JOURNEE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA
Comme chaque année depuis 1988, le monde entier a célébré, le 1er décembre dernier, la Journée mondiale de lutte contre le Sida qui ne cesse d’allonger sa longue et macabre liste de victimes à travers le monde. On le sait, depuis 2019, 38 millions de personnes vivent avec le VIH, dont 2/3 résident en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Plus alarmant, si rien n’est fait pour sonner le réveil des énergies de plus en plus assoupies face à la dramatique situation qui doit pourtant appeler à une lutte sans relâche, l’humanité en général, et l’Afrique en particulier, court le risque de compter encore des millions de morts. Une léthargie liée pour ne pas dire, imposée par l’apparition de la Covid-19 dont la multiplication des variants aggrave le niveau de préoccupation sanitaire mondiale et continue d’ôter le sommeil aux dirigeants et populations des pays riches surtout. Moins préoccupés par le VIH-Sida qui ne constitue plus véritablement une menace pour leurs populations disposant des médicaments de dernières générations, les pays du Nord restent plutôt arrimés à leur principale priorité sanitaire : prendre le taureau ou plutôt, le coronavirus par les… couronnes. Autant dire qu’ils ont quasi déserté le front de la lutte contre le Sida en Afrique si l’on en juge, du reste, par la baisse des financements internationaux consacrés à la lutte contre « le mal du siècle » sur le continent, en recul d’un milliard de dollars dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, selon Médecins sans frontières (MSF).
On peut se réjouir que le pays des Bongo se soit doté d’une usine de fabrication d’antiretroviraux
Et comme si cela ne suffisait pas, la paralysie du transport aérien au niveau mondial en 2020, liée à la présente crise sanitaire mondiale, a engendré une rupture de stocks pour les médicaments anti-Sida, comme cela a été constaté récemment au Gabon où les prescripteurs, sans doute la mort dans l’âme, ont dû recourir à des antiretroviraux périmés, pour, au moins, donner l’illusion à leurs patients, qu’ils ne les abandonnaient pas. Un scandale qui a mis le gouvernement gabonais hors de lui, lequel a aussitôt ouvert une enquête. Bien que les traitements soient désormais disponibles après que l’affaire a été révélée au grand jour, la situation, dit-on, reste précaire. C’est pourquoi l’on peut se réjouir que le pays des Bongo se soit doté d’une usine de fabrication d’antiretroviraux, même si, du côté de Libreville, l’on attend toujours l’autorisation de l’OMS pour produire et vendre ces médicaments. En tout cas, l’initiative est fort louable d’autant qu’elle devrait permettre, pour autant que le pays ait le feu vert de l’institution onusienne basée à Genève, de se prémunir contre de prochaines ruptures de stocks. Au demeurant, il faut espérer que l’exemple gabonais ou encore celui de l’Afrique du sud qui produit déjà ses propres médicaments anti-Sida, fasse des émules à travers le continent. Car, face à des pays du Nord empêtrés dans leurs bourbiers sanitaires d’où ils ne savent plus où donner de la tête, l’Afrique a tout intérêt, face au Sida, à développer ses propres initiatives et à avoir une vision prospective pour que demain il ne soit trop tard. Elle le doit d’autant que ses populations sont plus jeunes et sexuellement plus actives, et donc plus exposées. Une chose est sûre : il est de plus en plus clair que l’objectif ambitieux d’éradication du Sida à l’horizon 2030, risque de ne pas être atteint face aux inégalités économiques, sociales, culturelles et juridiques qui entravent la lutte contre le VIH. Toute chose qui devrait donc amener l’Afrique à envisager d’autres pistes de solutions et de partenariats, notamment avec la Chine dont la coopération avec le continent noir, sort sans doute renforcée du 8e Forum sino-africain qui vient de refermer ses portes à Dakar au Sénégal.
CBS