HomeA la uneADAMA KANAZOE, PRESIDENT DE L’AJIR A PROPOS DES MEMBRES DE LA CODER : « Ils sont animés d’un esprit de cupidité et de mendicité à peine voilé »

ADAMA KANAZOE, PRESIDENT DE L’AJIR A PROPOS DES MEMBRES DE LA CODER : « Ils sont animés d’un esprit de cupidité et de mendicité à peine voilé »


Dans les lignes qui suivent, Adama Kanazoé, président de l’AJIR et par ailleurs conseiller spécial du Président du Faso, nous donne son point de vue sur divers sujets de l’actualité nationale. Il s’agit, entre autres, de la démarche de la CODER en matière de réconciliation nationale, du meeting de l’opposition prévu pour se tenir le 27 avril prochain, et de l’arrestation de l’opérateur économique Inoussa Kanazoé. Lisez plutôt.

 

« Le Pays » : Dans votre dernière sortie, vous avez estimé que la CODER  a imposé au sein de l’opinion un débat inutile. Pourquoi ?

 

Inoussa Kanazoé : L’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) qui est composée de trente-et-un (31) partis politiques soutenant le programme du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a, en effet, donné très récemment sa lecture de la situation sociopolitique nationale à travers un communiqué de presse. C’est très certainement à cette missive politique que vous faites allusion à travers votre question. En effet, à l’instar de nombreux Burkinabè, c’est avec beaucoup de stupéfaction que l’APMP a constaté qu’un conglomérat de partis politiques, hier encore bourreaux de notre peuple, s’étaient autoproclamés apôtres de la réconciliation nationale. Cette posture, si elle n’a rien de mauvais en soi, est pour le moins anachronique, car le peuple burkinabè n’a pas eu besoin de ces donneurs de leçons si réfractaires eux-mêmes à en recevoir, pour faire le choix clair du pardon et de l’unité de ses filles et de ses fils. La nation entière est dans cette dynamique de réconciliation et plusieurs actes forts ont déjà été posés dans ce sens. Premièrement, nous citerons l’élection même, par une majorité écrasante de Burkinabè, du Président Roch Marc Christian Kaboré dont le programme politique stipulait clairement la nécessité de réconcilier les Burkinabè entre eux, pour construire ensemble une nation unie et prospère. Nous citerons également l’opérationnalisation du Haut conseil pour la réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN), grâce à la bienveillance du Président du Faso. Un autre acte fort et non des moindres est le renforcement des moyens de la justice et le respect strict de son indépendance pour une justice juste et équitable pour tous, sans stigmatisation, sans a priori, sans chasse aux sorcières. Toutes ces actions sont l’émanation du peuple burkinabè, à travers ses dirigeants et traduisent clairement notre volonté commune de vivre ensemble. C’est une attitude naturelle, spontanée et quasi impérieuse pour notre nation qui n’a besoin ni de fanfares, ni de trompettes, surtout de la part de ceux qui, par leur couardise et leur cupidité, ont bien failli mettre en péril la cohésion nationale.

 

Quelle est, selon vous, la meilleure option pour parvenir à la réconciliation tant recherchée ?

 

Sans ambages, au niveau de l’APMP, nous sommes pour une réconciliation construite autour du triptyque Vérité-Justice-Réconciliation. Ce modèle de réconciliation qui fait l’unanimité au sein de l’opinion nationale et qui est l’option choisie par le président du Faso est, à notre sens, le seul viatique. Il n’est pas envisageable, une seule seconde, que la nation passe par pertes et profits toutes ces victimes d’injustice, d’assassinats, de mutilations,… au nom d’une sacro-sainte réconciliation qui n’aura de pareille que la sulfureuse Journée nationale du pardon qu’a tenté vainement d’imposer au peuple le régime Compaoré. J’ai entendu des membres de la CODER citer des exemples de réconciliation réussis en omettant de mentionner que l’étape 1 de toute réconciliation reste le mea culpa. Dans le cas du Burkina Faso, les bourreaux d’hier sont dans le déni de leurs responsabilités. Certains poussent le bouchon plus loin encore en qualifiant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 de coup d’Etat. Ces négationnistes, sous d’autres cieux, auraient été voués aux gémonies par le peuple dont les meurtrissures sont  encore béantes.  Tous autant qu’ils sont, ils reconnaissent du bout de leurs lèvres hypocrites leurs responsabilités, mais ne ratent pas une occasion de remettre en cause le combat de libération du joug Compaoré mené par notre peuple, les mains nues.

 

Donc, vous ne faites pas confiance en la démarche de la CODER ?

 

C’est pour cela qu’il faille absolument que nous passions par la case vérité et justice, afin d’élucider tous ces crimes qui hantent notre mémoire collective et l’empêchent d’avancer sereinement. Alors, nous pourrons nous pardonner sincèrement et reprendre la dynamique du développement économique et social.

 

D’aucuns pensent que la CODER doit être dissoute. Partagez-vous cet avis ?

 

La liberté d’association est consacrée par notre Constitution et les gens ont le droit de se réunir, tant que les objectifs visés ne sont pas prohibés par la loi.

 

« La CODER est déjà disqualifiée »

 

Mais qu’à cela ne tienne, pour nous, la CODER est déjà disqualifiée dans la mesure où elle est vomie par l’opinion et pis, elle est rejetée par les victimes de l’insurrection et leurs familles. Son péché originel, c’est sa composition. Certains responsables de ce rassemblement ne brillent ni par leur intégrité, ni par leur sincérité. Au mieux, ils sont animés d’un esprit de cupidité et de mendicité à peine voilé. Au pire, ils vouent au peuple insurgé une haine viscérale et lui nient secrètement toute légitimité.  Ensuite, il y a la démarche qui a fini de décrédibiliser la CODER. En effet, qu’est-ce qui, en dehors d’un manque de sincérité, d’une attitude hypocrite et d’un comportement méprisant, peut expliquer que la CODER mette un point d’honneur à rencontrer tout le monde sauf les parents des victimes et leurs parents ? Par deux fois, sur la base d’arguments fallacieux, la CODER n’a pas daigné respecter son tête-à-tête avec les victimes. Aujourd’hui, ces dernières demandent sa dissolution, preuve que ce machin suscité et financé par des officines aux desseins lugubres, n’a aucune légitimité et est une coquille vide. Le HCRUN dont la mission est de proposer le plan de réconciliation nationale au Burkina Faso, reste la seule structure légitime pour mener à bien ce processus.

 

Le CFOP organise, le 29 avril prochain, un meeting pour, dit-elle, interpeller le gouvernement sur la nécessité de prendre en compte les préoccupations des populations. Quel commentaire en faites-vous?

 

Dans l’absolu, il n’y a pas à redire d’une telle démarche de l’opposition qui est dans son rôle républicain de contre-pouvoir. Mais, il apparaît évident que Zéphirin Diabré et ses amis très hétéroclites, cherchent ensemble leurs marques. Ils ont besoin de construire ensemble une plateforme minimale qui fédère leurs positions si profondément divergentes. L’objectif final étant de s’accorder sur des arguments de mobilisation des masses, en vue de maintenir une pression permanente sur la majorité. Au fond, dans leur schéma, le CFOP et la CODER feignent d’ignorer le contexte de l’arrivée au pouvoir du président Kaboré, font la sourde oreille face aux crépitements de balles assassines des terroristes dans le Nord de notre pays et la fronde sociale avec les syndicats qui exigent tout, tout de suite et maintenant, au pouvoir. Occultant toutes ces difficultés exogènes et endogènes qui assaillent la majorité au pouvoir et perturbent la mise en œuvre optimale de son programme, le CFOP, dont on pouvait espérer un geste patriotique d’apaisement de la situation en vue de fédérer toutes les forces autour de la mère-patrie, a plutôt fait le choix politicien de surfer sur cette vague pour mobiliser ses partisans et s’extasier sur la situation qu’il qualifie à dessein de « morosité économique ». Nous espérons que les uns et les autres auront également le courage de mentionner dans leurs différentes allocutions, les acquis engrangés par notre peuple en si peu de temps et dans un contexte économique et sécuritaire international difficile. Nous pouvons citer, entre autres, l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre diligente du PNDES qui a bénéficié de la confiance des partenaires du Burkina Faso, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ; l’adoption et l’exécution d’un budget ambitieux assorti d’un budget d’investissement d’environ 1 300 milliards de F CFA contre 300 à 400 milliards auparavant ; le démarrage d’un programme social audacieux avec la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes ; le recrutement de plus de 433 médecins en 2016 sur un effectif de 720 au départ, afin de renforcer la capacité des CHR, CMA et CM de notre pays ; la construction de 142 écoles, de 126 CEG et 26 lycées ; la réalisation de 1481 forages dont 55 en milieu urbain et 1426 en zone rurale ; la relance économique avec un PIB de croissance qui s’établit à 6,2% en 2016 contre  4% en 2014 et 2015 ; l’opérationnalisation de la loi 081 au bénéfice des agents de l’Etat et la promotion du dialogue avec les partenaires sociaux ; les programmes spécifiques d’emplois pour les jeunes et les femmes ; etc.

 

Comment se porte votre parti, l’AJIR qui, selon certaines indiscrétions, n’agit plus ?

 

Notre parti se porte très bien au sein de l’APMP. Il travaille à renforcer ses acquis et à élargir son champ d’influence politique au plan national et international. S’il y a une chose que nous avons apprise en politique, de notre petite expérience, c’est que « seul le terrain paie ». Alors, nous sommes discrètement mais sereinement sur le terrain et au travail. Vous aurez de nos nouvelles très prochainement et vous pourrez vous faire une idée précise de nos ambitions. Du reste, je ne cesserai jamais de féliciter les militants pour le formidable travail accompli en si peu de temps.

 

En tant que conseiller chargé du secteur privé auprès du chef de l’Etat, quelle est votre réaction par rapport à la sortie de certains acteurs du privé pour demander la libération de Inoussa Kanazoé ?

 

Je pense que dans ce dossier Inoussa Kanazoé, le manque de communication a failli entraîner inutilement des difficultés.  Nous avons, hélas, toujours ces problèmes de communication au sein de nos différentes institutions. Face à un peuple aussi alerte qui a combattu et vaincu, les mains nues, un régime et son aile militaire, les responsables se doivent d’adapter leur approche communicationnelle.

 

Vous avez tous vu comment les choses se sont mieux passées suite au point de presse de madame le procureur. Avait-on besoin d’attendre un tel mouvement d’humeur pour communiquer là-dessus ?

 

Il faut communiquer dans le bon timing avec les populations, pour éviter que s’installent la rumeur, les suspicions, …

 

« Il faut faire confiance à notre justice »

 

Pour le reste, il faut faire confiance à notre justice. Si Inoussa Kanazoé est innocent, je ne doute pas une seconde qu’il sera remis en liberté.

 

Adama SIGUE

 

 


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