COUR ASSIDUE DES GRANDES PUISSANCES AU CONTINENT NOIR : Parler d’une seule voix pour en tirer profit
L’année 2023 semble être l’année de l’Afrique comme le dit l’artiste ivoirien Kerozen dans l’une de ses chansons. En effet, en l’espace de quelques mois, le continent noir a reçu la visite de hauts responsables des grandes puissances comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Russie, la Chine, la France, pour ne citer que celles-là. A cela, il faut ajouter la tenue de rencontres de haut niveau auxquelles l’Afrique a été conviée et au cours desquelles des promesses mirobolantes lui ont été faites. Cas des Etats-Unis d’Amérique qui ont décidé, lors du Sommet de Washington, en décembre 2022, de consacrer 55 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans. Autant dire que c’est une véritable cour assidue que les grandes puissances font à l’Afrique. Mais elle risque de sortir perdante tout simplement parce qu’elle ne parle pas toujours d’une seule voix face à ces grandes puissances. L’Afrique devrait pouvoir poser clairement ses conditions face à ceux qui lui font la cour comme une jeune fille à qui on veut conter fleurette. Mais force est de constater qu’elle n’y arrive pas. Et si l’Afrique se montre incapable de le faire, c’est parce qu’elle a raté le coche dès le départ. D’abord, elle n’a pas su profiter avec l’Afrique occidentale française et l’Afrique équatoriale française, qui étaient des cadres bien organisés par le Blanc pour l’exploiter. A défaut de maintenir ces regroupements après le départ du colon pour en faire de puissants instruments de défense de ses intérêts, l’Afrique avait, au moins, le devoir de créer un cadre fédérateur puissant à même de lui permettre de négocier d’égal à égal avec les grandes puissances. Certes, il y a eu la création de l’Organisation de l’unité africaine devenue Union africaine (UA). Mais que vaut aujourd’hui cette organisation ?
Il est temps que l’Afrique se réveille
Elle n’est ni plus ni moins qu’un ‘’machin’’ incapable d’assurer même son fonctionnement sans l’aide extérieure. Or, tant que l’Afrique restera divisée, elle ne pourra que servir les intérêts des autres puissances au détriment de son propre développement. L’union fait la force, dit-on. Mais c’est à se demander si le continent noir en est conscient ou s’il est prêt à y aller. En effet, depuis les indépendances, les pays africains ne parviennent pas à se mettre ensemble pour défendre leurs intérêts communs, laissant ainsi le champ libre au pillage de leurs immenses richesses par les grandes puissances. Il est temps que l’Afrique se réveille pour amorcer enfin son développement économique, social et politique. A défaut de réaliser les Etats-Unis d’Afrique qui auraient pu constituer un véritable catalyseur pour la réalisation des grandes ambitions du continent, ses dirigeants pourraient au moins travailler à avoir des politiques communes, ne serait-ce que par entités géographiques. Pourquoi n’irait-on pas dans la dynamique de l’Union européenne qui constitue aujourd’hui un véritable instrument de domination au regard de sa puissance politique et économique ? L’Afrique est une terre bénie et cela, personne ne saurait le contester, au regard de l’abondance de ses ressources naturelles. Mais paradoxalement, c’est le continent où l’on trouve le plus de pauvres. Et cela devrait interpeller ses dirigeants. Mais hélas ! On a comme l’impression que certaines têtes couronnées du continent se plaisent dans cette situation parce qu’elle leur permet d’utiliser cette masse de pauvres comme du bétail électoral.
Malheureusement, le continent manque cruellement de dirigeants de la trempe de Senghor du Sénégal ou Julius Nyerere de la Tanzanie. Ceux qui ont voulu leur emboiter le pas ont été soit chassés du pouvoir par la force avec la bénédiction des grandes puissances, ou tués, à l’image du capitaine Thomas Sankara.
Dabadi ZOUMBARA