HomeA la uneFLOPEE DE CANDIDATURES A LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Quelle motivation ?

FLOPEE DE CANDIDATURES A LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Quelle motivation ?


 

Sauf tremblement de terre, la présidentielle devant mettre fin à la transition politique au Burkina Faso, aura lieu le 11 octobre prochain. A quatre mois de ces échéances électorales tant attendues, quelques prétendants à la magistrature suprême commencent à sortir du bois. Dans les starting-blocks, on compte déjà sept candidats qui ont été officiellement investis par leur parti ou formation politique. Il s’agit de Me Bénéwendé Sankara, Djibrill Bassolé, Ablassé Ouédraogo, Adama Kanazoé, Boukary Ouédraogo alias Tintin et l’artiste musicien Seydou Zongo connu sous le pseudonyme de Zêdess. Ces deux derniers, faut-il le rappeler, sont des candidats indépendants. Et la liste est loin d’être exhaustive. Car bien des partis politiques n’ont pas encore officiellement désigné leur porte-étendard, même si l’on connaît déjà certains candidats naturels comme Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré, pour ne pas les nommer. C’est dire que la présidentielle qui s’annonce sera non seulement la plus ouverte qui soit parce que, pour une fois, le vainqueur n’est pas connu d’avance ; mais aussi la plus historique parce qu’elle aura enregistré une flopée de candidatures. Et cela se comprend aisément. Car, avec la chute de Blaise Compaoré, beaucoup  rêvent désormais d’un destin national ; même ceux-là qui ne pèsent pas lourd sur la scène politique. C’est de bonne guerre dans la mesure où tout parti politique, du moins sur le papier, aspire un jour au pouvoir d’Etat. Cela dit, autant il n’est pas interdit de créer un parti politique, autant on ne doit pas empêcher un Burkinabè de se présenter en candidat indépendant. Cela participe d’ailleurs de l’élargissement des libertés publiques et politiques, étant donné qu’aucun citoyen ne se sentira exclu du jeu politique. Mais attention, il ne s’agit pas de la fameuse exclusion que brocardent depuis un certain temps l’ex-parti au pouvoir (CDP) et ses ex-alliés. Mieux, les candidatures indépendantes, autorisées aussi bien à la présidentielle qu’aux locales, permettront désormais de réduire considérablement la toute-puissance des partis politiques et à certains prétendants à des postes électifs de s’émanciper du carcan de ces partis. Seulement voilà ! Le hic, c’est que dans un petit pays comme le Burkina Faso, on dénombre (excusez du peu) près de deux cents partis ou formations politiques.

Tout ce qu’il faut souhaiter, c’est que les élections se déroulent dans la sérénité et que le Burkina s’en sorte à bons comptes

Combien donc de  projets de société face à cette pléthore de partis pour ce pays si pauvre ? Plutôt que d’opérer des regroupements utiles, chaque président de parti croit en ses propres chances en briguant la magistrature suprême. En clair, chacun « préfère être tête de fourmi que queue d’éléphant ». Mais rien d’étonnant à cela. Cette attitude, on le sait, s’explique par le fait que la politique, en Afrique, est un moyen d’ascension sociale, au bas mot, un marchepied vers la fortune. En effet, que n’a-t-on pas vu  ? Bien des partis politiques ont disparu au lendemain des élections, parce que leurs responsables ont passé le temps à se quereller autour de la subvention que l’Etat accorde pour la campagne électorale. Pour revenir à la prochaine présidentielle, c’est peu de dire que certains partis sont conscients que leurs candidats ne feront pas le poids devant certains mastodontes. Mais l’enjeu est ailleurs puisqu’ils espèrent jouer les faiseurs de roi pour qu’à l’heure du partage du gâteau, ils se voient confier quelques strapontins et s’asseoir ainsi à la table du seigneur. C’est cela la politique au pays des Hommes intègres.  C’est comme la loterie : « grattez, il y a l’argent dedans ! Et à gogo ! ». Tout ce qu’il faut souhaiter, c’est que les élections qui se profilent à l’horizon se déroulent dans la sérénité et que le Burkina s’en sorte à bons comptes. Pour cela, chaque acteur doit jouer la carte de la tempérance et de la responsabilité, en évitant certains dérapages.

Boundi OUOBA


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