ATTAQUE D’UN CONVOI ONUSIEN A BAMAKO : Le message est clair
A peine les grands boubous de la célébration fastueuse de la signature de l’accord d’Alger censé ramener la paix au Mali ont-ils été rangés, que les armes crépitent à Bamako. En effet, dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 mai dernier, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur un véhicule de l’ONU, dans la capitale malienne, avant de disparaître dans la nature. Bilan de l’opération : un Casque bleu tué et un autre blessé. Quand on sait que cette attaque vient à la suite d’une première tentative avortée, la semaine dernière, contre une résidence des soldats onusiens, l’on ne peut que se poser des questions sur cette escalade de la violence contre les forces internationales dans la capitale Bamako. Alors, qui en veut tant aux soldats de la paix ? Et pourquoi ? Faut-il lier ces actes à l’assassinat des deux chefs djihadistes tués la semaine dernière par les forces spéciales françaises ? Ou alors, sont-ce des mécontents du processus d’Alger qui veulent manifester leur frustration de manière à ramener à nouveau leurs revendications sur la table des négociations ?
Il est bien difficile de répondre à ces questions. Toutefois, il y a lieu de croire que ces événements sont liés aux récents développements de l’actualité au pays de Soundiata Kéita. En cela, l’attitude de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui demande un amendement des textes et qui a brillé par son absence à la cérémonie de signature de l’accord de paix, il y a deux semaines à Bamako, quoi qu’il l’ait paraphé à Alger, ne la met pas à l’abri des soupçons. Surtout qu’elle semble en perte de vitesse sur le terrain et de plus en plus isolée diplomatiquement.
Cela dit, en menant leur action dans la capitale, les terroristes veulent prouver qu’ils peuvent frapper partout. Le message est donc clair : nul n’est à l’abri. Si fait que ces attaques répétées finissent de convaincre que la paix est loin d’être acquise et que le chemin pour y parvenir reste encore long, très long.
Les autorités doivent ouvrir l’œil et le bon
Aussi est-on tenté de croire que tant que cette question du Nord ne sera pas réglée, le Mali ne connaîtra pas la paix. Toutefois, le fait pour les assaillants de mener leurs opérations dans la capitale censée être le lieu le plus sécurisé, de surcroît contre les forces internationales, pour ensuite disparaître dans la nature, laisse quand même perplexe. D’autant qu’après l’attentat du Restaurant « La Terrasse » en début mars dernier, l’on pensait que les autorités maliennes avaient tiré des leçons pour renforcer la sécurité dans la capitale. Mais tout porte à croire que ce n’est pas le cas, à moins que les services de renseignement et de sécurité ne soient eux-mêmes dépassés par les événements.
Quoi qu’il en soit, ces attaques répétées dans la capitale malienne n’envoient pas de bons signaux. Elles indiquent à suffisance que le dispositif sécuritaire qui y est déployé comporte toujours des failles, et attestent à l’envi que la pieuvre terroriste a réussi à y pousser des tentacules. Cela est très inquiétant. D’autant que l’on est de plus en plus fondé à croire que la capitale malienne est infestée de cellules dormantes de djihadistes qui peuvent sévir à tout moment.
A la longue, il faut craindre que la psychose ne s’installe au sein des populations bamakoises. Car, tant que les attaques se passaient dans les localités du Nord, cela ne surprenait personne et Bamako se sentait un peu en sécurité. Maintenant que la capitale elle-même semble dans l’œil du cyclone, la donne paraît hélas, avoir changé.
C’est pourquoi les autorités doivent ouvrir l’œil et le bon, même si, en matière de sécurité, il n’y a pas de risque zéro. Car, si Bamako devrait être déstabilisée d’une manière ou d’une autre, il ne resterait plus rien de la souveraineté du Mali. Assurément, IBK a encore beaucoup de grain à moudre.
Outélé KEITA