ENLEVEMENT DE DEUX HUMANITAIRES DU CICR DANS LE NORD-KIVU : La RDC va à vau-l’eau
Les nouvelles se suivent et se ressemblent en République démocratique du Congo (RDC). En effet, quand ce ne sont pas des villages entiers qui sont attaqués par des bandes armées, ce sont des milices locales qui, défiant toute autorité, font la pluie et le beau temps, ou encore des inconnus qui, on ne sait trop pour quelle raison, procèdent à des enlèvements. Du reste, pas plus tard qu’hier, 7 juin 2017, deux humanitaires ont perdu contact avec le Comité international de la Croix- Rouge, alors qu’ils se trouvaient dans le Sud du Lubero dans le Nord-Kivu. « C’est inquiétant », comme le dit le porte-parole du CICR à Kinshasa, qui a confirmé ce qui ressemble pour beaucoup à un enlèvement. Par qui ? Et pour quelle raison ? Difficile d’y répondre pour l’instant. Toujours est-il que l’insécurité a atteint des proportions si inquiétantes en RDC que l’on se demande parfois si le pays est encore gouverné. On se rappelle encore, en effet, l’enlèvement suivi de l’assassinat de deux experts de l’ONU en mars dernier. Il s’agit de Michael Sharp et de Zaida Catalan qui enquêtaient vraisemblablement sur les affrontements entre les forces armées congolaises et les membres d’une milice locale connue sous le nom de Kamuina Nsapu. Le procès de leurs présumés bourreaux a été repoussé au 12 juin prochain à la demande du ministère public, étant donné que seuls deux des 16 prévenus avaient répondu présents à la barre. En tout cas, on attend de voir la suite judiciaire qui sera donnée à ce dossier qui tient en haleine l’opinion nationale et internationale.
Les dictateurs ne savent pas lire les signes des temps
Toutefois, pour revenir au cas des deux humanitaires du CICR, on a envie de se demander si leur enlèvement n’a pas été fait à dessein, dans le but de divertir la communauté internationale qui, naguère, demandait des comptes au régime de Joseph Kabila sur les violences commises dans les Kasaï, au point d’assortir leurs menaces d’un ultimatum. Ce n’est pas impossible. Car, acculé de toutes parts, Kabila, tel un naufragé, s’accrocherait à tout pour sauver son fauteuil ; lui qui, le soir venu, dit le contraire de ce qu’il a affirmé haut et fort le matin. N’a-t-il pas d’ailleurs déclaré à la surprise et indignation générales qu’il n’avait rien promis à propos de la tenue des élections censées mettre fin au processus de transition en cours en RDC ? C’est dire donc qu’avec un tel dirigeant aux attitudes caméléonesques, on ne peut jurer de rien. Le satrape semble dans la logique du pis-aller, si fait qu’il est prêt à tout. Ce qui fait dire à certains qu’à l’allure où vont les choses, la RDC va à vau-l’eau ; Kabila étant plus que jamais décidé à dresser le bûcher contre son peuple. Il joue la carte du pourrissement, espérant pouvoir prolonger son bail au Palais de marbre de Kinshasa. C’est le destin de tous les dictateurs. Ils ne savent pas lire les signes des temps. Et même quand ils voient venir les choses, ils font semblant ; estimant que ça n’arrive qu’aux autres.
B.O