80E ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE THIAROYE AU SENEGAL : Emmanuel Macron franchira-t-il le pas ?
1er décembre 1944- 1er décembre 2024. Cela fera bientôt 80 ans qu’ont eu lieu les événements de Thiaroye au Sénégal au cours desquels des soldats d’origine subsaharienne enrôlés dans l’armée française, ont été massacrés. La raison ? La voici : ces tirailleurs sénégalais, ainsi qu’on les appelle, ont été trucidés parce qu’ils réclamaient leurs arriérés de soldes. Combien étaient-ils exactement ? Qui a donné l’ordre de les abattre comme des lapins ? Autant de questions qui, en dépit du long temps qui s’est écoulé, restent encore sans réponses. Même si Paris se veut rassurante en affirmant avoir transmis à Dakar, depuis 2014, toutes les archives qu’elle possède sur ce massacre, le flou persiste. Si fait que soupçonnant que certains documents ont été délibérément gardés secrets, le Sénégal, en prélude à cet anniversaire qui sera aussi bien un acte de mémoire que de souveraineté, entend faire toute la lumière sur cet épisode sombre de la période coloniale. C’est dans ce sens qu’il a dépêché en France, une équipe d’experts aux fins d’explorer les fonds documentaires existants. Pour une mission délicate et difficile, c’en est une. Car, l’on se demande bien comment les experts sénégalais pourront avoir accès à des documents gardés secrets par Paris, si tant est qu’ils existent. Toutes proportions gardées, on est tenté de dire qu’il est plus facile de soulever le Fouta Djalon que de réussir une telle mission.
Il revient au président Macron de savoir jouer le jeu
A moins que dans le souci de soigner son image en vue de se rapprocher davantage de ses anciennes colonies, la France en décide autrement en acceptant de coopérer avec le Sénégal dont les dirigeants n’ont eu de cesse de clamer leur double engagement souverainiste et panafricaniste. Ce n’est pas impossible. Car, n’est-ce pas d’ailleurs dans ce sens que s’inscrivait la démarche du président, Emmanuel Macron qui, en juillet dernier, avait élevé à titre posthume six tirailleurs sénégalais reconnus désormais morts pour la France ? La suite, on la connaît. Si certains avaient vite fait de saluer un geste mémorial, les nouvelles autorités sénégalaises y voyaient une forme de condescendance. Elles reprochent, quant à elles, au chef de l’Etat français son approche non participative. C’est dire donc que de la suite des évènements pourrait dépendre l’orientation que prendront les relations entre la France et le Sénégal. Cela dit, il revient au président Macron de savoir jouer le jeu en acceptant de reconnaître officiellement la répression sanglante de Thiaroye. Ainsi, il restera, après François Hollande qui avait reconnu la responsabilité de la France, le président qui aura franchi le pas là où les autres ont toujours hésité dans l’affaire du massacre de Thiaroye. Aura-t-il le courage de le faire ? Le 80e anniversaire donnera-t-il lieu à la clarification ? On attend de voir.
B.O