RENCONTRE DES JEUNESSES AFRICAINES A OUAGADOUGOU : La juste vision de la Transition
Les jeunes du Burkina Faso, à l’instar de ceux du monde entier célèbrent, ce 12 août, la Journée internationale de la jeunesse (JIJ). En rappel, la JIJ est une mise en œuvre de la résolution 54/120 adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies, le 17 décembre 1999 à Lisbonne. Cette année, les activités commémoratives se tiennent dans le cadre d’un colloque panafricain de la jeunesse à Ouagadougou les 12, 13 et 14 août 2015, sous le thème suivant : « participation citoyenne des jeunes au renforcement de la démocratie et de la cohésion sociale pour un développement durable ».
Les progrès démocratiques en Afrique viendront nécessairement de la jeunesse
La JIJ 2015, placée sous le très haut patronage de Michel Kafando, président de la Transition, verra la participation d’une centaine de jeunes venus d’autres pays d’Afrique, essentiellement de la société civile. Par ces temps qui courent, où le bricolage des Constitutions, qui met à mal la paix sociale, semble être la mode dans certains pays africains, la Transition burkinabè ne pouvait pas être mieux inspirée en réunissant la jeunesse africaine à l’effet de cogiter sur un tel thème. Et la Transition, à l’avènement de laquelle la jeunesse burkinabè a joué un rôle déterminant, tient, à travers cet acte, à traduire sa reconnaissance à cette frange de la population dont la mobilisation exemplaire et le sens du sacrifice ont permis de débarrasser le pays d’une dictature vieille de 27 ans. Ce faisant, elle a rendu enfin possible l’alternance démocratique au pays « des hommes intègres ». Ce qu’aucune élection n’avait jamais pu laisser entrevoir. Au-delà du peuple burkinabè, ce sont tous les peuples d’Afrique dont certains ont longtemps été sevrés de démocratie, qui ont vu en la révolution burkinabè, un signe d’espoir. Que les jeunesses africaines se réunissent dans ce contexte au Burkina pour réfléchir sur la problématique de la démocratie et du développement durable est tout un symbole. Et cette rencontre pourrait être suivie avec intérêt par tous les dictateurs du continent. Car, après les évènements des 30 et 31 octobre 2014, le Burkina pourrait passer à leurs yeux, comme un haut lieu de « la subversion ». Si par extraordinaire, des jeunes de leurs pays se trouvent parmi les participants de la rencontre de Ouagadougou, l’on peut parier qu’à leur retour, ils seront surveillés come du lait sur le feu, de peur qu’ils ne reviennent de Ouagadougou avec le virus qui a eu raison du régime de Blaise Compaoré. De ce point de vue, Joseph Kabila, Sassou Nguesso, Paul Kagamé, Pierre Nkurunziza, bref tous les membres de la confrérie des satrapes dont certains ne se sont pas gênés de faire figurer démagogiquement l’adjectif démocratique dans l’appellation officielle de leurs pays ou dans la dénomination de leurs partis politiques, tendront l’oreille du côté de Ouagadougou. Michel Kafando peut être sûr que la rencontre de Ouagadougou n’est pas de leur goût. Mais dans le même temps, il peut s’assurer que cette initiative n’est pas pour déplaire aux démocrates du continent, parce que simplement, elle répond à une vision juste. En effet, les progrès démocratiques en Afrique viendront nécessairement de la jeunesse. Mais pour cela, il faut la sensibiliser pour qu’à son tour, elle fasse de la promotion de la démocratie, un peu comme Socrate, son cheval de bataille ; toute chose que craignent les dictateurs comme la peste.
Le plus impératif des défis de l’Afrique est celui de la démocratie
Si le contexte politique du Burkina a pu faciliter la tenue d’une telle rencontre par le gouvernement , ce qui est une bonne chose, il faut souhaiter qu’à l’avenir, les sociétés civiles africaines, dans le cadre d’une panafricaine des sociétés civiles, prennent le relais, si elles ne veulent pas courir le risque de voir les princes qui nous gouvernent récupérer ce genre d’initiatives pour mieux les dévoyer. On le sait, en Afrique, de manière générale, quand les gouvernants réunissent les jeunes, ils le font autour de thèmes qu’éludent les vraies préoccupations des populations. Il s’agit donc pour eux de les divertir pour in fine en faire des acteurs peu avertis sur les questions de démocratie et de bonne gouvernance. La palme d’or de l’instrumentalisation des jeunes dans le domaine, pouvait être décernée à Mobutu et à Eyadema quand ceux-ci étaient aux affaires dans leurs pays. Ces derniers, rappelons le, avaient mis un point d’honneur à transformer leur jeunesse en un appendice de leurs partis politiques dont la mission principale était de chanter, du matin au soir, leurs louanges. Et si aujourd’hui la RDC et le Togo ont du mal à se positionner sur le chemin de la démocratie, ce passé pourrait y être pour quelque chose. Ce n’est certainement pas de cette jeunesse dont l’Afrique a besoin. Elle a besoin d’une jeunesse éduquée, consciente des défis que l’Afrique doit impérativement relever pour se développer. Et le plus impératif de ces défis est celui de la démocratie. Car tous les maux dont souffre aujourd’hui le continent noir, à l’analyse, pourraient trouver leur origine dans le fait que dans bien des pays, la démocratie est le cadet des soucis des dirigeants.
« Le Pays »