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ALLOCUTION DE MOUSSA FAKI MAHAMAT


 Un message qui ira s’écraser contre le mur de l’indifférence des grands de ce monde

Une statue de Nelson Mandela, la main levée vers le ciel, dévoilée à l’ouverture de la 73e Assemblée générale des Nations unies, le lundi dernier au siège de l’ONU à New York. A tout seigneur, tout honneur !  Et ce seigneur-là n’est pas n’importe qui ! L’hommage rendu à cette icône planétaire au parcours exceptionnel, qui aura gravé son passage terrestre dans le marbre de l’Eternité, et dont la vie restera à jamais une source inépuisable d’inspiration pour les générations futures, est, il faut l’avouer, mérité ! De fait, qui oserait élever le moindre cri de désapprobation ou d’indignation face à la décision des Nations unies de rendre encore un hommage post-mortem à l’illustre disparu ? Qui s’aviserait de condamner l’initiative fort louable de la Maison de verre de Manhattan, de consacrer un « sommet Nelson Mandela pour une paix globale » ?   Ce serait se couvrir de ridicule, tant tout le monde s’accorde à dire que, de son vivant, la légende sud-africaine et bien au-delà, aura été un personnage hors du commun qui aura marqué son siècle! En tout cas, au siège de l’ONU, toutes les personnalités qui ont eu à saluer sa mémoire, ont loué ses qualités humaines exceptionnelles. A commencer par le maître de céans, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour qui, tout comme Madiba, «nous pouvons tous être humbles et respectueux, nous pouvons tous pardonner, nous pouvons tous œuvrer à rendre le monde plus pacifique ». L’on ne peut non plus passer sous silence l’hommage rendu par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, à l’ex-dirigeant sud-africain, qui aura décliné les valeurs morales du personnage désormais inscrit au panthéon de l’Humanité. Combattant intrépide de la liberté, il fut. Humble, intègre, compatissant, généreux, etc., il aura à la fois incarné toutes ces qualités, lesquelles continuent de faire de lui, un phare « inoxydable 

» pour l’Humanité.  Une chose est sûre : la marche du monde serait certainement tout autre, si les dirigeants de la planète se servaient de ce phare comme d’une boussole.

Mahamat et Guterres prêchent dans le désert

Car, c’est peu dire que Madiba aura laissé un héritage immense à la postérité et l’on peut du reste se féliciter du désir de l’ONU de se l’approprier. Pour le reste, c’est-à-dire quant à appel de l’Organisation aux dirigeants de ce monde à emboîter le pas à ce grand Homme, de sorte à « rendre l’impossible possible » et à « redoubler d’efforts pour poursuivre la paix et la sécurité internationales, le développement et les droits de l’homme », c’est une autre affaire ! Il faut, hélas, craindre, en effet, que les cris du cœur lancés par le SG de l’ONU et le président de la Commission de l’UA, exhortant les dirigeants à tirer le meilleur parti de l’héritage légué par Madiba, ne produisent aucun effet !  Il y a plutôt lieu de croire que le message de Moussa Faki Mahamat, à l’instar de celui du Guterres, ira s’écraser contre le mur de l’indifférence des grands de ce monde et des autocrates de tout poil !  Dans ce monde de plus en plus déréglé, marqué par l’unilatéralisme des Etats-Unis de Trump, l’égoïsme, l’égotisme, l’injustice, l’oppression et autres contrevaleurs devenues des marques de domination et de puissance, l’on a envie de dire que Mahamat et Guterres prêchent dans le désert. D’autant que très peu de dirigeants actuels ont en partage, les valeurs défendues, de son vivant, par le premier président noir post apartheid de l’Afrique du Sud. Il est vrai qu’il n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir chausser les bottes de Madiba.  Mais pour peu qu’on soit animé d’une réelle volonté et qu’on se donne les moyens de tendre vers les valeurs qu’il aura incarnées, l’on peut être sûr d’être sur la bonne voie.

Tout le monde s’accorde à dire que le Prix Nobel de la paix en 1993 reste une source d’inspiration pour le monde entier grâce à son engagement en faveur de la justice sociale, de la liberté et de la paix. Mais encore faut-il que ceux qui nous gouvernent acceptent de faire l’effort d’aller à cette source. Ils le feraient qu’ils rendraient grandement service non seulement à eux-mêmes, mais aussi au monde. En tout état de cause, il est heureux que l’ombre de Nelson Mandela ait plané sur la 73e session de l’ONU.  Cela vient rappeler toute la dimension qu’il a eue de son vivant mais aussi après sa mort. Toujours est-il que cet hommage réjouit et honore le continent qui, au-delà de la fierté légitime qu’il peut en tirer, doit continuer à mener le vieux combat pour l’obtention d’un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.  Tant que  cela ne sera pas effectif, il est à parier que tous les appels à un monde plus juste et plus humain, resteront des vœux pieux.

« Le Pays »


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