AUDITION DU GENERAL MOKOKO AU CONGO BRAZZAVILLE : Quand Sassou se montre frileux
« Vrai opposant ou opposant motard ? » Ainsi nous interrogions-nous dans notre édition du 9 février dernier, lorsqu’à la surprise générale, l’ancien chef d’état-major de l’armée congolaise, le général Jean-Marie Michel Mokoko, annonçait sa candidature à la présidentielle du 20 mars prochain. Quelques jours seulement après cette annonce fracassante, la raison est en train de prendre le pas sur le scepticisme, tant les faits parlent d’eux-mêmes. En effet, mis en cause dans une vidéo tournée en 2007, pour tentative de coup d’Etat, le Général Jean Marie Mokoko a été entendu, hier, 22 février, par le procureur de la République. Jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, le général se trouvait au siège de la DGST. On se rappelle aussi que de retour de la RCA, le 10 février dernier, où il était à la tête de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), le Général Mokoko s’était vu réservé un accueil indigne d’un officier supérieur dont le seul péché est d’avoir manifesté son intention de briguer la magistrature suprême de son pays. Tenez ! Même escorté par des éléments de la MISCA et sa garde nationale congolaise du fait des honneurs dus à son rang, le général Mokoko avait vu son cortège attaqué à coups de pierres et certains de ses partisans molestés par les sbires – pardon- les hommes liges de Denis Sassou Nguesso. A ce qu’on dit, l’objectif de tout ce ramdam, était de provoquer des troubles au cours desquels pourraient s’ensuivre des morts qui seraient mis sous la responsabilité du Général Mokoko désormais présenté comme un renégat pour ne pas dire un ingrat. C’est la preuve donc, si besoin en est encore, que la candidature du Général donne des sueurs froides au maître de Brazzaville qui, après son référendum constitutionnel controversé, ne voyait aucun obstacle à sa réélection ; l’opposition politique ayant montré ses limites, du fait de son incapacité à parler d’une même voie. Car, venant de l’intérieur, le Général Mokoko connaît les forces et les faiblesses de son ancien mentor et de ce fait, il peut lui tenir la dragée haute à la prochaine présidentielle. Dès lors, on comprend pourquoi Sassou a le sommeil trouble. Il redoute le scénario burkinabè où Blaise Compaoré, lâché par certains de ses anciens compagnons, a fini par être chassé du pouvoir et ce, après plus d’un quart de siècle de règne sans partage. Et le traitement que Sassou a réservé à son ancien chef d’état-major n’est rien moins qu’une réponse à la volonté de ce dernier de l’affronter dans les urnes ; comme si, en tant que Congolais, le général Mokoko n’a pas le droit d’aspirer aux plus hautes fonctions de son pays.
Le Général Mokoko sait à quoi s’en tenir
En tout cas, le général Mokoko est prévenu. Sassou ne lui fera pas de quartiers. Il tentera, par tous les moyens, de le décourager. Car, si pour avoir annoncé sa candidature, cela lui a valu le traitement que l’on sait, qu’en sera-t-il quand viendra l’heure de la campagne où le Général Mokoko sera appelé à sillonner le territoire congolais ? Le Général Mokoko sait donc à quoi s’en tenir. Il ne doit pas prêter le flanc. Du reste, on imagine bien qu’en prenant son courage à deux mains pour s’opposer à un dictateur avec qui il a collaboré, le Général Mokoko donne la preuve qu’il n’a rien à se reprocher. Car les dictateurs sont ainsi faits que quand ils ont un dossier sale contre vous, ils vous tiendront toujours par la barbichette.
Boundi OUOBA
Républicain
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En ce qui est de son interpellation, Mokoko ne nie pas avoir été auteur d’un coup de force préparé depuis l’extérieur. Il dit avoir été piégé. Ce qui veut dire qu’il a bien manifesté à un moment ou à un autre l’intention de mettre à mal la vie de la Nation. C’est de la haute trahison qu’elles qu’en soient les motivations. Dans tout pays, cette vidéo ne lui aurait pas laissé tranquille. Sur ce fait précis, il ne doit pas être présenté comme une victime. Mais comme un potentiel ennemi du pays. L’enquête qui se poursuit donnera toute la lumière. D’ores et déjà il est compromis.
23 février 2016