60 ANS D’INDEPENDANCE DU TOGO
Le Togo a célébré, le 27 avril 2020, le 60e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Si dans d’autres pays, une telle occasion constitue un moment fort de souvenirs et de renforcement de la démocratie, il en va autrement au Togo. En effet, premier Etat de l’Afrique noire à ouvrir l’ère des coups d’Etat en 1963, le pays est, depuis cette date, dirigé d’une main de fer par une seule famille, celle des Gnassingbé, après le petit intermède du règne en trompe-l’oeil des hommes de paille à savoir Emmanuel Bodjollé, Nicolas Grunitzky et Kléber Dadjo, puisque le véritable détenteur du pouvoir n’était autre que Eyadema. Faut-il le rappeler, pendant le long règne sans partage de près de quarante ans de Eyadéma, les Togolais n’ont connu ni prospérité ni liberté. Sur le plan politique, tous les opposants qui osaient contester le prince régnant d’alors, n’avaient pas d’autre choix, pour rester en vie, que l’exil. C’est ainsi que Gilchrist Olympio a été contraint de prendre son chemin de Damas qui l’a d’abord conduit en Côte d’Ivoire, ensuite au Ghana puis en Europe, après l’assassinat de son père. Si sous Gnassingbé père, ce farouche opposant a fait preuve de ténacité et de courage en restant droit dans ses bottes, le ‘’maréchal’’ a fini par plier l’échine face à Faure Gnassingbé. En digne héritier de Eyadema, Faure n’a jamais fait de la démocratie, une question d’honneur et de principe. Bien au contraire. En la matière, tout ce qu’il donne par la main droite, il le retire aussitôt par la main gauche. Conséquence, le Togo où l’alternance reste toujours ligotée, demeure, jusque-là, le trou noir de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Or, nombreux sont les Togolais qui croyaient que le fils ferait mieux que le père. Erreur !
L’Histoire du Togo se confond avec celle de la dynastie des Gnassingbé
Certes, Faure a fait quelques concessions. Mais celles-ci relèvent plutôt du saupoudrage qui contribue à perpétuer la dynastie des Gnassingbé. C’est dire si les Togolais n’ont pas à se réjouir de cette célébration de l’indépendance. D’ailleurs, célèbre-t-on le pays ou la dynastie des Gnassingbé ? La question est d’autant plus fondée que l’Histoire du Togo se confond avec celle de la dynastie des Gnassingbé. En tout cas, les Togolais sont à plaindre dans la mesure où tout laisse croire que ce n’est pas demain la veille que prendra fin cette dynastie. Surtout que Faure a encore près de dix années à passer à la tête de son pays. Et rien ne garantit qu’au terme de ses mandats constitutionnels, ce « pouvoiriste » acceptera de se retirer. Cela dit, à la veille de la célébration des 60 ans d’indépendance, Faure a décidé de libérer son rival Gabriel Agbéyomé Kodjo qui réclame à cor et à cri la victoire à la dernière présidentielle. Ce n’est certainement pas par générosité mais juste pour donner à son peuple, l’image d’un homme de paix. Pour preuve, cette libération est assortie de conditions. Et ce n’est pas tout. Dix-huit compagnons de Agbéyomé Kodjo sont toujours détenus à la prison civile de Lomé. C’est dire si Faure reste un véritable prédateur de la démocratie.
Dabadi ZOUMBARA