COMMISSION D’ENQUETE SUR LA JUSTICE : Punir pour l’exemple !
La Commission d’enquête mise en place par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à l’effet de se pencher sur les atteintes à l’éthique et à la déontologie à la justice, vient de livrer ses résultats. 37 magistrats, 3 avocats, 5 greffiers, 4 OPJ (Officiers de police judiciaire) et APJ (Agents de police judiciaire) de la Gendarmerie nationale ont été épinglés pour manquement à l’éthique et à la déontologie. Cette expression hautement soutenue et donc inaccessible au commun des mortels, se décline ainsi qu’il suit : monnayage de la programmation des dossiers, monnayage de la liberté provisoire notamment à l’instruction et au niveau des chambres correctionnelles des Cours d’appel, monnayage du recouvrement de sommes d’argent dans les cabinets d’instruction. Bref, la liste des manquements est longue et le nombre des épinglés est hallucinant, au point que l’on peut prendre le risque de dire que l’heure est grave pour le Burkina en général et pour les justiciables en particulier. Mais avant toute chose, il sied de saluer à sa juste valeur l’initiative du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Car, quelque part, c’est le signe qu’il a entendu enfin les clameurs qui montaient de partout et qui ont toutes la particularité de pointer du doigt les plaies de la justice burkinabè. Les Burkinabè les plus téméraires le crient à visage découvert. Les autres le font sous couvert d’anonymat. Le fait également que le CSM ait choisi de porter à la connaissance du peuple burkinabè l’information, est le signe, peut-on dire, d’une maturation perceptible de la démocratie dans notre pays. Car dans bien d’autres pays africains, la probabilité est grande que ce genres de manquements aient cours sans que personne n’en pipe mot.
Le CSM a une occasion en or de redorer son blason
D’ailleurs, au Burkina, sauf oubli ou omission, on peut dire que c’est la première fois que le CSM se livre à un tel exercice. Le peuple burkinabè au nom duquel l’on administre la justice ne peut que s’en féliciter et par la même occasion, demander au CSM d’éviter d’enterrer le cadavre tout en laissant ses pieds dehors. Sans présager de la suite administrative et judiciaire que le CSM va donner à cette affaire, l’on peut tout de même lui suggérer de punir pour l’exemple toutes les personnes qui se sont rendues coupables de manquements à l’éthique et à la déontologie à la justice. Car, le CSM a une occasion en or de redorer son blason aux yeux de l’opinion nationale. Toute chose qui peut contribuer à lui donner les coudées franches pour traiter dans les règles de l’art, les nombreux dossiers pendants et dont il n’est point besoin de souligner ici le caractère complexe et délicat de certains. Dans l’hypothèse où le CSM mettrait un point d’honneur à punir de manière exemplaire tous les mis en cause et ce, dans la transparence la plus totale, l’on pourrait dire que le début de la moralisation de la vie publique dans son volet assainissement de l’appareil judiciaire a véritablement pris son envol au pays des Hommes intègres. En effet, la justice est au cœur de toute tentative d’assainissement de la vie publique. Si elle est défaillante, cela rejaillit de manière visible sur l’ensemble des institutions de la République. C’est pourquoi l’on peut se permettre d’inviter les acteurs de la justice à ne pas être allergiques à la critique. Car, bien des gens qui s’adonnent à cet exercice, peuvent être animés du souci d’améliorer les choses au niveau du fonctionnement de la justice. La preuve, c’est que certains manquements à l’éthique et à la déontologie dont les Burkinabè viennent de prendre connaissance, ont été initialement dénoncés dans la presse par des citoyens. Et c’est tant mieux pour la démocratie. C’est aussi tant mieux pour ces nombreux acteurs de la justice qui, depuis le jour où ils ont prêté serment, ont toujours refusé de s’asseoir sur leur conscience pour exécuter leur mission en ayant pour boussole les intérêts du peuple. Ce peuple malheureux dont les sacrifices ont permis à tous d’être là où ils sont aujourd’hui, c’est-à-dire dans tous les rouages de la justice. Les syndicats de magistrats dont certains ont toujours pris fait et cause pour le peuple, ne doivent pas manquer de se saisir de cette occasion, si ce n’est déjà fait ou en voie de l’être, d’user de leur poids pour que tous les tenants et les aboutissants de ces affaires soient connus de tous les Burkinabè. Ils doivent d’autant plus le faire que cela pourrait participer à déconstruire l’imaginaire de certains Burkinabè selon lequel la justice est prompte à ôter la paille qui est dans les yeux des autres tout en feignant d’ignorer la poutre qui s’est installée confortablement dans les siens.
Sidzabda
Sacksida
/
Voyez vous, loin d’être un hasard de calendrier, « cette valse des magistrats intervenus le jour même où la commission sur la corruption dans le milieu judiciaire à remis son rapport », s’apparente clairement à une manœuvre destinée à embrouiller le peuple burkinabé sur les cas de corruption passive et active des hommes en toges. Mais, qu’à cela ne tienne, les burkinabé éclairés et clairvoyants attendent avec impatience la publication de la liste complète des magistrats présumés corrompus et que leurs cas soient jugés dans des procès en bonne et due forme dans le cadre de l’Etat de droit car magistrats ou avocats, vous êtes justiciables comme tous les autres burkinabé, et il ne saurait être question de s’abriter derrière les institutions de la république pour s’arranger entre vous dans un système de « mouta mouta ». Sachez que là ou règnent l’oppression et l’injustice, la révolte risque d’y arriver. Salut !
11 juillet 2017