APPEL DE MACRON A UN NEW DEAL DE FINANCEMENT DE L’AFRIQUE
Le président français, Emmanuel Macron, a appelé, le 27 avril dernier, à un new deal de financement de l’Afrique. Cet appel est intervenu peu avant un déjeûner qu’il a offert à son homologue de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine, et à trois semaines de la tenue, le 18 mai prochain, du sommet sur le financement des économies d’Afrique subsaharienne. Si l’on ne peut douter de la pertinence de cette sortie d’Emmanuel Macron, l’on est, cependant, tenté de se poser la question suivante : à qui la faute si les économies africaines se meurent ? N’est-ce pas l’endettement vertigineux du continent noir que traînent les pays africains comme un boulet, qui plombe nos économies? Si la dette qui était en baisse dans les années 90, est passée de 100 à 309 milliards de dollars entre 2006 et 2019, et fait craindre aujourd’hui un déficit de financement de 290 milliards de dollars dans les deux prochaines années, ce n’est certainement pas du simple fait des pays de l’Afrique subsaharienne. Emmanuel Macron a certes mis le doigt sur une plaie béante mais il oublie que son pays est en partie responsable de la pestilence de cette plaie. Il est certes vrai que la mal gouvernance qui est devenue la marque de fabrique de certains pays africains, y est pour quelque chose. Il est aussi vrai que le Covid-19 qui a secoué les économies des pays du monde entier pourrait avoir aggravé la situation économique de l’Afrique. Mais ces deux facteurs ne sauraient, à eux seuls, justifier ce ralentissement morbide des économies africaines. Si les matières premières africaines étaient achetées à juste prix, si les richesses du continent ne faisaient pas l’objet de pillage, si les prêts étaient accordés à l’Afrique dans la transparence et dans des conditions idoines, on n’en serait peut-être pas là. Cela dit, Emmanuel Macron doit se rendre à l’évidence que tant que les relations économiques entre l’Afrique et l’Europe ne changeront pas, aucun plan, fût-il un new deal, ne pourra permettre aux économies africaines de prendre leur envol.
Macron doit d’abord couper le cordon ombilical entre le franc CFA et le Trésor français
En tout cas, tant que le continent africain sera perçu par les Occidentaux comme une vache à lait, les économies africaines ne décolleront point. Il est certes beau d’appeler à un new deal de financement des économies des pays de l’Afrique subsaharienne mais tant que les conditions de financement ne changeront pas, les fruits ne tiendront jamais la promesse des fleurs. Cela dit, la proposition d’un new deal n’est pas mauvaise en soi. Ce d’autant que ce n’est un secret pour personne que les économies africaines, notamment celles des pays de l’Afrique subsaharienne, ont besoin d’un nouveau souffle. Mais il faudrait que ce new deal soit à l’image de celui du président américain, Franklin Delano Roosvelt qui, on s’en souvient, avait donné un électrochoc à l’économie américaine et permis ainsi à des milliers, pour ne pas dire à des millions d’Américains, de se relever de la grande dépression des années 1930. En clair, si Emmanuel Macron veut sortir les pays de l’Afrique subsaharienne de leur marasme économique, il doit d’abord couper le cordon ombilical entre le franc CFA et le Trésor français. Il doit, hic et nunc, réduire la boulimie des entreprises françaises qui dictent leur loi aux citoyens pour ne pas dire aux Etats africains. En tout état de cause, il revient aux dirigeants africains d’apprécier et d’examiner les contours de ce new deal que le président français appelle de tous ses vœux. Il est grand temps que les têtes couronnées du continent se montrent plus soucieuses du devenir de leurs peuples.
Dabadi ZOUMBARA