BASSOLMA BAZIE A PROPOS DE LA PLATEFORME REVENDICATIVE DE L’UAS : « Nous ne demandons pas l’impossible au gouvernement »
Après qu’elle a eu des rencontres d’échange autour de ses points de revendication dont la baisse des prix des hydrocarbures avec le gouvernement, le 13 février 2015, l’Unité d’action syndicale (UAS) a lancé un mot d’ordre de grève générale pour les 17 et 18 février 2015. Ainsi, le 17 février dernier, les syndicalistes ont déserté leurs lieux de travail pour se retrouver au Centre d’éducation ouvrière (CEO) à Ouagadougou, en reponse à l’appel de leurs responsables syndicaux.
L’Unité d’action syndicale (UAS) a lancé un mot d’ordre de grève de 48 heures à compter du 17 février pour, entre autres, exiger la baisse des prix des hydrocarbures d’au moins 150 F CFA, la révision de la loi 013 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique et l’engagement de poursuites judiciaires contre les auteurs/commanditaires de crimes de sang et de crimes économiques avant et pendant l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Les syndicalistes ont massivement répondu à l’appel de l’UAS, en prenant d’assaut le Centre d’éducation ouvrière (CEO) pour écouter le message de leurs responsables syndicaux.
Selon le secrétaire général de la CGTB, Bassolma Bazié, la preuve a été faite par les syndicats, avec des détails techniques à l’appui, qu’une baisse d’au moins 200 F CFA était possible sur les prix des hydrocarbures. Mais n’étant pas des jusqu’au-boutistes, les syndicats ont demandé une baisse de 100 à 140 F CFA. « Nous avons bel et bien la conviction que c’est faisable, parce que le mouvement syndical, pour faire des revendications, tient compte du domaine technique. Nous avons des techniciens et nous partons à la source pour les informations qui excluent les approximations », a-t-il expliqué. Sur chaque litre qu’un consommateur achète à la pompe, a-t-il poursuivi, il paie au moins 250 F CFA d’impôts et ils estiment que c’est trop. « Nous ne demandons pas ce qui n’est pas faisable au gouvernement. Nous sommes aussi soucieux de la construction de la nation et c’est ce qui a justifié le fait que nous avions suspendu le mot d’ordre de grève qui devait avoir lieu depuis le 11 novembre 2014 », a-t-il dit.
Au moins 250 FCFA d’impôts sur chaque litre
Pour sa part, le président du mois de l’UAS, Paul Kaboré, a prévenu qu’à l’issue de cette grève de 48 heures, s’il n’y a toujours pas de réponses conséquentes, l’UAS et la CCVC prévoient une marche de protestation pour se faire entendre.
Parlant du suivi de la grève, les responsables syndicaux ont dit attendre de faire le point sur l’ensemble du territoire, avant de communiquer le taux de suivi du mot d’ordre.
Mais dans les établissements scolaires, il n’y avait pas besoin de franchir la porte pour comprendre que le mot d’ordre de grève lancé par l’UAS a été suivi. Au lycée Philippe Zinda Kaboré, tout comme au Lycée Nelson Mandela, les parkings étaient presque vides. Pendant que certains élèves jouaient, visiblement heureux qu’il n’y ait pas classe, d’autres révisaient tranquillement en groupes leurs leçons. A la question de savoir pourquoi les cours étaient interrompus, ils répondaient invariablement : « Nos enseignants sont en grève ».
Par contre, non loin de là, à la Direction générale des impôts du Centre, difficile de savoir si la grève était effectivement suivie. Selon un agent dudit service, le service n’était pas paralysé par la grève et toutes les opérations étaient possibles. Le constat était le même au ministère de l’Economie et des finances.
Au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, au premier coup d’œil, il est difficile de savoir si le mot d’ordre de grève est suivi ou non. Tout a l’air de fonctionner normalement. « Des instructions ont été données aux équipes de direction par le directeur général de l’hôpital, afin que des mesures soient prises pour parer à toute éventualité, au cas où on aurait à constater des manques de ressources humaines à certains postes clé », a expliqué Souro Sanou, chef du département de la communication dudit centre. Et de confier que dans quelques services, des agents étaient absents de leurs postes de travail, mais que du personnel de l’Ecole nationale de santé publique (ENSP) était présent pour pallier le manque d’effectif.
Des informations qu’un tour au service des urgences a confirmées. Là, Dr Ali Taro, chef d’équipe des urgences médicales, a dit avoir fait le constat que du personnel manque à l’appel. « Je n’ai pas les chiffres exacts, mais plus des 2/3 de notre effectif est absent », a-t-il dit, avant de préciser que le mot d’ordre de grève a été plus suivi par les fonctionnaires que les contractuels de l’Etat. A l’en croire, le personnel est débordé par le nombre de patients. « Nous sommes obligés de faire ce que nous n’avions pas l’habitude de faire, mais c’est ainsi ; c’est le sacrifice de tout un chacun car, nous l’avons dit, plus rien ne sera comme avant », a-t-il conclu.
Thierry Sami SOU
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Les points revendicatifs de l’UAS
1- La baisse des prix des hydrocarbures d’au moins 150 F CFA et la disponibilité du gaz butane sur l’ensemble du pays;
2- La révision de la loi 013-98/ AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l’Etat et de la loi 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant Code du travail, selon une échéance et un calendrier qui seront arrêtés de commun accord avec les syndicats;
3- La relecture consensuelle de l’arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève; 4- L’engagement de poursuites judiciaires contre les auteurs/commanditaires de crimes de sang et de crimes économiques avant et pendant l’insurrection;
5- Le respect de la liberté syndicale, notamment la reprise des travailleurs licenciés des sociétés minières telles que la SBM, des Brasseries, etc.;
6- Une juste solution au problème des travailleurs ayant perdu leur emploi suite à la destruction de leurs entreprises lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 (Hôtel Azalaï, Joly Hôtel, Tan Aliz, Azimo, etc.) ;
7- La mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement, relatifs d’une part au check off et son élargissement au privé et au parapublic, d’autre part à l’organisation des élections professionnelles;
8- La suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat.