APPEL DE L’OPPOSITION AU BOYCOTT ACTIF DU SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE : Où va le Niger ?
A moins d’une semaine du second tour de la présidentielle au Niger, l’opposition regroupée autour du célèbre prisonnier de Filingué, Hama Amadou, appelle à un boycott actif du scrutin. Dans le même temps, elle n’exige pas un retrait de la candidature de son mentor. L’on peut faire le constat que la position de l’opposition a évolué, mais dans le sens de rendre plus explosive la situation politique sur les bords du fleuve Niger. En effet, de la simple suspension au processus électoral initialement préconisée, elle opte maintenant pour le boycott actif. Il se pose alors la question de savoir quel contenu sémantique l’opposition donne à ce mot d’ordre. S’il est compris au sens où elle peut battre campagne de manière à convaincre les électeurs à rester chez eux, le 20 mars prochain, au lieu d’aller aux urnes, l’on peut dire que ce choix n’est pas en porte-à-faux avec la République. Mais si le boycott actif est compris au sens où l’opposition va créer un environnement chaotique de sorte à empêcher par tous les moyens les Nigériens d’accomplir leur devoir de vote, il faut craindre un affrontement entre les forces de l’ordre et les tenants du boycott actif, qui pourrait dégénérer en une situation de chienlit dans laquelle l’urgence ne serait pas de tenir le scrutin, mais de rétablir d’abord l’ordre. A analyser l’ensemble des actes et propos de l’opposition depuis le début du processus électoral, l’on peut malheureusement faire le constat que celle-ci semble être dans la posture où elle est à la recherche effrénée et systématique de la petite bête pour gripper la machine électorale et empêcher de ce fait une éventuelle victoire du président sortant. Et comme la victoire de ce dernier est plus que probable aujourd’hui, l’opposition vient de serrer davantage la vis en appelant à un boycott actif, advienne que pourra. Et rien ne nous dit, par ces temps qui courent, qu’elle ne pourrait pas passer à la vitesse supérieure et ultime en faisant en sorte qu’un troisième larron intervienne pour remettre les choses à plat. Et ce troisième larron, tout le monde peut aisément l’identifier sous nos tropiques. C’est l’armée. Et en l’état actuel des choses, l’opposition, qui semble avoir fait de l’anti-Issoufou une idéologie, pourrait s’accommoder d’une transition conduite par la Grande muette, le temps d’initier un dialogue entre les acteurs politiques. Mais ce scénario ne ferait que davantage de mal à la démocratie.
Les Nigériens ne devraient pas se tromper de combat
Car sous d’autres cieux, l’on a déjà assisté à des irruptions des hommes en kaki sur la scène politique sous le prétexte de vouloir remettre la démocratie sur les rails pour, après avoir goûté aux délices du pouvoir, se muer en de véritables caudillos pour qui la simple évocation du terme « démocratie » est un crime de lèse-majesté. Les Nigériens ne devraient donc pas se tromper de combat. Tous doivent se mettre debout pour privilégier une solution politique au différend qui les oppose aujourd’hui. C’est pourquoi l’on peut déjà saluer à sa juste valeur l’appel pressant lancé au pouvoir et à l’opposition, par l’intersyndicale des travailleurs du Niger en faveur d’ « un dialogue direct pour éviter que le second tour de la présidentielle, le 20 mars, ressemble à une élection sans crédibilité ». Les syndicats nigériens sont donc dans une logique d’apaisement mais le risque est grand qu’ils ne soient pas entendus par les acteurs politiques. Car, pour qu’un dialogue politique soit fructueux, encore faut-il que tous ceux qui y prennent part soient de bonne foi. Dans le cas d’espèce, l’on peut bien se demander si certains acteurs politiques ne visent pas autre chose que de tirer la démocratie nigérienne vers le haut.
Il est du devoir sacré des Nigériens de ne pas permettre que le processus électoral en cours aboutisse à un tel gâchis
Certes, le processus électoral a connu quelques ratés, mais ceux-ci, de l’avis de tous les observateurs, ne sont pas de nature à remettre en cause la crédibilité du jeu démocratique en cours au Niger. De ce point de vue, l’on devrait s’attendre à ce que les uns et les autres mettent de l’eau dans leur thé pour que le Niger sorte sans grand dommage du second tour de la présidentielle. Mais au rythme où vont les choses, surtout avec le boycott actif que prône désormais l’opposition, l’on pourrait se poser la question suivante : où va le Niger ? En tout cas, les signaux sont déjà au rouge pour la démocratie dans ce pays et ce, en envisageant les hypothèses suivantes. La première serait de voir le président sortant Mahamadou Issoufou battre campagne face au vide laissé par Hama Amadou. Il serait, pour sûr, réélu, mais quelle gloire pourrait-il réellement en tirer? La deuxième hypothèse serait d’assister à un capharnaüm suscité par l’appel au boycott de l’opposition au point de pousser le pouvoir à la faute en optant de restaurer l’ordre par la répression. Cette deuxième hypothèse pourrait faire l’affaire de l’opposition, qui, depuis le début du processus électoral, semble avoir opté pour la stratégie de la surenchère. Pour toutes ces raisons, les organisations sous-régionales doivent se joindre ici et maintenant aux syndicats du Niger pour empêcher qu’un éventuel échec du processus électoral ne serve de marchepied aux forces du mal et aux ennemis de la démocratie pour plonger le Niger dans les ténèbres. Si des concessions peuvent être accordées aux uns et aux autres pour conjurer ce spectre, la communauté internationale en général, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’UA (Union africaine) en particulier, ne doivent pas hésiter un seul instant à aider le Niger à aller dans ce sens. Car, la splendeur de la démocratie réside dans le fait qu’elle permet aux populations, dans la paix et la concorde nationales, de choisir leurs dirigeants pour résoudre leurs préoccupations. En tout cas, elle ne doit pas donner l’occasion d’ajouter à la misère, le malheur de voir les populations être dans l’obligation, baluchon en mains, de fuir leur pays parce que celui-ci est à feu et à sang. Il est par conséquent du devoir sacré des Nigériens et de la communauté internationale de ne pas permettre que le processus électoral en cours au Niger, aboutisse à un tel gâchis.
« Le Pays »
Dr Hassane Idrissa Souley
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Niger : crise socio politique, l’éternel recommencement.
Le sens de la pudeur retient beaucoup d’observateurs à apprécier objectivement la situation socio-politique du Niger. L’opinion générale ne s’en cache plus, certains des leaders politiques de la 7ème République n’ont pas le contrôle de leurs facultés mentales. Les actions qu’ils posent ne laissent aucun doute, même aux personnes les moins averties. Violation sans mesure de toutes les dispositions constitutionnelles dont ils tirent leur pouvoir. Refus catégorique d’obtempérer, non seulement aux institutions de régulation qui les interpellent et tentent de les ramener dans le cadre régulier de la Constitution, mais aussi aux observateurs avisés qui cherchaient à les raisonner. Ils restent insensibles aux injonctions et plaintes de la Justice, des partenaires de la Justice, des syndicats, des acteurs de la société civiles, des populations victimes de la mal-gouvernance et des simples citoyens. Il n’en faut pas plus pour soutenir sans autre forme de procès que le Niger est pris en otage par une «association de malfaiteurs » dirigées par des forcenés.
Cet instinct psychopathologique est contenable s’il ne s’est limité qu’à la poignée d’individus aux commandes. Mais le fond du problème est que la maladie – ayons le courage de le dire- est sociale.
Cette bande de forcenés ne peut pas sévir si dangereusement aussi longtemps, si elle n’tait pas soutenue par une certaine opinion qui a une sensibilité à conducteur variable.
Les actes, les plus nobles sont ignobles, pour elle, quand ils sont posés par certaines personnes. Les actes les plus inhumains, les plus barbares, les cruautés les plus indicibles, sont compréhensifs et même méritoires quand ils sont commis par certaines catégories de citoyens. Voilà le vrai problème qui interpelle une réflexion de fond et une action décisive et courageuse.
L’éternel recommencement!
Faudra -t- il continuer à souffrir éternellement le martyr? Des gens qui ne se réfèrent à aucune communauté, gèrent le pays, l’engagent sur les meilleures voies de développement au profit de tous, et lorsque tout est lancé, d’autres viennent comme des prédateurs pour tout détruire.
C’est ce que nous vivons depuis bientôt 3 décennies.
Après la Conférence Nationale, tout ce qui a fait la fierté du Niger pendant 30 ans a été réduit en cendres avec à peine trois mois de gestion. Il en fut ainsi tout au long de la décennie 90 excepté le cours intermède de 1995 et la relance à partir de l’année 2000 dans les pires conditions. Dans tous les cas, c’est le même homme qui est revenu recoller les morceaux et relancer le pays. Il s’agit de Hama Hamadou.
Aujourd’hui tous les Nigériens savent que le service public n’existe plus au Niger depuis l’avènement du régime de la 7ème République. Pire, tout s’est désintégré après le départ de Hama de la majorité.
Le Trésor ne répond plus à aucune dépense des services publics depuis 2014. Au delà de la passion et des engagements partisans, je mets à défi, quiconque qui peut me dire qu’il a pu retirer un seul franc du Trésor National, depuis deux ans pour un besoin de service public quel que soit le Ministère.
De l’autre côté, les ténors du régime et leurs familles jouent, littéralement parlant avec l’argent qui est censé servir au public.
La saisie quotidienne des milliards à l’aéroport, le refus de payer les droits des agents de l’Etat suite à des prestations régulières (rappel salaire, frais avancement, divers) avec la complicité active des syndicats et acteurs de sociétés civiles, bruyants voir hystériques en d’autres circonstances, n’en est que la partie émergée de l’Ice Berg.
Ajouté à ce mépris, le traitement cynique et sadique de citoyens innocents, qui exprime le caractère socialement pathologique de l’orientation.
Pour marquer la Volonté de Puissance pathologique des membres du régime, des Hauts responsables innocents de certaines communautés sont pourchassées, persécutés, spoliés de leurs droits les plus élémentaires, exclus, séquestrés, sous l’applaudissement d’un public sadique. Péremptoirement, pour s’aliéner cette opinion intoxiquée et manipulée, ils claironnent que c’est pour venger … (des victimes imaginaires) des régimes précédents sur lesquels il y a eu fixation lors de la formation idéologique en vue des génocides.
Chaque fois qu’ils commettent un crime ou un forfait, ils le justifient par des mensonges grossiers fabriqués dans les laboratoires de la manipulation sectaire ou évoquent des faits déplacés de leurs contextes « le Régime Diori-Boubou, le Régime de Kountché, de Ali Saibou et surtout de Hama « le Tonnerre », a fait la même chose ».
Comme si la société ne devait pas évoluer, capitaliser ses erreurs et les corriger pour ne plus y revenir.
Aujourd’hui personne ne reproche au PM Brigi Raffini les crimes de Massaoudou ou l’incurie de son Ministre de l’Enseignement Supérieur ou de la Santé. Pourtant, dès que Hama a une responsabilité dans un régime tous les impairs des dignitaires de certaines régions lui sont directement imputés. Le Ministre de la Justice, le Ministre de l’Intérieur, le Ministre de l’Enseignement Supérieur, celui de l’Education, sont tous ignorés dans leur service tant que l’acte n’est pas méritoire.
Cela dit, aujourd’hui même si Hama reprend le pouvoir, il aura à redresser les finances publiques et à rétablir avec beaucoup plus de difficulté l’équilibre social et la confiance entre les citoyens.
C’est ça l’éternel recommencement.
Pour y mettre fin – car cette récurrence risque tôt où tard d’engendrer des monstruosités – nous interpellons les institutions des Nations Unies pour qu’elles mettent le Niger sous tutelle et engager toutes les communautés dans une franche concertation pour mettre en œuvre une formule de gouvernement respectueuse des valeurs de chacun. Comme dit Hérodote, la Culture est Reine, et il n’est pas donné au commun des mortels de sortir de sa culture pour voir ses tares et ses qualités. J’ose croire que le rôle des Nations est de prendre le devant pour empêcher les conflits là où les prémices sont évidents, plutôt que de jouer les pompiers pyromanes en nous vendant les armes en sourdine, tout en nous engageant dans des pourparlers interminables.
14 mars 2016C’est la seule voie qui permettra à ces communautés de préserver les relations positives séculaires qu’elles ont tissées, malheureusement viciées par des politiciens irresponsables à la limite de la pathologie.