HomeA la uneVICTOIRE DU MPS AUX LEGISLATIVES TCHADIENNES ET DEPART DES SOLDATS FRANÇAIS D’ABECHE : Le ciel est désormais dégagé pour Deby-fils

VICTOIRE DU MPS AUX LEGISLATIVES TCHADIENNES ET DEPART DES SOLDATS FRANÇAIS D’ABECHE : Le ciel est désormais dégagé pour Deby-fils


Pari réussi pour le Mouvement patriotique du salut (MPS) au pouvoir au Tchad, pour avoir réussi à se faire plébiscité lors des récentes élections législatives, en profitant de la fragmentation d’une opposition hétéroclite qui a toujours existé, à coup d’alliances fragiles, et dont la base sociale s’est outrageusement resserrée depuis que les uns ont appelé à voter et les autres à boycotter le scrutin qui consacre le retour effectif à une vie constitutionnelle normale au Tchad. Les résultats sont donc sans appel, d’autant que le parti du Maréchal du Tchad a remporté, selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale, 124 des 188 sièges, laissant la portion congrue à 37 autres partis issus essentiellement de l’opposition dont le choix de la stratégie a été jugé par bon nombre de Tchadiens, comme électoralement peu efficace.

 

Dès la confirmation de ces résultats par le Conseil constitutionnel, le président Deby pourra mettre en œuvre ses engagements

 

 

Depuis le rétablissement du multipartisme en 1990, le MPS a systématiquement gagné les élections dont il assure l’organisation et la proclamation des résultats, et ce n’est pas cette fois-ci où le président cherche à asseoir sa légitimité en tant que président élu, que le parti au pouvoir va lésiner sur les moyens pour parvenir à ses fins. Dès la confirmation de ces résultats par le Conseil constitutionnel qui donnera un vernis démocratique et pluraliste au Tchad, la voie sera désormais dégagée pour le président Deby qui pourra tranquillement mettre en œuvre ses engagements. Quant à l’opposition, muselée et violemment réprimée, elle risque d’assister impuissante à la débandade dans ses rangs, avec la transhumance probable de certains de ses caciques et politiciens de poids, vers les pâturages verts du MPS, en raison de leur frustration suite au choix de leurs leaders de bouder le scrutin par exemple. En tout état de cause, cette politique de la chaise vide pratiquée notamment par son leader Succès Masra, pourrait lui être nuisible à terme, d’autant que même ceux qui ont pris part à la compétition et qui se sont partagé les miettes des suffrages, seront considérés comme quantité négligeable à l’Assemblée nationale. De ce fait, ils ne pourront ni contrôler, ni bloquer l’action gouvernementale, et il en sera ainsi jusqu’aux prochaines élections auxquelles leur plus que probable challenger, le Maréchal du Tchad, prendra part avec la plus grande tranquillité, sauf extraordinaire retournement de situation. Déjà, il fait montre de sérénité au point qu’il a décidé de se débarrasser de l’armée française qui a servi de parapluie nucléaire pour le Tchad six décennies durant. Et pour cause : sa propre armée a atteint un niveau de professionnalisme qui lui permet de défendre son territoire, sans recourir aux services de ses partenaires habituels.  Deux emprises militaires ont déjà été rétrocédées au Tchad, la dernière en date étant celle d’Abéché que les Français avaient installée en 1978 pour aider le gouvernement tchadien d’alors à faire face aux rebellions du Nord et de l’Est, et à l’armée de Kadhafi qui tentait d’annexer la bande d’Aouzou au motif que cette dernière ferait partie de la Libye.

 

 

L’armée tchadienne sera-t-elle à la hauteur des défis sécuritaires à relever ?

 

Les autres bases ont jusqu’au 31 janvier 2025 pour quitter le pays que beaucoup considéraient comme le chouchou de la France. Dans le contexte actuel où les risques de rebellions existent toujours et avec la guerre fratricide chez le voisin soudanais, qui risque de déborder au Tchad, il faut avoir une bonne dose de confiance en soi pour demander à un partenaire qui a permis aux différents régimes depuis des décennies de sauver les meubles, de rentrer chez lui. L’histoire nous rappelle tout de même que c’est la France qui avait sauvé le régime d’Hissène Habré lors des agressions de l’armée libyenne au début des années 80 à travers les opérations Manta et Epervier, c’est encore elle qui, en 2006, 2008 et 2019 était allée à la rescousse du régime vacillant d’Idriss Deby, sans oublier l’intervention de ses Mirage 2000 en 2021 pour bombarder les rebelles qui étaient en train de fondre en colonnes couvrées, sur Ndjamena. Si malgré cet interventionnisme salvateur pour les différents régimes y compris celui de l’actuel président, ce dernier décide de couper le cordon ombilical, il est peut-être sûr de son fait, et qu’il ne le fait pas seulement pour être dans l’air du temps. Avec toute la réputation de l’armée tchadienne, c’est quasiment une humiliation que plus de 60 ans après les indépendances formelles, le pays soit obligé de faire appel à la puissance colonisatrice pour défendre ses frontières. On attendra de voir si cette armée dont on dit qu’elle est l’une des plus puissantes en Afrique, sera à la hauteur des défis sécuritaires à relever, avant de dire si le Maréchal du Tchad a posé un acte patriotique hautement louable, ou s’il a juste fait du mimétisme qui risque de coûter cher à la stabilité de son pays.

 

« Le pays »


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