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ATTAQUE D’UN CENTRE DE MIGRANTS A TRIPOLI


Fuyant l’enfer d’une vie domestique épouvantable, ils se sont retrouvés pris au piège, dans l’arrière-train merdique de l’horreur libyen qui leur aura finalement coûté la vie. Qu’ont-ils fait pour mériter un tel sort, cette quarantaine de migrants et réfugiés tués, le 3 juillet 2019, par une frappe aérienne, dans la banlieue Est de Tripoli en Libye, dans le centre de détention de Tajoura ? Le bilan provisoire, le plus lourd jamais enregistré à la suite d’un raid aérien depuis le début de l’offensive du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, pourrait s’alourdir. Car, il est fait état d’au moins quatre-vingt blessés et l’on indique en plus que des sauveteurs sont toujours à la recherche d’éventuelles autres victimes. Crime prémédité contre des civils innocents ou dégâts collatéraux des combats entre le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli et les forces du maréchal déterminé à s’emparer de la capitale depuis plusieurs semaines ? Difficile d’en savoir plus pour l’instant, même si le passé nous rappelle que ce n’est pas la première fois que ce centre abritant près de 600 personnes, à la fois des migrants arrêtés pour avoir traversé la Méditerranée, et des réfugiés enregistrés par le HCR, est pris pour cible. L’attaque n’a pas été revendiquée. Et le sera-t-il jamais d’ailleurs puisque les deux camps antagonistes se renvoient la responsabilité du massacre ! Alors que le GNA basé à Tripoli, dénonce, en effet, « un crime odieux » du « criminel de guerre », Khalifa Haftar, les forces pro-Haftar, elles, accusent le GNA et les milices qui le soutiennent, d’utiliser les migrants comme « des boucliers humains ». Mais quels que soient les auteurs de cette horreur, ils doivent rendre des comptes. Ce crime ne peut et ne doit rester impuni, comme l’a, du reste, souligné le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Mahamat Fakir, qui réclame une enquête indépendante. Mais ne soyons pas dupes, il faudra bien plus qu’une condamnation de principe, empreinte d’hypocrisie, juste pour se donner bonne conscience face à un sentiment d’impuissance, pour faire éclater la vérité sur cette affaire. Car, on ne le sait que trop bien, cette bataille féroce et fratricide se nourrit aussi et surtout de l’attachement acharné à leurs intérêts, de puissances occidentales et d’ailleurs, qui en rajoutent à la fournaise libyenne, leur part de tisons en termes de fournitures d’armes et autres soutiens. L’embargo sur les armes, imposé par l’ONU, qui aurait pu contribuer à réduire l’intensité de la guerre, est constamment violé hélas, sous le regard impassible, intéressé et complice de la communauté internationale. Faut-il, pour autant, désespérer du sort de ces migrants et réfugiés qui pâtissent grandement de cette guerre ? La réponse est évidemment non, pour peu que la volonté politique de les traiter avec plus de dignité et d’humanisme, soit réelle. Et l’appel du HCR, à l’évacuation de tous les centres de détention dans les zones d’affrontement de la capitale, s’inscrit dans cette veine. En tout état de cause, il faut arrêter ce bain de sang qui confine au crime de guerre. Cette tragédie doit interpeller la conscience humaine universelle et pousser tous ceux qui continuent d’attiser les braises en Libye, ou de tirer leurs marrons de ce feu maléfique,  à un sursaut d’humanité.

Cheick Beldh’or SIGUE


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