PRESIDENTIELLE DU 22 NOVEMBRE 2020
Lentement mais sûrement, les Burkinabè s’acheminent vers les élections couplées présidentielle et législatives du 22 novembre prochain. A moins de deux mois de la tenue de ces scrutins, c’est l’effervescence dans les états-majors des partis politiques, pendant qu’au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’heure est à la réception des dossiers de candidatures à la présidentielle, après ceux des législatives dont la réception a été bouclée le 22 septembre dernier. Du côté de la société civile, on s’active aussi. C’est ainsi qu’en fin de semaine dernière, une coalition d’une trentaine d’OSC en lutte contre les inégalités sociales, a réussi à faire signer un engagement à prendre en compte la question dans leurs programmes respectifs, par différents candidats déclarés. Le 29 septembre dernier, c’est la signature d’un code de bonne conduite par les prétendants au fauteuil présidentiel, qui était remise au goût du jour par le Conseil supérieur de la communication. Le fait n’est pas en lui-même nouveau, puisque c’était déjà le cas en 2015. Mais on peut se féliciter que la question ait été remise sur le tapis, à la faveur des scrutins couplés du 22 novembre prochain. Car, au regard du contexte, c’est peu de dire que le Burkina a besoin d’aller dans la sérénité, à ces consultations populaires. C’est pourquoi il est nécessaire, pour les différents acteurs, de mettre balle à terre et de faire preuve d’esprit de fair-play. Pour cela, il convient d’éviter les invectives et autres déclarations incendiaires qui pourraient jeter de l’huile sur le feu qui couve sous la cendre des préparatifs de ces élections aux enjeux bien connus : la conquête du palais de Kosyam et de l’enclave de Baoghin. Cela est d’autant plus important que depuis plusieurs mois, on assiste à des piques à fleurets mouchetés entre l’opposition dans son ensemble, et la majorité au pouvoir autour du bilan du président Kaboré dans lequel certains voient le verre à moitié plein (quand ils ne disent pas qu’il est plein débordant) pendant que d’autres y voient le verre à moitié vide (quand ils ne soutiennent pas qu’il est totalement vide). Cela est de bonne guerre, mais il est important que le débat reste dans le cadre d’une campagne civilisée.
Il importe qu’un effort particulier soit mis sur la sécurisation des scrutins
C’est pourquoi ce gentlemen agreement a, d’un certain point de vue, toute sa raison d’être. Mais le tout n’est pas de signer un code de bonne conduite. Encore faudrait-il non seulement pouvoir le respecter, mais aussi que les conditions d’une bonne tenue des élections soient réunies. Aussi bien au plan sécuritaire qu’à celui de la discipline des militants au sein des partis politiques. Car, la réalité du terrain amène à se demander s’il sera possible de battre campagne partout, sur le territoire national. Rien n’est moins sûr. C’est pourquoi il importe qu’un effort particulier soit mis sur la sécurisation des scrutins. Au-delà, ces engagements que les acteurs de la société civile font prendre aux candidats, sont autant de faits qui laissent croire qu’ils sont nombreux les Burkinabè à faire leur, l’adage selon lequel « mieux vaut prévenir que guérir ». Et c’est tant mieux, si cela peut contribuer à un apaisement de la situation sociopolitique, à l’orée de ces élections qui aiguisent les passions au pays des Hommes intègres. Et pour cause. L’arrestation des listes définitives et le positionnement des candidats pour les législatives, ont entraîné de nombreux grincements de dents dans la plupart des partis et formations politiques de l’opposition comme de la majorité. Et bien malin qui saurait dire si ces frustrations nées de l’élaboration des listes électorales, seront sans conséquences sur les pronostics des partis politiques. Quant à la présidentielle, la bataille s’annonce rude entre le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, dont les partisans ne jurent que par le coup K.-O., et les candidats de l’opposition qui promettent de faire tomber l’enfant de Tuiré en cas de second tour, dans un front commun pour enfin réaliser l’alternance par les urnes au Burkina Faso. Mais dans ce jeu d’alliances qui varient au gré des intérêts, on ne peut jurer de rien à l’avance. Car, les professions de foi des politiciens sous nos cieux, surtout en période électorale, n’engagent que ceux qui y croient. En tout état de cause, il importe que malgré les enjeux, personne ne trouve prétexte en quoi que ce soit pour allumer cette petite étincelle qui pourrait devenir ce grand brasier difficile à éteindre. Il y va de la paix et de la stabilité du pays.
Outélé KEITA