RETRAIT DE L’OPPOSITION DU DIALOGUE EN RDC : C’était prévisible
Moins de deux semaines après son démarrage, le dialogue inter-congolais a pris du plomb dans l’aile. En effet, les représentants de l’opposition ont annoncé, le 12 septembre 2016, la suspension de leur participation au dialogue national. Ils exigent le respect des textes qui servent de base au dialogue, notamment, la Constitution, la Charte de l’Union africaine et la résolution 22 -77 du Conseil de sécurité. Cette dernière résolution place l’organisation des élections présidentielle et législatives avant les locales. Or, le pouvoir a l’intention de remettre l’organisation de la présidentielle aux calendes grecques. A dire vrai, ce clash n’est guère surprenant. Depuis que le pouvoir de Joseph Kabila a décidé d’abattre ses cartes au sujet du calendrier électoral, en présentant trois scénarii dont aucun ne prévoyait la tenue de l’élection présidentielle avant 2017, l’on savait dès lors que Vital Kamerhe et ses camarades pourraient, d’un moment à l’autre, quitter la table des pourparlers. En tout cas, c’était prévisible d’autant plus que l’Eglise catholique congolaise avait menacé de jeter l’éponge. A malin, malin et demi pourrait-on dire. Kabila a voulu jouer au plus malin, oubliant que ses partenaires ne sont pas nés de la dernière pluie. Il a voulu rouler tout le monde dans la farine. Malheureusement pour lui, les autres ont vite découvert sa ruse. En effet, son objectif était de faire entériner le glissement du calendrier électoral par une partie de l’opposition et de la société civile. A l’heure actuelle, on peut considérer que son coup a foiré. D’ailleurs, que pouvait-on attendre d’un dialogue obtenu au forceps ? Le camp de Kabila, il faut bien le dire, est allé à ce dialogue avec une idée bien arrêtée sans aucune perspective de faire des concessions. Or, pour mener à bien un tel dialogue, il faut d’abord la sincérité, ensuite, des concessions et enfin, un consensus. Toutes choses que Kabila a balayé du revers de la main, du moins, n’a pas compris. Le facilitateur, Eden Kodjo, qui avait, contre vents et marées, poussé une partie de l’opposition au dialogue, devrait avoir honte. Devant les appréhensions plus que fondées des uns et des autres, l’ancien Premier ministre togolais était visiblement le seul à croire à une quelconque sincérité de Kabila à mener un dialogue dans l’intérêt de la démocratie.
Eden Kodjo doit jeter l’éponge
Bien que la principale opposition ait refusé de prendre part à ce dialogue, estimant que les conditions d’un dialogue direct et franc n’étaient pas réunies, le médiateur de l’Union africaine avait fait des pieds et des mains pour convaincre Vital Kamerhe et certains de ses camarades à aller à ce rendez-vous dont l’objectif n’était autre que d’assassiner la démocratie. Maintenant qu’il est tombé dans le lac, Eden Kodjo doit, s’il lui reste encore un minimum de dignité, jeter l’éponge. Mais visiblement, il continue à manœuvrer pour que l’opposition revienne à la table afin que le dialogue se poursuive jusqu’à son terme. Or, on ne voit pas dans quelles conditions il pourrait encore redémarrer cette machine de dialogue fortement grippée, chaque camp étant campé sur sa position. L’on se demande avec qui Kabila va maintenant dialoguer, étant donné qu’il aura montré à tous sa détermination à prolonger son bail à la tête de l’Etat. Pour le reste, il faut craindre que l’échec de ce dialogue ne radicalise davantage les positions des différents acteurs, notamment le dictateur qui semble prêt à marcher sur des cadavres pour obtenir un troisième mandat ou un « *lenga ».
« Le Pays »
*Lenga : un bonus
moise
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8 octobre 2016