DECES DE STEPHEN KESHI : Le Big Boss a cassé sa pipe très tôt
L’ancien footballeur international et sélectionneur nigérian, Stephen Keshi, est décédé tôt, le 8 juin dernier, à Benin City au Nigeria, à l’âge de 54 ans. Victime d’une foudroyante crise cardiaque qui lui a brisé ses ailes en plein vol, l’ancien Super Eagle et capitaine de la sélection nigériane qui demeure l’une des figures emblématiques du football africain de ces deux dernières décennies, quitte définitivement la pelouse de la façon la plus inattendue, tant son décès aura surpris plus d’un. En tout cas, il aura marqué l’histoire du football nigérian et africain, en remportant à deux reprises pour son pays, le trophée le plus convoité du continent, d’abord, en tant que joueur en 1994, ensuite, en tant qu’entraîneur en 2013. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Big Boss, comme on le surnommait affectueusement, a cassé sa pipe très tôt, dans la force de l’âge, au moment où le monde du football avait pourtant encore besoin de lui, tant il avait de l’expertise à revendre. Celui que le monde du football pleure aujourd’hui, aura connu une fulgurante carrière de footballeur au cours de laquelle il a traîné sa silhouette imposante sur de nombreuses pelouses un peu partout dans le monde. De son Nigeria natal où il fait ses premières armes, à la Malaisie où il a raccroché les crampons en 1997, en passant par les Etats-Unis, l’intraitable et colosse défenseur central des Super Eagles aura aussi laissé son empreinte à l’Africa sport national de Côte d’Ivoire, Anderlecht en Belgique et au RC Strasbourg en France. Plus tard, il embrassera la carrière d’entraîneur qui le propulsera au firmament du football africain, avec la consécration suprême en 2013. Faisant de lui, après l’Egyptien Mahmoud El-Gohary, le deuxième Africain à remporter la CAN en tant que joueur et entraîneur. On retiendra aussi de lui l’exploit qu’il a réalisé en 2006, en qualifiant pour la première et la seule fois du reste, une modeste nation de football comme le Togo à une phase finale de Coupe du monde où étaient absentes des nations autrement plus huppées et plus capées comme le Cameroun, l’Egypte et le Nigeria.
Keshi aura rendu d’immenses services au Nigeria et à l’Afrique
Sans complexe, Stephen Keshi faisait partie de la short list des entraîneurs africains qui ont su tenir la dragée haute à leurs homologues expatriés qui ont pignon sur rue sur un continent où ils passent, aux yeux de beaucoup, pour les homo sapiens du football. A preuve, il réussira à damer le pion à la dizaine d’entraîneurs expatriés sur les 16 qui conduisaient des sélections à la grand-messe du football continental en Afrique du Sud, en 2013. C’est là qu’il décrocha le graal à la tête d’une sélection quasi expérimentale du Nigeria qu’il avait aussi révolutionnée en réussissant le pari risqué de donner leurs chances à de jeunes joueurs locaux. Même s’il a eu moins de réussite avec le Mali, cela n’enlève rien aux talents de cet entraîneur hors pair dont de nombreuses nations du continent cherchaient encore à s’attacher les services. Avec sa disparition, l’Afrique perd un grand homme. Un monument du football qui aura tout donné pour une discipline qu’il aimait par-dessus tout, mais qui sera mort, comme beaucoup d’autres, presque dans l’incognito, dans l’ignorance voire dans l’ingratitude des siens. Dans son propre pays, malgré ses exploits, il était loin d’être le prophète encore moins le messie. Et au regard de ses nombreuses bisbilles avec la fédération nigériane de football quand il était à la tête de l’équipe nationale, l’on peut penser qu’il était un homme incompris dans son propre pays où il n’était pas loin d’être perçu par certains, comme un paria. Mais l’on peut aussi se laisser convaincre qu’il était plutôt un homme de caractère et de conviction qui ne cède jamais à la pression, d’où qu’elle vienne. Mais Stephen Keshi restera, pour toujours, un exemple de courage et de rigueur pour la jeunesse. En tant que joueur, l’homme aux longues touches et aux 64 sélections, laisse de lui l’image d’un joueur combattif, mentalement très fort, au point qu’il est considéré, aujourd’hui encore, comme l’un des meilleurs de sa génération. Son expérience d’entraîneur à la tête de nombreuses sélections du continent, apporte la preuve qu’en matière d’expertise nationale, l’Afrique n’a pas à nourrir de complexes vis-à-vis des entraîneurs européens. Celui qui, il y a un an encore, avait la CAN 2017 en ligne de mire avec son pays, s’est éteint à jamais ce 8 juin 2016. Keshi aura rendu d’immenses services au Nigeria et à l’Afrique. A ce titre, il mérite des funérailles grandioses, à la dimension de son engagement pour sa patrie et son continent, pour avoir su vendre leur image en tant qu’ambassadeur d’un sport qui connaît beaucoup d’adeptes sur la planète et où la concurrence est des plus rudes pour se faire une place au soleil. Adieu coach, adieu « Big Boss » !
Outélé KEITA