SOLIDARITE DES MAIRES FRANCOPHONES A KHALIFA SALL : Quelle portée ?
Les maires francophones expriment leur solidarité au maire de Dakar, Khalifa Sall, incarcéré depuis plus de deux semaines pour une affaire de détournement de deniers publics. Ils ont affiché cette position à Brazzaville, capitale de la République du Congo. C’était à l’occasion de la session de l’Association internationale des maires francophones (AIMF). La rencontre s’est tenue le week-end dernier, en l’absence de son secrétaire général qui n’est autre que l’illustre pensionnaire de la prison de Rebeuss. Dans l’épreuve, le maire de Dakar reconnaît ainsi « ses amis», dont la solidarité s’est manifestée en sus par leur refus d’accepter la démission de leur confrère, du secrétariat général. Une marque d’empathie s’il en est, qui ne peut que mettre du baume au cœur du prétendant à la magistrature suprême du Sénégal. En refusant la démission de Sall, sans doute l’AIMF nourrit-elle l’espoir que son membre empêtré dans les ennuis judiciaires, réintègre pleinement ses fonctions de maire le plus rapidement possible et regagne au plus vite les siens. Reste que de cet espoir à la réalité, il y a manifestement loin. Car, l’affaire est loin d’être simple et ne saurait donc être réglée en toute simplicité. Pour autant, quelle pourrait être la portée de la sortie de l’AIMF ? D’autant qu’il est fait état d’une prochaine rencontre entre le secrétariat permanent de l’Association et les autorités sénégalaises.
A côté de la déclaration péremptoire du maire de Kinshasa, il y a heureusement des propos plutôt mesurés
Et quid des pressions souterraines qui ne manqueront certainement pas, comme celles que pourraient continuer d’exercer les puissants et très influents lobbies religieux sénégalais ? Quel impact tout cela pourrait-il avoir sur le cours des événements ? La justice finira-t-elle par être sacrifiée sur l’autel de petits arrangements sur fond de pressions tous azimuts ? En attendant de connaître l’issue de l’affaire, on peut s’étonner du raccourci allègrement emprunté par le maire de Kinshasa, qui paraît pour le moins court. « Il (en parlant de Khalifa Sall) paie pour sa popularité ! », a lancé André Kimbuta qui n’a pas hésité à dire de l’édile de Dakar qu’il est «innocent». André Kimbuta ne va-t-il pas vite en besogne ? N’est-ce pas seulement à la Justice du Sénégal de prouver l’innocence ou la culpabilité de Khalifa Sall ? A côté de cette déclaration péremptoire, il y a heureusement les propos plutôt mesurés des maires de Paris et de Brazzaville, respectivement Anne Hidalgo et Hugues Ngouélondélé, qui, tout en montrant tout aussi leur solidarité au maire incarcéré, ont appelé la Justice sénégalaise à lui garantir « un procès équitable ». On n’en demande ni plus ni moins.
« Le Pays »