ATTAQUE CONTRE UN CONVOI NIGERIEN : Minusma et Barkhane doivent revoir leurs stratégies
Le doute n’est plus permis :
les djihadistes sont de retour dans le Nord du Mali. s’ils n’avaient jamais totalement déserté cette zone immense et aride, il apparaît clairement aujourd’hui qu’ils sont parvenus à se réorganiser pour multiplier les attaques contre les forces de l’ONU déployées sur le terrain. Il ne se passe plus une semaine, sans que les unités de la mission de l’ONU (la Minusma) ne soient victimes d’attaque sanglante. La dernière en date a eu lieu ce vendredi 3 octobre au matin, près de Gao, sur l’axe reliant Ménaka à Asongo où neuf soldats du contingent dépêché par le Niger ont trouvé la mort. Ce bilan est le plus lourd jamais enregistré parmi les pays de la ligne de front, par la Minusma depuis le début de son déploiement en juillet 2013. Une attaque qui a été menée par des hommes lourdement armés, circulant sur des motos et revendiquée par Sultan Ould Bady, un proche du MUJAO. S’il faut condamner cette attaque qui ne doit nullement entamer la détermination de tous les pays qui sont venus à la rescousse du Mali afin de l’aider à combattre le terrorisme, il y a aussi lieu d’ouvrir la réflexion sur la nécessité pour la Minusma et Barkhane de revoir leurs stratégies de lutte contre ces djihadistes qui ont repris du poil de la bête, et qui semblent profiter du vide sécuritaire qui règne dans la moitié nord du Mali pour commettre leurs forfaits.
C’est le lieu d’interpeller les états-majors à ne pas baisser la garde
L’armée malienne ayant déserté toute cette zone pour se replier au sud de la boucle du Niger, après sa débâcle dans sa tentative de prendre le contrôle de Kidal en mai dernier. Aussi, certaines opinions s’interrogent sur le rôle exact que joue la France qui, malgré le maintien de quelque 3000 hommes dans toute la région, équipés d’hélicoptères, de véhicules blindés, et soutenus par des drones et des avions de chasse, a du mal à localiser ces terroristes. Cette embuscade qui est intervenue au moment où beaucoup font montre d’espoir quant à l’issue des pourparlers inter-maliens, vient, encore une fois, confirmer la capacité de nuisance de ces djihadistes. En effet, ces derniers pourraient profiter de la confusion meurtrière et permanente en Libye pour s’y installer, s’y ressourcer et racheter des armes avant de mener de nouvelles attaques au Nord-Mali. C’est le lieu d’interpeller les états-majors des soldats déployés sur le terrain, à ne pas baisser la garde face à ces terroristes. On pourrait aussi interpréter cette attaque contre les soldats nigériens, comme un signal fort adressé au président nigérien Mahamadou Issoufou, afin qu’il retire ses troupes qui sont pleinement engagées au cœur du combat. Espérons tout simplement que face à la recrudescence de ces attaques répétées contre le contingent de son pays, le président Issoufou ne menace, comme l’a fait son homologue du Tchad Idriss Déby, de se retirer de la Minusma si des mesures n’étaient pas prises pour minimiser les risques sécuritaires des soldats nigériens.
Seydou TRAORE