INVALIDATION DE LA CANDIDATURE DE BEMBA
Les portes du Palais de marbre largement entrebâillées pour Shadary
Ils étaient 25 candidats à se positionner pour l’élection présidentielle du 23 décembre en RDC. Mais il a plu à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), que dirige Corneille Nanga, d’en recaler six (06), après examen de leurs dossiers. Trois de ces candidats recalés à savoir, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Samy Badibanga ont, d’ores et déjà, annoncé leur intention de faire appel auprès de la Cour constitutionnelle. La démarche des trois recalés peut être déjà saluée en ce qu’elle ne s’écarte pas de la voie républicaine. L’on peut d’autant plus la saluer que sous d’autres cieux, c’est la rue qui aurait été appelée d’emblée à arbitrer le contentieux.
Cela dit, et sans faire injure à personne, le recalage qui fera les choux gras de la presse est, de toute évidence, celui de l’enfant terrible de l’Equateur, c’est-à-dire Jean-Pierre Bemba.
Le jugement infligé par la CPI à Jean-Pierre Bemba, n’est pas pour le moment irrévocable
En effet, pour biens des observateurs de la scène politique congolaise, ce dernier dispose suffisamment d’atouts au point qu’il peut être capable de démolir dans les urnes « la Kabilie », le 23 décembre prochain. Et c’est pour cette raison essentielle, peut-on dire, que Kabila et les habitants de la « Kabilie », via la CENI, n’ont pas voulu prendre le moindre risque en lui permettant de solliciter le suffrage des Congolais le 23 décembre prochain. En tout cas, le parti de Jean-Pierre Bemba a cette lecture de l’invalidation de la candidature de son champion par la CENI. En effet, dès le lendemain de la décision de la structure chargée de l’organisation des élections et de l’examen des dossiers des candidatures, Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC, laissait entendre ceci : « Celui-ci (Jean-Pierre Bemba) a été écarté tout simplement parce qu’il représente une menace sérieuse pour le parti au pouvoir ». Et d’ajouter que la candidature de Jean-Pierre Bemba « faisait trembler la Kabilie au point d’instrumentaliser la CENI pour l’écarter ». Le principal concerné, l’enfant terrible de l’Equateur, est sur la même longueur d’onde. Et toute l’opposition, la vraie, a embouché la même trompette. Et leur argumentaire est solide comme du béton. Et effet, la loi électorale prévoit l’invalidation de tout candidat condamné par un jugement irrévocable de corruption. A supposer même que la subornation de témoins soit le synonyme parfait de corruption, l’on peut dire que le jugement infligé par la Cour pénale internationale (CPI) à Jean-Pierre Bemba, n’est pas pour le moment irrévocable, puisque ce dernier est dans l’attente de la décision finale de la CPI. Le fait donc que la CENI soit pressée comme un diarrhéique qui va au petit coin, dans l’invalidation de la candidature de Jean-Pierre Bemba alors que le résultat de son appel n’est pas encore rendu, est en soi suspect. Comment, dans ces conditions, ne pas adhérer aux arguments du MLC selon lesquels le pouvoir fait feu de tout bois pour se débarrasser de son champion ? Et puis, quand la CENI brandit l’argument de la corruption pour invalider la candidature du principal opposant, l’on peut avoir envie d’en rire et de retourner à Corneille Nanga et à son équipe la formule suivante inspirée des Ecritures saintes : « Que celui parmi la classe politique congolaise qui n’est pas corrompu jette la première pierre à Jean-Pierre Bemba» !
Le plan caché de Joseph Kabila se dévoile de plus en plus
La réponse, l’on peut facilement l’imaginer. Il n’y aura point de pierre jetée en tout cas, pour tous ces Raspoutine qui craignent encore Dieu. Car, au pays de Kabila, l’on peut même se demander si la corruption est un délit, tant cet acte a pris possession de l’ensemble de la classe politique.
En tout cas, si la RDC était un pays de vertu, bien de ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, seraient derrière les barreaux pour le reste de leur vie. En effet, en plus d’être des corrompus devant l’Eternel, ils ont fauché des vies innocentes, juste pour se maintenir au pouvoir. Et sur la liste noire figurent, à coup sûr, Joseph Kabila et son pantin de dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary. Et le premier, au regard de tout ce qui se passe aujourd’hui, est en train d’entrebâiller largement les portes du Palais de marbre pour le second. Et cela passe par l’instrumentalisation de la Justice et de la CENI. C’est à ce jeu dangereux pour la RDC, que joue Kabila. Et pour lui, il n’y a point d’éthique en politique. De ce point de vue, l’on peut avoir l’impression qu’il a comme livre de chevet « Le Prince » de Nicolas Machiavel. Après la disqualification de Moïse Katumbi et celle de Jean-Pierre Bemba, le plan caché de Joseph Kabila se dévoile de plus en plus. En effet, après son retrait contre son gré, de la course à la présidentielle, Kabila travaille à ouvrir la voie royale à son protégé pour ensuite, à la fin du mandat de ce dernier, récupérer « sa chose ». Pendant le mandat de Shadary, il n’est pas exclu que Kabila s’adjuge le poste de Premier ministre pour empêcher toute velléité d’émancipation de celui qu’il a fait roi. C’est ce scénario qui n’est pas sans rappeler celui de Poutine, qui semble se dérouler aujourd’hui en RDC. Il reste à l’opposition, la vraie, de l’en empêcher. Car l’enjeu ici, au-delà de la démocratie, c’est l’existence du Congo en tant qu’Etat. Tous les opposants doivent transcender leur ego pour faire avorter le plan machiavélique que Kabila et sa bande de « délinquants » à col blanc sont en train de dérouler pour la RDC. Et dans sa basse et honteuse besogne, Kabila sait qu’il n’est pas seul. Il a, à ses côtés, d’illustres Raspoutine qui, comme lui, n’ont aucun amour ni aucune pitié pour ce grand et riche pays et son peuple. Un de ces Raspoutine est incontestablement Lambert Mendé, le ci-devant porte-parole du gouvernement. Et de lui, l’on peut dire, sans risque de se tromper, qu’il est diaboliquement génial.
« Le Pays »