AFFRONTEMENTS MEURTRIERS A NASSERE : Le MBDHP interpelle les acteurs de la justice
Ceci est une déclaration du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) sur les affrontements meurtriers intervenus en début février à Nasséré dans la province du Bam. Tout en condamnant une telle barbarie, le MBDHP interpelle les acteurs de la justice. Lisez !
Le 1er février 2016, un conflit intercommunautaire opposant des mossis à des peulhs est survenu dans la commune rurale de Nasséré, dans la province du Bam. A l’origine de ce conflit, l’interpellation par le parquet du TGI de Kongoussi de six (6) individus issus de la communauté mossi soupçonnés d’avoir participé au lynchage de Hamadou Sondé décédé des suites de ses blessures. En représailles et pour exiger la libération des leurs, des membres de la communauté mossi ont attaqué des membres de la communauté peulh, occasionnant, en plus de la mort de Hamadou Sondé, d’importants dégâts matériels.
Loin d’être un fait isolé, ce type d’affrontements entre groupes socioprofessionnels et ethniques est assez fréquent dans notre pays. La récurrence de tels conflits occasionne annuellement des dizaines de pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels.
Manga-est (2007), Perkoura (2008), Gomboussougou (2012), Tonkar (2012), Sari au Mali, (mai 2012), Zabré (décembre 2012), Pousg-Ziga (avril 2015), Tougouri Ouin 2015)… Des localités et des périodes dont l’évocation fait froid dans le dos, parce nous renvoyant à des images horribles de cadavres, parfois dénombrés par dizaines, souvent mutilés, suite à des affrontements meurtriers ou à des massacres à plus ou moins grande échelle.
La fréquence de ces conflits constitue une préoccupation majeure et une source d’inquiétudes pour le MBDHP. C’est pourquoi, à plusieurs reprises et dans diverses localités, le Mouvement a interpellé les autorités sur la nécessité de gérer correctement les conflits latents, afin de prévenir de tels affrontements violents.
En effet hélas, la mauvaise gouvernance sur fond de démission de l’Etat constitue la matrice des maux qui minent notre société actuelle, qui charrie bien des dérives identitaires vécues ces dernières années en particulier par nos populations et que l’on a souvent tôt fait de ranger aux registres de conflits « agriculteurs-éleveurs », « autochtones-allogènes », etc.
Notre justice est tout autant interpellée, surtout après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et la résistance victorieuse au putsch manqué du 16 septembre 2015.
Par un passé récent en effet, du fait de sa complaisante et coupable incapacité à se défaire de la domination de l’exécutif, elle a souvent consacré la raison du plus fort, du plus riche et des puissants du moment, par l’iniquité et l’impunité. Voilà pourquoi de nos jours encore, des justiciables ont tendance à tourner le dos à cette justice-là, avec la propension récurrente à privilégier le gourdin ou la machette, comme “outils” de résolution de conflits.
En tout état de cause, le MBDHP privilégie la primauté du droit comme base de règlement des conflits. C’est pourquoi, le Mouvement interpelle les acteurs de la justice ainsi que les autorités politiques et administratives sur leurs responsabilités respectives dans la prévention et la gestion correctes de ces conflits par la bonne application du droit.
Pour l’heure, le MBDHP :
– condamne la multiplication des violences inter et intra-communautaires dans notre pays, avec leur cortège de tueries et autres atteintes aux personnes et aux biens ;
-invite les autorités politiques et administratives à développer davantage toutes initiatives nécessaires à la prévention et à la gestion correctes de ces violences ;
– invite les populations à la retenue et attire leur attention sur les dangers que comportent l’exercice de la justice primitive ainsi que les affrontements intercommunautaires sur la bonne entente et la cohésion entre les diverses composantes socio ethniques de notre pays;
– interpelle une fois de plus les acteurs de la justice sur leur responsabilité dans la bonne application du droit comme base de règlement des conflits communautaires ;
– en appelle à la cohésion entre composantes socio ethniques, élément essentiel du socle sur lequel nous devrions bâtir un Burkina, sauf des pressions et manipulations des forces négatives intra ou extra nationales.
. Halte aux conflits intercommunautaires au Burkina !
. Oui à la coexistence pacifique entre composantes socio ethniques de notre pays !
Ouagadougou, le 09 février 2016
Le Comité exécutif national
Thiombiano Moussa
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Vivement que l’autorité de l’Etat soit restaurée car comme l’affirme un grand penseur,”Si l’Etat est fort, il nous écrase, mais s’il est faible, nous périssons!”
13 février 2016