos assiettes
Mais tous ces conseils semblent être tombés dans l’oreille d’une sourde car tanti a gardé ses bonnes vieilles habitudes. Ce qui ne m’a guère étonné. Car, j’avais vraiment du mal à l’imaginer se débarrassant d’une huile qu’elle n’aura utilisée qu’une seule fois ; elle qui passe le temps à se plaindre que ses affaires ne marchent pas, même si, chaque jour, ses clients continuent à affluer. Certains vendeurs d’aliments, tout comme tanti, connaissent bien les dangers auxquels ils exposent leurs clients, mais ils n’en ont cure. Ne cherchez pas loin la raison d’un tel comportement : la cupidité.
Pour d’autres, par contre, c’est l’ignorance qui les amène à utiliser l’huile alimentaire plus d’une fois. Ceux-là ont besoin de sensibilisation. Eux, on ne peut pas les accuser de faire exprès et d’être méchants. Mais cette ignorance ne concerne pas que les commerçantes et commerçants de dehors. Car,
même au sein des foyers, l’utilisation multiple de l’huile alimentaire est une pratique courante. Combien sont celles qui remettent plusieurs fois au feu, l’huile consommée à la maison ? Attention, danger ! Quelqu’un a eu à dire que notre mort est souvent dans nos assiettes. Et il n’a pas tort. Ce que nous mangeons précipite notre départ vers la tombe. C’est la triste réalité.
Mais comme je l’ai déjà dit, « huile, c’est pas huile ». Il y a des huiles de très bonne qualité, qui résistent longtemps à la chaleur, qui ne se détériorent pas très vite au contact de la chaleur. Mais ces huiles-là, ma foi, ce n’est pas donné à n’importe qui ! Vu leurs coûts prohibitifs, elles sont inaccessibles aux Burkinabè moyens. C’est sûr, si ces huiles de haute qualité étaient à la portée du Burkinabè moyen, on limiterait les dégâts. Une politique du gouvernement dans ce sens, ferait certainement beaucoup de bien aux Burkinabè. Car, après tout, on est face à une question de santé publique.
En plus de la question de l’accès aux huiles de qualité, un travail de sensibilisation de la population sur les dangers de l’utilisation répétée des huiles alimentaires, s’avère nécessaire. La Ligue des consommateurs a donc sa partition à jouer dans cette lutte pour la santé publique. Mais cela doit aussi être l’affaire des consommateurs eux-mêmes, qui doivent se montrer très exigeants. Une anecdote : j’ai un ami qui, quand il achète de l’attiéké, exige que l’huile qu’on mettra dans son assiette, sorte directement du bidon contenant de l’huile encore non utilisée. En tout cas, personne ne doit se rendre complice de ce suicide collectif. Chacun, à son niveau, doit et peut jouer sa partition. Assurément, l’huile tue, elle tue au Burkina et il faut que les gens en prennent conscience. Et tout le monde devrait se sentir concerné par cette question, car il y va de la santé de tous.
« Le Fou »
adama
/
Bon article. il faut que l’appareil de l’État soit mis en branle pour interdire l’importation de certains produits nocifs pour la santé des Burkinabè. Et surtout contrôler les origines et la fabrication de certains produits sur le territoire national.
11 juin 2015lass
/
<>, je t’assure que le Burkina même est périmé et nous sommes tous des morts vivants. Vous êtes en retard.
7 juillet 2015somé
/
vraiment cè bien dit il faut que les autoritées mettent du serieu à ce sale phénomene dont nous sommes tous victimes.que Dieu nous sauve.
8 août 2015