PRISE DE FONCTION DE MICHEL KAFANDO : Un discours en phase avec les aspirations du peuple
Boureima Jérémie Sigué dans son ouvrage intitulé « Faut-il désespérer de l’Afrique ? » écrivait ceci : « On a l’impression qu’à chaque mouvement brusque de l’histoire, l’Afrique s’éveille, prend conscience de ses tares, de ses insuffisances et de ses veuleries ». Ce constat pourrait s’appliquer au discours que Michel Kafando a prononcé à l’occasion de sa prise de fonction, le vendredi 21 novembre dernier. En effet, devant un parterre de chefs d’Etat venus de la sous-région, de représentants du monde diplomatique, de la communauté internationale ainsi que des forces vives du pays, le tout nouveau locataire du « palais de Kosyam » n’a pas eu besoin de porter des gants pour égrener les pathologies du système Compaoré, et dire sa détermination à leur apporter la thérapie qui sied. Dans le même discours, il a pris l’engagement, sous un tonnerre d’applaudissements, de travailler à la manifestation de toute la vérité dans l’affaire Thomas Sankara. La transition, peut-on dire, s’ouvre sous le signe d’un Burkina nouveau, dont le socle est la vérité, la lutte contre l’impunité. Le pays est d’autant plus à féliciter qu’il a réussi le pari de se débarrasser de la pseudo-démocratie de Blaise Compaoré, vieille de 27 ans, avec le minimum de grabuges possibles. Mieux, trois semaines seulement après la chute du régime Compaoré, le pays s’engage à en solder les comptes et à repartir d’un bon pied. Sous d’autres cieux, cela n’aurait pas été possible. De ce point de vue, le Burkina a montré qu’il est un grand pays.
A propos du discours proprement dit de Michel Kafando, l’on pourrait faire les observations suivantes.
D’abord, il pourrait s’inscrire en droite ligne de l’adage selon lequel « tout ce qui gît dans l’obscurité aspire à la lumière ». Cette leçon de vie est d’autant plus à retenir par tous, que des gens, pendant 27 ans, se sont adonné allègrement à des actes indélicats, avec la certitude que personne ne leur demanderait un jour des comptes. Ils en étaient d’autant plus convaincus qu’ils croyaient que le système Compaoré était conçu pour l’éternité. De ce fait, ils n’avaient aucun scrupule à piller, à exceller dans toutes sortes de crimes, à spolier la veuve et l’orphelin pour s’assurer une vie à l’abri du besoin, dans un pays pourtant outrancièrement pauvre. Le contenu du discours de Michel Kafando, s’il est mis à exécution, est une réplique à la vision de tous ces prédateurs de la République. Qu’ils se préparent donc à rendre gorge. Le peuple n’en demande pas plus.
Michel Kafando a l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire du Burkina Faso
L’autre observation que l’on peut faire du discours de prise de fonction de Michel Kafando est qu’il a étonné aussi bien par son ton que par les sujets qui y ont été évoqués. L’homme, visiblement, s’est débarrassé de ses habits d’ancien diplomate avec ce que cela suppose comme pondération, formules euphémiques et convenantes, pour étrenner des habits dont il sait qu’ils sont susceptibles de plaire au peuple burkinabè à qui il doit d’abord la légitimité de son pouvoir. Cette réalité, Michel Kafando l’a comprise et il a parlé en conséquence. Une partie de ce peuple, notamment les jeunes, on le sait, vouent une sympathie cultuelle au chef de la Révolution du 4-Août. Cela aussi, il le sait suffisamment, au point de donner l’impression dans son intervention, qu’il lisait le téléprompteur du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, soupçonné à tort ou à raison d’avoir un penchant pour Thomas Sankara. Pour toutes ces raisons, l’on peut dire que Michel Kafando a modulé son discours de prise de fonction, conformément aux aspirations du peuple. Cela dit, l’on peut se poser la question de savoir si les actes qu’ils va poser dans le cadre de la transition, seront à la hauteur des engagements prononcés dans son discours. Il faut absolument que ce discours lui serve de référentiel. Car, c’est à ce prix qu’il pourra honorer le mandat que le peuple lui a confié. Et ce mandat est exigeant et impératif. Le peuple ne supporterait pas que celui-ci soit bradé et perverti. C’est pourquoi Michel Kafando ne doit pas craindre de déboulonner le système Compaoré avec toute la fermeté qui sied. Et les plaies de ce système sont nombreuses et purulentes. Ce faisant, il est certain qu’en douze mois, il ne pourra pas les soigner toutes, mais il aura eu le mérite de leur appliquer le premier pansement, quitte à ce que son successeur poursuive le traitement. Autrement, Michel Kafando court le risque d’être perçu comme un populiste de circonstance, voire un démagogue, par tous ceux qui ont été séduits par son discours de prise de fonction. Parallèlement à ces grands chantiers qu’il envisage d’ouvrir dans les jours à venir, il ne doit pas perdre de vue qu’il doit impérativement relancer l’économie, mais sur des bases assainies. Un engagement ferme de l’Etat à apurer la dette intérieure pourrait y contribuer.
En tous les cas, Michel Kafando a l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire du Burkina Faso. Saura-t-il le faire de manière à ce que la postérité retienne de lui l’image d’un homme d’Etat ? C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter.
Pousdem PICKOU
payélé
/
Maintenant la classe politique doit travailler à la transparence avec le gouvernement de transition et laisser la guerre des étoile démission par ci démission par là comme le MPP qui oubli qu’il n’y a 10 mois qu’il a quitté le CDP il ya des faut du CDP qu’ils doivent eux aussi répondre, bon entendeur salut.
24 novembre 2014rimwaya
/
M. le Président, n’oubliez pas aussi Norbert ZONGO et ses compagnons, sans oublier l’affaire David Ouédraogo. Le Collège des sages avaient tracé déjà le sillon en indexant le RSP. Donnez donc un coup de pied dans cette fourmillière; sinon vous donnerez raison à ceux qui disent que ce ne sont que des effets d’annonce, de la poudre aux yeux.
24 novembre 2014