CONSOMMATION DE LIQUEURS : Ces boissons qui rendent « les yeux secs » et qui conduisent au cimetière
La consommation de liqueurs au Burkina Faso est devenue un phénomène très inquiétant. Car jeunes, adultes et vieilles personnes tous sexes confondus, chacun boit comme il veut et d’autres mêmes sont devenus de véritables accros de l’alcool qui les tue à petit feu. Pourquoi ces personnes s’adonnent-elles à cette boisson qui, d’après les agents de santé, cause des problèmes de santé ? Dans ce dossier réalisé dans quelques artères de la ville de Ouagadougou, les avis divergent, et bien qu’ayant conscience des dangers qu’ils courent, certains consommateurs ne comptent pas abandonner leur consommation.
Alomo Bitters, Yankey, Choice, Cafe Rhum, Eperon, Pastis et Fighter. Ce sont, entre autres, des marques de liqueurs bien prisées que nous avons pu trouver dans les différents points de vente lors de la réalisation de ce dossier à Ouagadougou dans le mois d’août. Il est 10h du matin, en ce vendredi 10 août, lorsque nous arrivons dans un kiosque, « chez Man », situé dans les encablures de la Cité An II, sous une fine pluie. Un petit kiosque, mais très connu dans le quartier, qui refuse du monde. Le constat crève les yeux : tous les clients de ce kiosque, une dizaine de personnes, avaient chacun devant lui un verre contenant du liquide rouge ou blanc. Les débats allaient bon train compte tenu de l’ambiance du coin, mais d’autres somnolaient devant leur verre laissé à la merci des mouches. Comment aborder ces consommateurs sans avoir de problème avec le gérant ni avec ses clients qui sont parfois violents ? Après quelques hésitations, nous voilà devant le gérant, jouant aussi au consommateur. Ni moi ni mon photographe ne consommons cette boisson. Or, il faut trouver un moyen pour s’inviter au débat et pouvoir recueillir l’avis de ces consommateurs. Après un thé bien chaud que nous avons savouré malgré nous, les portes étaient ouvertes pour nous de les aborder. Abdoul Ouédraogo, démarcheur de son état, la quarantaine bien sonnée, est un inconditionnel de ces liqueurs. Les yeux rouges, il nous signifie : « Je consomme la liqueur, plus précisément la marque « Gin » et ce, depuis l’adolescence. Je peux même vous affirmer que je suis un accro de cet alcool, parce que je ne peux plus m’en passer ». Abdoul passe ses temps libres dans ce kiosque. Par jour, il peut consommer 30 à 40 boules de Gin à raison de 50 F CFA la boule, au pire toute une bouteille. Mais il peut aussi compter sur la solidarité de ses camarades buveurs pour trinquer quelques boules de Gin, au cas où il n’a rien dans la poche. Sans gêne, Abdoul nous signifie qu’il a perdu un de ses amis à cause de l’alcool, car l’organisme de ce dernier ne supportait plus et il en est mort. Si d’aucuns consomment cette boisson occasionnellement, Abdoul, lui, dit être accro de la liqueur, parce qu’il n’arrive plus à s’en passer. « Avec ma famille, il n’y a pas l’entente, et ma femme menace même de me quitter. Je ne gagne plus de clients avec mon métier de démarcheur, du fait que les gens ne me prennent plus au sérieux, parce qu’on me colle l’étiquette de soûlard. Mon plus grand souhait, c’est de me débarrasser de la liqueur, car je n’en peux plus. Il suffit que j’aille dans un kiosque pour juste prendre du thé et je suis tenté par les frelatés», déplore-t-il. Parfois, Abdoul a l’impression d’être attiré par des génies dans les débits de boissons. Il souhaite que l’Etat prenne des mesures pour interdire la vente et la fabrication de ces liqueurs au Burkina Faso. Avant qu’Abdoul ne termine son propos, Adama Sanfo, la démarche titubante et verre en main, rote avec force et dégage une odeur à vous couper le souffle. « Si la liqueur n’existait pas, il fallait la créer, car c’est une boisson qui nous permet de bien nous porter physiquement et moralement pour bien travailler », confie Adama, du haut de ses 1,80 m. Pendant qu’il nous parle, il interpelle l’une des serveuses du kiosque pour la majoration avec un sachet de Alomo Bitters qu’il avale en une gorgée. Adama ne peut pas nous situer sur la quantité de sachets de liqueur qu’il consomme par jour. Pour lui, l’essentiel, c’est d’empocher de l’argent et la liqueur coule à flots. Mais aussi, souvent, avec ses camarades adeptes, il peut boire sans avoir empoché, sans compter qu’il y a un cahier de crédit chez « chez Man ». Adama est conscient des risques liés à la consommation des liqueurs, car 3 de ses compagnons consommateurs de liqueur en sont décédés en 2017. Mais, prévient-il, cela ne veut pas dire que la liqueur tue ; il suffit de la consommer avec modération. « Je bois pour avoir la force pour bien mener mon travail, mais d’autres boivent pour mourir, si bien que je n’ai jamais cherché à savoir là où on les fabrique, l’essentiel est d’en disposer et d’en consommer», a-t-il lancé en balbutiant.
« La liqueur permet d’avoir les yeux secs »
La consommation de la liqueur n’est pas bonne pour la santé. Mais cet argument est battu en brèche par les adeptes de la liqueur. Souvent, l’organisme a besoin d’alcool pour bien fonctionner, soutient Seydou Ouédraogo, jeune commerçant de 33 ans, pour justifier son statut de consommateur de liqueur. Et d’ajouter que le « Rhum Mangoustan » qu’il savoure, lui permet de bien aborder ses clients sans crainte. Un commerçant, a-t-il expliqué, doit avoir l’œil sec. Or, pour être dans cet état, il faut consommer la liqueur pour ne pas avoir peur du client et l’aborder pour l’attirer à payer ta marchandise. Seydou ne dispose pas d’assez de moyens financiers pour s’offrir une bouteille de bière par jour, d’où le choix du Rhum Mangoustan qui coûte moins cher que la bière. « La consommation de la liqueur n’a pas de lien avec la délinquance, mais c’est pour plutôt avoir la force pour «jober ». Et quand j’atteins ma dose journalière qui, parfois, est de 10 à 12 boules, je me retiens ». Seydou, à ses débuts, pouvait consommer toute une bouteille de Mangoustan par jour. Mais au fur et à mesure, il a fait pression sur lui-même pour diminuer la quantité de sa consommation. « Je lutte pour pouvoir arrêter la consommation de la liqueur en 2019», confesse-t-il. Seydou trouve qu’il est en porte-à-faux avec sa religion qui est l’Islam et qui interdit la consommation d’alcool. Or, dans ses propos, on sent que celui-ci n’est pas encore prêt à se séparer de son verre ni de sa bouteille. Mais il espère abandonner un jour. A 12h et quart, après quelques six-mètres sillonnés, nous sommes dans le bistro « chez Nadinel », dans le quartier Dapoya. L’ambiance est au rendez-vous. Jeunes, adultes et vieux, chacun sirote son verre. Certains sont en pleins débats et d’autres jouent aux dames et aux cartes. Mais certains sont aussi au fond du hangar dans les bras de Morphée. La gérante elle-même ne se fait pas prier pour participer aux débats. « Nadine, sers-moi un sachet de Fighter, car je n’ai plus d’argent pour boire une autre bière », réclame Maurice Compaoré, la soixantaine bien sonnée et dans son costume « trois poches ». Le vieux Maurice, comme l’appellent ses camarades, vend des pneus. Il aime plutôt la bière, mais faute de moyens, souvent, il consomme la liqueur « Fighter ». Ce dernier trouve en la liqueur un remontant qui lui fait du bien physiquement. « C’est parce que nous sommes pauvres que nous consommons les liqueurs. Qui connaît le prix de la bière sait que nous, les pauvres, ne pouvons pas la consommer tous les jours. Malheureusement, nous ne pouvons pas non plus arrêter de boire l’alcool. Même si je sens que mes poumons vont me lâcher un jour et que je vais rejoindre les autres qui m’ont devancé, je vais continuer à boire l’alcool», a-t-il souligné en prenant une gorgée de Fighter suivie d’un grincement de dents. Il nous explique qu’il arrive que ses clients se plaignent de l’odeur d’alcool qu’il dégage. Mais celui-ci leur demande de ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas et de le laisser boire et mourir en paix. Parce que nul n’est éternel sur terre. « Tant que les liqueurs seront vendues au Burkina Faso, on ne va pas s’empêcher de les consommer », nous lance Boukaré Kaboré, un marchand ambulant de jeux d’enfants. « Que les gens arrêtent de nous chanter à l’oreille que les liqueurs ne sont pas bonnes pour la santé. Si tel est le cas, pourquoi les autorités laissent-elles ces boissons qu’elles jugent frelatées entrer dans notre pays ? », demande ce jeune très chétif, aux lèvres rouges, avant d’ajouter qu’il existe des usines qui en fabriquent, même au Burkina Faso. Boukaré trouve son inspiration dans la liqueur « Yankey ». Une liqueur en sachet qui coûte 100 F CFA l’unité, que ce jeune commerçant peut consommer jusqu’à 5 sachets par jour pour avoir des forces et bien mener son travail. Donc, pas question de s’en passer.
« Compte tenu de la clientèle, mon kiosque de liqueurs fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 »
Nadine Compaoré, gérante de kiosque dans le quartier Dapoya, gère son kiosque de liqueurs depuis 3 ans et a hérité ce métier de son père qui était aussi gérant de kiosque de liqueurs. Elle dit se plaire dans ce travail, qui lui permet d’être en contact avec toutes sortes de personnes. « La vente n’est pas équilibrée ; il arrive qu’on ait des clients toute la journée, et nous pouvons vendre des centaines de sachets de liqueurs et des vingtaines de bouteilles par jour. Mais souvent, le marché est morose », a-t-elle indiqué. Le kiosque de Nadine fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec une équipe de relais, compte tenu de l’engouement. Occupée à servir ses clients qui venaient timidement, Nadine confie que son métier n’est pas facile, car elle fait face à toutes les catégories de personnes avec des humeurs différentes. Mais, a-t-elle rassuré, la bagarre d’un alcoolique ne va pas loin, car vite, il se rattrape. « Un client peut se fâcher et faire la bagarre avec son camarade consommateur ou même avec la gérante, mais quand l’effet de l’alcool passe, il revient s’excuser et est vite pardonné autour d’un verre », a-t-elle ajouté. Nadine est consciente des dangers que la liqueur provoque sur la santé, et déclare même avoir perdu des clients suite à la consommation abusive de boissons frelatées. Mais la plupart des clients, souligne-t-elle, boivent la liqueur tous les jours sans s’alimenter convenablement en nourriture. Du coup, leurs organismes deviennent faibles et sont confrontés à des maladies qui les tuent. Mais de plus en plus, son bistrot refuse de vendre la liqueur à ceux qui ne mangent pas, parce qu’une chose est de se faire de l’argent, mais une autre est de protéger le consommateur. Mais une autre difficulté qu’elle rencontre au quotidien, ce sont les crédits. Des consommateurs viennent sans argent et veulent qu’on leur serve à boire. Or, certains prennent la liqueur à crédit et peuvent faire des mois sans payer. Donc, on n’accorde des crédits qu’aux « piliers » du bistro. Au maquis « Matata », le constat est tout autre. Ce sont des filles de joie qui sont des consommatrices. Il est 23h et la jeune Djéné, la vingtaine à peu près, dans un look américain et des mèches qui frétillent sur ses fesses, assise au comptoir, nous signifie qu’elle est venue se ravitailler pour bien travailler « ses clients ». D’une voix fine et un bâton de cigarette en main, elle lance au barman: « sers-moi 5 sachets de Fighter ». En fouillant dans son petit sac, Djéné informe le gérant du maquis que le combat est rude ce soir, car ses clients ne sont pas les moindres si bien qu’elle doit avoir beaucoup de forces pour les satisfaire afin de se faire beaucoup d’argent. Difficile de lui arracher quelques mots, car notre interlocutrice dit être pressée et qu’elle ne souhaiterait pas faire attendre ses clients. Une autre habituée du coin, Sandrah, la trentaine bien sonnée, qui nous accueille avec le sourire aux lèvres, nous informe que la liqueur lui permet d’être « au top » et moins fatiguée quand elle est avec ses clients. Elle est venue payer une bouteille de Rhum Mangoustan qu’elle compte terminer en deux jours si elle gagne de bons clients. « Le travail que nous menons n’est pas du tout aisé, si bien qu’il faut être bien moralement et physiquement. Si on ne prend pas ces excitants et remontants, on ne peut pas s’en sortir, parce qu’il faut satisfaire le client des cheveux jusqu’aux oreilles, pour qu’il puisse revenir une autre fois. Voilà pourquoi nous buvons la liqueur », nous a-t-elle confié avant de s’éclipser après un coup de fil. En quittant les lieux aux environs de 2h du matin, l’engouement dans le maquis était toujours fort et les liqueurs coulaient à flots. Pour savoir les conséquences que peut avoir le fait que la plupart des consommateurs de liqueurs ne s’alimentent pas bien, nous avons échangé avec Dr Zanga Damien Ouattara, gastro-entérologue au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). Ce dernier indique que la maladie cirrhotique du foie est la plus fréquente chez les alcooliques au Burkina Faso. Sur le plan médical, a-t-il dit, tous les alcools sont considérés au même titre. Et ce, à partir du moment où c’est la composition de l’alcool qui est importante et non pas sa forme. En termes d’alcools, on distingue: les bières locales dont le dolo et les bières industrielles, les vins, les liqueurs et les spiritueux. Les alcools vendus sous le format liqueur ont de plus en plus de consommateurs dans notre pays. La consommation des liqueurs en soi n’est pas mauvaise si elle est modérée, a-t-il souligné, mais c’est sa consommation excessive ou nocive, c’est-à-dire plus de 210g d’alcool par semaine pour un homme et plus de 140g d’alcool par semaine pour une femme, selon les normes de l’OMS, qui nuit à l’organisme. «Nous recevons des patients avec des maladies carencielles. Nous ne disposons pas de liste de liqueurs déconseillées, mais nous conseillons toujours aux populations d’éviter de payer les liqueurs vendues à des prix dérisoires sur le marché. La plupart des patients que nous recevons, ne viennent pas d’eux-mêmes. Ces patients sont souvent complètement amaigris, carencés ; ils n’ont pas en réalité le désir de soins car dépendants de l’alcool », a-t-il souligné. Selon lui, une simple observation permet de percevoir qu’une personne consomme excessivement l’alcool et même l’entourage peut le faire. Pour guérir de ces maladies, Dr Damien Ouattara propose que les patients soient internés dans des centres de désintoxication alcoolique, afin de les soumettre à un traitement.
Valérie TIANHOUN
Pr Arouna Ouédraogo, psychiatre au CHU-YO
« L’une des conséquences psychiques les plus redoutables de l’alcoolisme, est le delirium tremens qui est mortel »
Pour en savoir davantage sur ce que la consommation d’alcool, notamment les liqueurs, peut engendrer sur le cerveau, nous avons approché le Pr Arouna Ouédraogo, psychiatre au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.
« Le Pays »: Pouvez-vous nous définir ce que l’on entend par alcoolisme ?
Pr Arouna Ouédraogo : Il existe plusieurs types de conduites d’alcoolisation qui correspondent à des critères de définition différents. Le terme classique d’alcoolisme renvoie à une consommation excessive et régulière d’alcool ayant des conséquences sur l’individu et la société. Si l’on s’arrête là, beaucoup d’alcooliques parfaits vont se considérer comme ne relevant pas de cet ensemble. Eh bien, il faut comprendre que la notion d’excès est très relative, de même que celle de régularité. En tout état de cause, la définition doit prendre en compte cette notion de perte de contrôle et de compulsion dans le comportement de l’alcool.
Quels sont les troubles mentaux liés à la consommation d’alcool, plus précisément des liqueurs ?
Les conséquences psychiques de l’alcoolisme sont très nombreuses et peuvent aller du simple changement de comportement jusqu’à la maladie caractérisée. L’on peut, à titre d’illustration, mentionner quelques exemples.Les états d’ivresse alcoolique plus ou moins graves sont bien connus du public, notamment de l’entourage familial du sujet. L’alcool peut également induire des troubles psychotiques avec des idées délirantes et des hallucinations.A la suite d’une consommation prolongée d’alcool, celui-ci peut engendrer une dépression, une anxiété, un trouble de la personnalité. Mais à côté de ces pathologies qui peuvent être réversibles, il faut souligner qu’à long terme, l’alcool induit des troubles cognitifs qui, en plus d’être graves, sont le plus souvent irréversibles. Il peut s’agir de troubles de la mémoire, de la concentration, du raisonnement pouvant aller jusqu’à la démence.L’une des conséquences psychiques redoutables de l’alcoolisme, c’est surtout le delirium tremens qui est fait de confusion, d’agitation et de troubles neurologiques divers. L’évolution peut être mortelle, en l’absence de traitement approprié.
Recevez-vous des personnes présentant ces troubles dans vos services et quelle est l’ampleur du phénomène ?
En pratique clinique, le fait de boire, à lui tout seul, pousse rarement les personnes à consulter un psychiatre. Le plus souvent, ce sont les familles qui, constatant les effets néfastes de la consommation d’alcool, sont obligées d’amener la personne en consultation. L’apparition à un moment donné de troubles liés à l’alcool peut également motiver une demande de prise en charge. Il peut s’agir de troubles du sommeil à type d’insomnies tenaces, d’humeur dépressive, d’irritabilité, de bagarres qui compliquent la vie relationnelle, d’actes scandaleux lors d’état d’ivresse alcoolique,…
Y-a-t-il des degrés de consommation de l’alcool et quelles sont les situations que vous rencontrez dans votre service ?
L’OMS définit trois niveaux de consommation de l’alcool : la consommation dite à risque, la consommation excessive, et l’alcoolo-dépendance.
Pour chaque niveau, il existe des critères cliniques qui permettent d’établir le diagnostic.
Bien entendu, en pratique clinique, l’on rentre dans toutes ces situations.
Quelles sont les raisons avancées par les patients qui consomment les liqueurs ?
Qu’il s’agisse de liqueur ou d’autres boissons alcoolisées, les motivations de la propension à boire peuvent être schématisées ainsi qu’il suit :
– la recherche du plaisir ;
– l’alcool utilisé comme réconfort pour surmonter certains malaises de la vie ;
– l’alcool comme « compagnon » chez des personnes esseulées ;
– le conformisme qui pousse certaines personnes à boire pour faire comme les autres. Au regard de la place de l’alcool dans certains milieux, ne pas boire est en soi un problème.
A côté de tous ces cas de figure, on a des personnes complètement dépendantes qui, tout simplement, ne peuvent pas s’abstenir de boire.
Quelle est la tranche d’âge la plus touchée par la consommation d’alcool ?
Nous ne disposons pas de données chiffrées à l’échelle nationale. Toutefois, c’est un fait que l’alcool est consommé par les adolescents, les adultes, les personnes âgées.
Quel impact peut avoir la liqueur sur le cerveau de son consommateur ?
La consommation régulière et sur une longue période de l’alcool va engendrer une destruction des cellules cérébrales. La plupart des troubles physiques et psychiques constatés chez le sujet alcoolique, sont la conséquence de cette atteinte des structures cérébrales spécifiques.
Quels types de soins administrez-vous à ces patients ?
Le traitement prend en compte cette possibilité d’imbrication entre l’alcoolisme et le trouble mental. Chez certains patients, l’alcoolisme est associé à un trouble mental tandis que chez d’autres, le problème principal est la conduite alcoolique. Dans tous les cas, il faut une approche globale qui s’appuie sur des méthodes psychologiques et sur des médicaments.
Arrivez-vous à les amener à abandonner la consommation de ces boissons alcoolisées ?
Le sevrage total et définitif de l’alcool est un objectif thérapeutique tout à fait idéal.
Tout dépend du terrain, des facteurs contributifs à l’intoxication, de l’ancienneté de la dépendance et surtout de la motivation au sevrage. Prenons l’exemple chez le sujet de sexe masculin : si l’alcoolisme est de nature à lui faire perdre son emploi ou son épouse, il est fort probable qu’il puisse y avoir une solide motivation au sevrage. Dans ce cas, une prise en charge médico-psychologique appropriée a des chances d’aboutir à un bon résultat.
Avez-vous un autre commentaire à faire sur le sujet abordé ?
Le premier commentaire, c’est de rappeler à l’attention du public, que la consommation d’alcool est le troisième facteur de risque de maladie dans le monde, selon les données fournies par l’OMS Bien qu’étant un produit licite au Burkina Faso, les dommages causés par ce produit sur la santé psychique et physique, sont considérables. La morbidité et la mortalité liées à l’alcool sont évitables.En deuxième point, je voudrais souligner que l’alcool n’est pas indispensable pour notre organisme. En tant que substance induisant une dépendance, les consommateurs et les éventuels candidats doivent savoir qu’ils passent de l’usage occasionnel à l’abus, puis, à l’usage nocif jusqu’à la dépendance totale. Alors, à chacun de se déterminer en connaissance de cause.
Propos recueillis et retranscrits par V.T.