HomeA la uneADO ET L’IVOIRITE : Il  n’est jamais trop tard pour bien faire

ADO ET L’IVOIRITE : Il  n’est jamais trop tard pour bien faire


 

Le président ivoirien, candidat à sa propre succession, Alassane Dramane Ouattara, a déclaré le 19 octobre dernier, qu’il œuvrerait en faveur d’une réforme constitutionnelle s’il  est réélu à l’issue de la présidentielle du 25 octobre prochain, afin d’abroger la clause sur l’ivoirité. Cette sortie qui sonne comme une réponse à ses détracteurs qui dénonçaient son inertie face à cette question qui avait mis à feu et à sang la Côte d’Ivoire, n’en suscite pas moins des interrogations.  Pourquoi si tard, pourrait-on se demander, en effet ? ADO a d’abord donné la priorité aux infrastructures pour relever la Côte d’Ivoire des ruines de la guerre civile et de la crise post-électorale de 2010. Mais peut-être vient-il de se rendre compte que les infrastructures économiques bâties à coût de milliards de F CFA, sont vouées à une nouvelle destruction si les Ivoiriens ne renouent pas avec le désir de vivre ensemble. Peut-être aussi que tout simplement la conjoncture politique du moment s’y prête. Les géniteurs de l’ivoirité et les leaders qui ont exploité à fond ce concept, sont tous aujourd’hui dans l’incapacité de mobiliser grand monde. Henri Konan Bédié a rallié avec armes et bagages ADO et  a, sans doute, la bouche trop pleine pour tenir des propos cohérents avec sa position affichée dans son livre « les sentiers de ma vie». Robert Guéï gît au cimetière et Laurent Gbagbo est dans les geôles de la Haye. Et comme dit la sagesse africaine, «c’est la tête du serpent qui est dangereuse, le reste n’est qu’une corde ». Quoi qu’il en soit, si ADO revient sur cette question, c’est la preuve qu’elle continue de se poser à la conscience des Ivoiriens. L’effervescence de la scène politique à la faveur de la présidentielle du 25 octobre, l’a démontré : le fantôme de l’ivoirité continue de hanter la maison.  Et qui mieux qu’ADO pour en témoigner, lui qui en a encore fait les frais avec l’escalade des contestations contre sa candidature ?

Espérons qu’ADO n’agit pas par opportunisme politique

En tout cas, il n’est jamais tard pour bien faire. Faut-il encore le rappeler, la monstruosité de l’ivoirité est une aberration de l’histoire. C’est une dangereuse hydre qu’il faut absolument décapiter et enterrer car les peuples biologiquement purs n’existent pas. Mieux, l’histoire récente nous rappelle à souhait que les grandes nations contemporaines sont nées du brassage des peuples qui ont pu transcender leurs différences et unir leurs forces au service du devenir collectif. Le métissage du peuple ivoirien est né de la volonté de ses pères fondateurs. Il est donc temps  que les Ivoiriens arrêtent de mettre l’accent sur ce qui les divise plutôt que sur ce qui les unit. Ils connaissent plus que tout autre, le prix de la paix pour l’avoir payé de leur sang et de leurs larmes. L’ivoirité puise ses racines dans l’ethnicisme, et à ce propos, on ne peut que partager le constat très avisé du Professeur Joseph Ki- Zerbo qui estimait que l’ethnie avait trop fait de mal en Afrique et que les seuls fruits succulents que l’on pouvait en tirer, c’est la culture. Si la nécessité et l’urgence  de régler cette question sont  plus qu’opportunes, le comment est plutôt une véritable équation. La question est d’autant plus importante qu’ADO est la principale victime de ce concept de l’ivoirité et qu’il  peut paraître à la fois juge et partie. Au regard des attentions qu’elle continue de cristalliser, c’est une question à manipuler avec une main de fer mais dans un gant de velours. La seule réforme constitutionnelle pour extirper la clause ne suffira pas. Il faudra panser les blessures nées de cet anachronisme historique et politique et donner à nouveau aux Ivoiriens le sentiment de fraternité et d’appartenance à la même nation. Espérons qu’ADO n’agit pas par opportunisme politique, peaufinant une stratégie pour s’ouvrir une voie pour un troisième mandat. Mais il se défend d’une telle intention et s’engage à ne pas modifier la limite de deux mandats figurant dans la Constitution. Gageons donc que c’est donc dans le souci de donner en legs aux générations ivoiriennes  montantes une terre d’hospitalité et d’espérance, qu’il va ouvrir ce chantier qui est tout un programme de vie pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.

SAHO


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