HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE ET DANS LE MONDE : Quand la France ravit la vedette à l’Amérique

LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE ET DANS LE MONDE : Quand la France ravit la vedette à l’Amérique


C’est certainement un tournant important dans la lutte contre les terroristes de l’Etat islamique (EI). Le fleuron de la marine française, le porte-avion Charles-de-Gaulle, est rentré dans la danse. Les Français ont déployé cet important navire de guerre dans le Golf persique, en appui à la coalition qui combat l’EI en Irak et en Syrie. L’arrivée de ce mastodonte des eaux aux côtés du Carl Vinson de l’US Navy, pourra décupler les capacités militaires de la coalition. En d’autres termes, l’EI n’a pas de quoi se réjouir. La coalition pourra avoir beaucoup plus de marges de manœuvres. Elle pourra, par exemple, permettre aux équipages engagés depuis longtemps dans cette guerre, de faire un peu relâche et de faire décoller, au besoin, plus d’avions en vue de bombarder les positions de l’EI.

La lutte contre le terrorisme en Afrique ne devrait pas être considérée comme l’affaire de la France seule

Ce renforcement de la force de frappe des troupes internationales qui combattent ces extrémistes, fera, à n’en point douter, plein de dégâts dans les rangs de ces derniers. On peut dire que face à une telle puissance de feu, les hommes de Al Bagdadi vont se chercher dans tous les sens du terme.

Mais si le déploiement du Charles-de-Gaulle est la contrepartie pour que les Français aient le soutien des Américains en Afrique comme il se susurre dans certains milieux, c’est un deal malsain. Car la lutte contre le terrorisme en Afrique, comme c’est d’ailleurs le cas partout dans le monde, ne devrait pas être considérée comme l’affaire de la France seule. Il est évident que dans les mobiles de l’engagement de la France contre les islamistes qui écument le Sahel et contre Boko Haram, il y a la volonté de préserver des intérêts de l’Hexagone sur le continent africain. Ce qui est normal du reste. Mais, des grandes puissances, il n’y a pas que la France seule qui ait des intérêts en Afrique, qui seraient mis à mal par les terroristes. Les Américains, les Britanniques et les Chinois possèdent également d’énormes intérêts en Afrique. Pourtant, ils sont moins actifs dans cette lutte antiterroriste sur le continent africain. Du reste, Boko Haram sévit surtout dans un pays anglophone, un pays du Commonwealth. Ce qui devrait susciter au moins un peu plus de solidarité des Britanniques à l’égard du Nigeria. On peut penser également aux difficultés économiques actuelles de la France et à sa quête d’une embellie dans ce domaine. D’où peut-être la démultiplication de ses efforts pour vendre des armes, du matériel militaire, comme ce fut le cas récemment avec l’Egypte, concernant les rafales. Mais là aussi, la France n’est pas le seul pays occidental à faire la course aux contrats, en matière de livraison d’armes et d’autres matériels militaires dans le monde. Beaucoup d’autres grandes puissances en font un des maillons essentiels de leurs activités commerciales internationales.

C’est dire que le seul argument des intérêts français à préserver, est insuffisant pour justifier tant d’engagement de la France dans cette croisade contre le terrorisme dans le monde. Il faut reconnaître qu’en plus de ces impératifs économiques, de ces intérêts en jeu, la France sent aussi un devoir de combattre l’extrémisme au nom des valeurs de liberté, de démocratie, de respect des droits de l’Homme qu’elle incarne. Le refus de la France de restreindre les libertés individuelles comme l’ont fait les Américains à travers le Patriot Act suite aux attentats du 11 septembre 2001, malgré les menaces qui pèsent sur elle, rappelle, si besoin en  est encore, son profond attachement à la liberté. Or, l’EI, c’est l’anti liberté incarnée, le censeur pour ne pas dire le bourreau de la liberté de l’être humain. On ne peut donc nier que la France soit engagée dans ce combat, également au nom de ses idéaux séculaires.

Hollande est plus populaire dans les pays que la France a arrachés des serres des islamistes

En ce qui concerne le recours au Charles-de-Gaulle, on imagine bien que les Français n’ignorent pas les risques qu’ils prennent en déployant un tel fleuron dans cette partie du monde si trouble. Ils savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’une quelconque attaque des « illuminés ». Mais, ils ont voulu envoyer un message fort. Cette décision est à la hauteur de leur détermination à mettre hors d’état de nuire les terroristes. Et comme l’EI a son quartier général aux confins de l’Irak et de la Syrie, c’est là qu’il faut lui porter l’estocade. Comme on le sait, ce mouvement djihadiste a tôt fait d’éclipser son sinistre prédécesseur dans le hit parade de l’extrémisme, de la barbarie. Face à ces « fous d’Allah », les « illuminés » d’Al Qaida sont devenus, à la limite, des enfants de chœur. En tout cas, tant que l’EI prospérera, le péril islamiste aura le vent en poupe aux quatre coins du monde. Des sectes sanguinaires comme Boko Haram ont leurs pénates dans la grande maison du terrorisme mondial dont l’EI est devenu le porte-flambeau. Il faudra couper la racine du mal, pour que les branches et les feuilles, en Afrique et dans d’autres parties du monde, flétrissent et tombent. C’est le sens et l’importance de cette grande mobilisation contre l’EI en Irak et en Syrie.

On assiste à une sorte de passage de témoin dans la lutte contre le terrorisme mondial. Il n’est un secret pour personne que les Etats-Unis d’Amérique sont l’ennemi numéro un des islamistes radicaux. Pour ces extrémistes, le pays de l’Oncle Sam est le diable en chef. Tant et si bien que ce pays et ses intérêts constituent pour eux des cibles privilégiées. Pourtant, l’Amérique de Barack Obama, comme c’est du reste la tendance chez les démocrates de façon générale, ne montre pas beaucoup d’engagement militaire hors de ses frontières. On en veut pour preuve le cas de la Syrie où les autorités françaises ont dû se raviser. Elles défendaient l’idée d’une intervention militaire contre le régime de Bachar el Assad, mais elles n’ont pas trouvé d’écho favorable chez les yankees, pourtant naguère réputés prompts à jouer le gendarme dans le monde. Hollande qui est plus populaire dans les pays que la France a arrachés des serres des islamistes que dans son propre pays, et qui a vu sa cote de popularité monter d’un cran suite à la bonne réaction face à l’attentat contre Charlie Hebdo, sait combien les populations ont besoin de voir les leaders à l’œuvre pour anéantir les terroristes. C’est certainement ce qui le conforte dans son action. En tout état de cause, la France ravit de plus en plus la vedette aux Etats-Unis d’Amérique, dans la lutte contre le terrorisme tant en Afrique que dans le reste du monde. En d’autres termes, elle agit plus pour la sécurité mondiale et c’est tout à son honneur.

« Le Pays »


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