HomeA la uneALTERNANCE AU BOTSWANA : Un exemple qui doit inspirer  

ALTERNANCE AU BOTSWANA : Un exemple qui doit inspirer  


Historique ! Ainsi peut-on qualifier la victoire de l’opposition botswanaise qui a remporté, le 1er novembre dernier, la majorité parlementaire aux élections générales du 30 octobre dernier. Ce qui lui ouvre les portes du pouvoir pour la première fois de l’histoire du pays, en 58 ans d’indépendance. Et cette victoire est d’autant plus mémorable qu’elle marque la fin de six décennies de pouvoir sans partage du Parti démocratique du Botswana (BDP), aux affaires depuis l’indépendance du pays en 1966. Une situation inimaginable dans bien de nos républiques bananières où la fin justifie les moyens et où la tendance est à la modification de la Constitution et à la conservation du pouvoir par tous les moyens. Toujours est-il que le triomphe inattendu de l’opposition botswanaise, est la preuve qu’il ne faut pas totalement désespérer de la démocratie en Afrique. C’est aussi la confirmation qu’avec beaucoup d’abnégation et de persévérance, le changement est toujours possible quand les règles du jeu ne sont pas biaisées. En tout cas, le fait est suffisamment rare pour être souligné sous nos tropiques où, en plus de paraître comme l’une de ces exceptions qui confirment la règle, l’alternance au Botswana est, plus qu’une petite éclaircie dans un ciel sombre, un îlot d’espoir pour la démocratie sur le continent noir. Et elle est d’autant plus un exemple qui doit inspirer qu’en plus de reconnaître sa défaite avant même la proclamation officielle des résultats, le président sortant s’est engagé à « démarrer toutes les procédures administratives pour faciliter la transition ». Et d’ajouter : « Nous sommes tout à fait heureux de nous retirer pour devenir une opposition loyale qui demande des comptes au gouvernement ». Une attitude hautement républicaine qui en dit long sur le degré de maturité politique des Botswanais. Au-delà, c’est toute la classe politique botswanaise dans son ensemble, qui est à féliciter pour sa haute compréhension des règles du jeu démocratique et son engagement à les respecter. C’est le lieu de saluer la force des institutions du pays, qui ont su rester à équidistance des chapelles politiques et qui brillent par la transparence d’un scrutin qui ne fait l’objet d’aucune contestation. C’est la preuve qu’en Afrique, on n’organise pas des élections uniquement pour les gagner, comme le soutenait l’ancien président gabonais, feu Omar Bongo. Toujours est-il que par cette alternance pacifique qui est l’expression de la volonté du peuple dans sa soif de changement, le Botswana donne la preuve que, loin d’être un luxe pour l’Afrique, la démocratie n’est pas en cause sur le continent noir. Mais c’est plutôt le manque de démocrates convaincus dans l’âme, qui fait le malheur de l’Afrique. Pour le reste, il appartient au BDP de tirer leçon de sa bérézina électorale, pour se donner des chances de rebondir aux prochaines consultations populaires. Lui qui a vu sa popularité décliner au fil des décennies et qui n’a pas su lire les signes des temps, quand se multipliaient à son encontre, les accusations de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion. En tout état de cause, en manquant de décrypter convenablement le message du peuple, le président Mokgweetsi Masisi et son gouvernement apprennent à leurs dépens, la perte d’un pouvoir qu’ils croyaient encore tenir fermement en main, et qu’ils ne voyaient pas venir. Comme quoi, l’usure du pouvoir, quand on n’y prend garde, peut rendre souvent ses tenants sourds et aveugles face aux alertes du peuple. Quant à l’opposition, le plus dur commence pour elle. Car sa responsabilité est grande devant l’Histoire. Et à l’épreuve du pouvoir, elle doit d’autant plus se montrer à la hauteur de la tâche et de la confiance du peuple, qu’après l’euphorie de la victoire, la réalité du terrain ne manquera pas de s’imposer à elle. Autant dire que le plus grand défi pour les nouveaux arrivants, est de maintenir le pays à flots en travaillant à faire mieux que leurs prédécesseurs dans une volonté de résorber les inégalités sociales. En rappel, le système botswanais est un régime parlementaire où le parti arrivé en tête lors des législatives, remporte le graal. En remportant 35 des 61 sièges du parlement, Umbrella for democratic change (UDC), le principal parti d’opposition, devient le deuxième parti à accéder au pouvoir dans ce petit pays d’Afrique australe où plus d’un million d’électeurs étaient appelés aux urnes sur une population de 2,6 millions d’habitants. Son dirigeant, Duma Boko, avocat et opposant historique de 54 ans, a prêté serment dans la foulée, devant la plus haute Cour du pays, pour devenir le prochain président, en attendant de prendre officiellement fonction à une date qui reste encore à déterminer.

 

« Le Pays »

 

 


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