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APPEL A UN DIALOGUE NATIONAL EN ALGERIE


Le 3 juillet dernier, soit à la veille de la date initialement prévue pour la tenue de l’élection présidentielle qui n’a pu se tenir, faute de candidatures, le président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, s’est adressé à la Nation dans un discours retransmis à la télévision. Le successeur d’Abdelaziz Bouteflika a, dans son discours, appelé à un « dialogue national inclusif » pour préparer l’élection présidentielle. Ce dialogue annoncé, promet-il, sera mené « en toute liberté et en toute transparence » par « des personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane ni ambition électorale ». Le dirigeant intérimaire assure que ni l’armée ni l’Etat n’y seront parties prenantes. Si rôle, l’Etat devrait y jouer, il se limiterait à « mettre tous les moyens matériels et logistiques » à la disposition des personnalités conviées au débat. Sans préjuger de l’accueil de ces nouvelles mesures par les Algériens, l’on note que le pouvoir est en train de lâcher du lest. Toutefois, la question que l’on pourrait se poser est la suivante : que cache cette nouvelle manœuvre de l’élite militaro-politique au pouvoir ?. L’on imagine aisément que le président Abdelkader cherche à sauver son fauteuil. Mais lui-même pourra-t-il rester debout en faisant le vide autour de lui ? pourrait-on se demander ! En attendant de savoir de quoi sera fait demain, l’objectif affiché est, en tout cas, de calmer la rue et de desserrer l’étau de la pression qui, depuis le début du mouvement de contestation, ne faiblit pas. La preuve de cette pression continue devrait être encore donnée ce jour qui constitue non seulement le 20e vendredi de mobilisation, mais qui coïncide aussi avec l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. La forte teneur symbolique du jour, sans nul doute, devrait raviver la flamme du combat mené pacifiquement par les Algériens pour se débarrasser d’un système politique qui, deux décennies durant, s’était illustré par sa mal gouvernance. Ironie du sort, c’est le Front de libération national (FLN) qui a été le fer de lance de la guerre d’indépendance de l’Algérie contre le pouvoir colonial français, qui est aujourd’hui l’oppresseur que le peuple algérien entend déboulonner. Gageons que le pouvoir algérien saura tirer toutes les leçons de cette page de son histoire écrite en lettres de sang, car ceux qui ne tirent pas leçon de leur histoire sont condamnés à la revivre. Cela dit, le peuple algérien doit saisir au bond la balle lancée par Abdelkader Bensalah pour faire avancer le processus politique dans l’impasse car le vide constitutionnel actuel, s’il venait à se prolonger, conduirait irrémédiablement l’Algérie dans l’instabilité et l’incertitude et cela dans un contexte où le monstre de l’islamisme ne sommeille que d’un œil. Tout en maintenant donc l’exigence de la fin du système politique décrié, le peuple algérien gagnerait à ne pas cracher sur l’offre de dialogue faite par le pouvoir. Il doit cependant ouvrir l’œil et le bon pour que les personnalités désignées pour prendre part à ce dialogue,  soient totalement en phase avec les aspirations populaires et que les discussions à venir puissent conduire à l’avènement d’un nouveau système politique. La société civile algérienne qui a fait preuve de maturité pendant les vingt semaines de mobilisation contre le pouvoir en place, ne peut manquer de ressources humaines ni intellectuelles pour l’accomplissement de cette tâche qui doit permettre au pays de recouvrer au plus vite sa normalité politique et institutionnelle et de poursuivre ses progrès sur la voie du développement. Ceci étant, l’on peut tout de même se poser des questions sur l’opérationnalisation de ce dialogue que le président Abdelkader Bensalah présente comme la panacée au problème en Algérie. Le débat politique en Algérie est-il possible sans l’armée qui, depuis la genèse de l’Etat, a toujours été un des piliers essentiels du système ? Quel sera le mode de prise de décisions au cours du dialogue annoncé et quels caractères contraignants sur le pouvoir en place, auront les décisions prises ? En tout état de cause, les Algériens se doivent d’être vigilants pour ne pas se laisser entraîner dans des fora et dont la visée essentielle n’est rien d’autre que de noyer les problèmes dans de stériles débats. En tout cas, en attendant ce dialogue, les Algériens, en ce jour anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté internationale, méritent bien des lauriers, non seulement pour la lutte historique armée pour l’indépendance, mais aussi pour la lutte pacifique qu’ils mènent aujourd’hui pour se débarrasser du vieux système politique qui refuse de se saborder. Et pour cela, ils devraient obtenir pour cadeau d’anniversaire, la démission du chef d’Etat-major de l’Armée qui cristallise toute la contestation populaire en cours.

«  Le Pays »


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