HomeA la uneAPPEL A DES ELECTIONS APAISEES EN 2025 EN RCI : Le sermon des évêques sera-t-il entendu ?  

APPEL A DES ELECTIONS APAISEES EN 2025 EN RCI : Le sermon des évêques sera-t-il entendu ?  


Il n’est certes pas nouveau, mais il retentit aujourd’hui encore comme un coup de semonce de l’Eglise catholique, à moins d’un an de la présidentielle d’octobre 2025 qui déchaîne déjà les passions sur les bords de la lagune Ebrié. Il s’agit de l’appel de la Conférence épiscopale invitant les Ivoiriens, principalement la classe politique, à « agir sur tous les leviers qui garantissent des élections justes, transparentes, crédibles, inclusives et paisibles ». Une déclaration qui porte les inquiétudes et les interrogations de la société ivoirienne à l’approche des élections de l’an prochain, et qui ne saurait laisser indifférent dans le contexte particulier de la Côte d’Ivoire où l’année 2025 est considérée comme une année particulièrement sensible. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en prenant les devants pour sonner l’alerte, en attirant l’attention des gouvernants, des partis politiques et de l’opinion nationale sur les dangers qui guettent la Côte d’Ivoire, l’Eglise catholique est dans son rôle. Comme toutes ces autres voix de la société civile et autres confessions religieuses qui se montrent toutes aussi préoccupées par les élections à venir, au regard de l’histoire politique plutôt agitée et encore récente du pays d’Houphouët Boigny.

 

On connaît les enjeux de la présidentielle de 2025 qui se profile à l’horizon

 

L’Eglise catholique a non seulement toujours eu son mot à dire et affiché sa position en termes de contribution au renforcement de la cohésion sociale et de la gouvernance, mais elle a été aussi, dans bien des situations et de crises politiques sous nos tropiques sollicitée pour recoudre le tissu déchiré si ce n’est pour jouer un rôle majeur dans les transitions devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel normal. C’est dire combien ces hommes de Dieu se sentent concernés par la question de ces élections au point qu’ils se sentent toujours le devoir de joindre leurs voix à celles de tous ceux qui craignent le pire et préfèrent prévenir que guérir. La question qui se pose est de savoir si l’homélie des prélats sera entendue. La question est d’autant plus fondée qu’ici comme ailleurs sur le continent noir, on n’a pas toujours pris la pleine mesure de ce genre d’alertes des religieux quand certaines de leurs prises de position qui gênent parfois aux entournures, ne sont pas qualifiées d’ingérence. Et dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, on connaît les enjeux de la présidentielle de 2025 qui se profile à l’horizon, sur fond de tensions à peine voilées, au regard des ambitions qui s’affichent, de plus en plus, au grand jour. Et aujourd’hui encore, la Côte d’Ivoire retient son souffle comme à chaque élection depuis 2010. Un scrutin qui avait plongé le pays dans une crise postélectorale sans précédent avec ses trois mille morts, et dont les plaies peinent encore à se cicatriser. Quinze ans après, l’atmosphère sociopolitique reste encore fortement marquée par les mêmes rivalités entre pratiquement les mêmes acteurs politiques qui ne jurent tous que par la reconquête ou la conservation du pouvoir par tous les moyens.

 

La société ivoirienne a besoin d’un véritable réarmement moral

 

Et dans ce choc des ambitions, il paraît encore bien prématuré de dire qui aura le dernier mot. Tant, du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui n’a encore rien dit de ses intentions de briguer ou non un autre mandat, à son rival de toujours, l’ancien président Laurent Gbagbo qui a déjà accepté de porter la candidature de son parti le PPA-CI (Parti des peuples africains- Côte d’Ivoire), en passant, entre autres, par Charles Blé Goudé, Guillaume Soro qui reste en embuscade depuis son exil, la lutte s’annonce plutôt âpre. C’est dire toute la portée de cet appel de l’épiscopat ivoirien, qui vise à préserver le pays d’une résurgence des démons d’un passé encore récent. Et ce, dans un contexte où la perte des valeurs dénoncée par les évêques au sein de la société ivoirienne, va au-delà de certains travers spécifiques pour se retrouver dans la prévarication des biens de l’Etat autant que dans le non-respect du bien public.  Autant dire qu’au-delà des questions politiques, la société ivoirienne, comme du reste, un peu partout sur le continent noir, a besoin d’un véritable réarmement moral pour mieux faire face aux défis de l’heure. Et ce, dans un contexte où les acteurs politiques aiguisent les couteaux en cette période préélectorale. L’Eglise catholique pourra-t-elle redresser la barre ? Là est toute la question.

 

« Le Pays »


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