ASSEMBLEE NATIONALE : Le groupe parlementaire CDP pour une relecture du Code électoral

Le groupe parlementaire Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a rencontré la presse le 22 février 2016 afin d’échanger avec elle sur la situation nationale et sur son action parlementaire.

« La place et le rôle de la Justice méritent d’être mieux cernés afin de mettre définitivement fin à cette justice à double vitesse qui s’exerce selon la tête du client ». Ces propos sont du président du groupe parlementaire le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Alfred Sanou. C’était au cours de la conférence de presse qu’il a organisée le 22 février dernier. A l’ordre du jour de cette rencontre, la situation nationale et l’action parlementaire du groupe CDP. Les animateurs de la conférence ont dénoncé, au cours de leur sortie, le non-respect des procédures judiciaires caractérisé, selon eux, par des privations de liberté sans procès. En somme, « on te punit d’abord avant de te juger », ont-ils dit. Aussi leur semble-t-il impératif que les citoyens qui croupissent en prison depuis plusieurs mois, soient libérés pour que la procédure reprenne son cours normal.
Les conférenciers du jour sont par ailleurs revenus sur l’exclusion qui, selon eux, a été légalisée au Burkina Faso sous la Transition, à travers les dispositions de la loi électorale. Une loi qui, à leur avis, doit être relue en son article 242 alinéa 2. Cela, au nom de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale. Pour le groupe parlementaire CDP, « cette matérialisation par la légalisation de la catégorisation des citoyens d’un même pays participe de la stigmatisation et de l’aggravation de la fracture sociale. » Les parlementaires du groupe CDP ont confié qu’ils vont tenter une action, notamment une proposition de relecture.
Sur le plan sécuritaire, le groupe parlementaire CDP s’est dit solidaire de toute initiative entrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Tout en adhérant à la mise en place des comités de vigilance et de sécurité, il invite ces derniers à obéir à la loi, et le gouvernement, à entretenir une collaboration de ces structures avec les Forces de défense nationale.

Vite, une relance économique

Economiquement parlant, le CDP a estimé que le Burkina Faso est dans une récession économique évidente et une relance urgente des activités s’avère nécessaire à travers la mise en place d’un climat des affaires serein qui garantit l’égalité dans la compétition économique. Pour ces parlementaires, l’état actuel des relations internationales qu’entretient le Burkina Faso suscite des inquiétudes et des questionnements. Aussi, le pays gagnerait-il à travailler à les consolider.
Concernant son action parlementaire, le groupe a saisi l’occasion pour dire encore merci à ses militants, sympathisants et au peuple qui leur ont fait confiance. Cette action a, selon Alfred Sanou, été marquée par deux temps forts, en l’occurrence la mise en place des organes et la déclaration de politique générale. Quant à la mise en place des organes, le groupe a apprécié la gouvernance qui a prévalu à la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale et de l’élection des présidents des commissions générales. Ils ont cependant déploré la répartition des postes de vice-présidents et de rapporteurs de commissions générales, de même que la présence du parlement burkinabè dans les parlements communautaires qui, à leur avis, n’a pas suivi une logique d’équité dans le règlement de l’Assemblée nationale. « Nous ne courons pas après les postes mais souhaitons avoir des postes de responsabilité pour mieux exercer le contrôle parlementaire parce que c’est l’opposition qui est au-devant des contrôles parlementaires. » Pour eux, la gouvernance au niveau du parlement doit répondre à deux principes que sont celui de la collégialité et de la proportionnalité. Au niveau de la représentation dans le Parlement panafricain et celui de la CEDEAO, ils ont relevé également un déséquilibre. La majorité étant représentée par quatre membres au parlement africain contre un pour l’opposition. Au parlement de la CEDEAO, sur les six membres, cinq sont de la majorité et un seul de l’opposition. Pour les conférenciers, il est regrettable que les gens pensent qu’il y a une course effrénée de l’opposition vers des postes. « Nous, nous estimons qu’il n’est pas logique et équitable que l’UPC ne soit pas représentée au niveau du parlement de la CEDEAO… » Pour ce qui est de la déclaration de politique générale, le groupe parlementaire s’est réjoui de l’exercice auquel s’est soumis le Premier ministre et qui a été sanctionné par un vote. Selon les parlementaires du CDP, le discours étant basé sur des intentions et des engagements, ils ont opté pour l’abstention en attendant les résultats pour mieux apprécier. « En la matière, nous restons sceptiques », a dit Alfred Sanou.
Le CDP a déclaré qu’il irait aux élections municipales du 22 mai prochain. Il s’est dit convaincu qu’il aura des conseillers municipaux et, pour cela, il compte sur ses militants.

Christine SAWADOGO