INVESTITURE DE FAURE COMME CANDIDAT A LA PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : Le grand saut dans l’inconnu
Comme on pouvait s’y attendre, l’Union pour la république (UNIR), parti au pouvoir au Togo, a désigné, le 25 février dernier, Faure Gnassingbé pour être candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle de 2015. Cela, malgré la situation sociopolitique tendue dans le pays. L’opposition et la société civile, durant toute l’année, se sont réunies autour du slogan « Sauvons le Togo », à travers des manifestations et des mobilisations de taille dans tout le pays. La population togolaise, s’inspirant d’une certaine façon de l’exemple burkinabè, voulait en finir avec la dynastie Gnassingbé. Mais tout ce tapage n’a pas émoussé la détermination de Faure à demeurer au pouvoir. Comme quoi, « le chien aboie et la caravane passe », n’en déplaise à tous ces Togolais qui ne veulent plus voir Faure Gnassingbé, même en peinture. C’est à se demander si le prince régnant togolais a de la considération pour son peuple.
La division constatée au sein de l’opposition togolaise, à laquelle le pouvoir togolais n’est certainement pas étranger, la relecture du nouveau code électoral qui fait la part belle au camp présidentiel et le choix de la date du 15 avril prochain pour la tenue du scrutin sont autant de signaux qui traduisent fort bien la volonté de Faure de ne pas céder d’un iota. Ainsi donc, Faure aura tout mis en œuvre pour sortir vainqueur de ce scrutin. D’autant qu’il a travaillé à obtenir que la présidentielle se déroule en un seul tour. Mais faut-il plaindre cette opposition qui n’a jamais réussi à parler d’une seule voix? Assurément, non. Car, une fois encore, elle ouvrira un large boulevard au président sortant.
C’est l’alternance qui s’en trouve ajournée
C’est dire que l’opposition togolaise vient de rater le virage de l’alternance. Et une fois de plus, en cause : les ego surdimensionnés, chacun préférant être tête de rat que queue de lion. C’est sûr, cette présidentielle à un seul tour fera l’affaire de Faure. Ce scrutin a toutes les chances de passer pour une simple formalité pour le président sortant, candidat à sa propre succession. Où va le Togo ? Cette question mérite d’être posée, d’autant que cette nouvelle investiture de Faure apparaît comme un saut dans l’inconnu. En attendant, on a envie de dire que c’est l’alternance qui s’en trouve ajournée. Ceux qui caressaient le rêve de voir le Togo débarrassé de la dynastie Gnassingbé, risquent d’en avoir encore pour leurs frais. Le peuple togolais vivra pour longtemps encore sous la férule des Gnassingbé. Et puis, dans quel genre de république sommes-nous, si ce n’est dans une république bananière, à l’image de la république du « Gondwana » ? Car, comment comprendre que ce soit dans le village natal du président, à Pya, que l’on décide de fixer la date des élections, à l’occasion d’un Conseil des ministres extraordinaire? Et c’est encore dans ce même village que Faure a été désigné pour être candidat à sa propre succession. Comme quoi, le culte de la personnalité, le régionalisme et le l’ethnocentrisme sont des valeurs propres aux dictateurs.
Adama SIGUE