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BILAN 2019 DE RSF SUR LA LIBERTE DE LA PRESSE


Reporters sans frontières (RSF) a publié, le 17 décembre dernier, son bilan 2019 sur la liberté de presse dans le monde. Cette année, le baromètre des violations de la liberté de presse fait état de 49 journalistes tués dans le monde, dans l’exercice de leur métier. Un chiffre en forte baisse, comparativement à l’année 2018 où le bilan s’élevait à 80 Hommes de médias envoyés ad patres, pour des raisons en lien avec leurs activités professionnelles. C’est dire si des progrès, il y en a eu d’autant que l’organisation internationale souligne, entre autres, que « même si le journalisme demeure un métier dangereux, le nombre de tués n’a jamais été aussi bas depuis 16 ans ».  Des chiffres qui portent donc à l’optimisme, mais qui cachent mal des défis. D’autant que, souligne le rapport, le nombre de journalistes tués dans des pays  qui ne sont pas en situation de conflit, reste élevé, au moment où celui de journalistes emprisonnés connaît une hausse de 12% par rapport à l’année écoulée.

Le journaliste reste aujourd’hui encore un personnage gênant pour bien des dirigeants

 

C’est dire si des efforts restent à faire. D’autant que l’ONG de défense des droits des journalistes dit constater « parallèlement que de plus en plus de journalistes sont sciemment assassinés pour leur travail dans des pays démocratiques ».  Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette baisse des chiffres des journalistes tués à travers le monde, dans l’exercice de leur métier, est un signal positif qu’il convient de saluer à sa juste valeur. Mais des efforts restent encore à faire d’autant plus que les chiffres de cette année tendent à prouver un changement de paradigme se traduisant par une baisse des tueries mais une augmentation des cas d’emprisonnements sans compter les interpellations arbitraires. C’est peut-être un moindre mal et cela peut être considéré comme une avancée. Le problème de fond reste tout de même entier en ce sens que le journaliste reste aujourd’hui encore un personnage gênant pour bien des dirigeants qui s’illustrent en  prédateurs des droits humains sur la planète. L’Afrique n’échappe pas à cette règle. Et à l’épreuve de la liberté de presse à l’heure des grands changements, la situation reste très contrastée entre des pays comme la Namibie (23e), qui regagne sa première place en Afrique, le Burkina Faso (36e) ou le Sénégal (49e), qui bénéficient de paysages médiatiques parmi les plus pluralistes, et les moutons noirs de la démocratie comme l’Erythrée (178e) et Djibouti (173e), où aucun média indépendant n’est autorisé à travailler. C’est dire si malgré la faible dégradation de son score régional, l’Afrique demeure aujourd’hui encore l’un des continents où la traque des journalistes qui gênent les pouvoirs en place, se fait le plus sentir. Surtout lorsque ce travail tend à lever le voile sur des pratiques et des affaires véreuses que bien des dirigeants auraient aimé dissimuler. C’est pourquoi il n’est pas exagéré de dire qu’en Afrique,  continent encore à l’école de la démocratie, bien plus que des éveilleurs de consciences, les journalistes sont des piliers  de la démocratie quand ils arrivent à inscrire leur combat  dans le sens du respect des valeurs de l’Etat de droit.

 

Le bilan 2019 de RSF interpelle sur la nécessité de protéger les journalistes, dans l’exercice de leur métier

 

Car, dans un environnement où le réflexe de bien des dirigeants, est à l’autoritarisme, c’est peu d’affirmer que le journalisme est un métier risqué. Particulièrement quand on a fait le choix de l’indépendance éditoriale vis-à-vis des élites politiques. Les cas Norbert Zongo au Burkina et Deydi Hydara en Gambie, assassinés respectivement en 1998 et en 2004, sont suffisamment éloquents à ce propos. La publication de ce bilan RSF 2019, intervient au  moment où leurs dossiers sont toujours pendants en Justice et au lendemain de la commémoration de leurs assassinats respectifs dans des conditions qui restent encore à être élucidées.  En tout état de cause, ce bilan 2019 de RSF interpelle sur la nécessité de protéger les journalistes, dans l’exercice de leur métier. A ce propos, l’on peut se demander si les mesures onusiennes visant à une meilleure protection juridique des journalistes dans l’exercice de leur métier, ont connu une avancée significative. Si ce n’est pas le cas, il est peut-être temps d’y  penser sérieusement. Car, la baisse des chiffres en 2019 est loin de signifier une « embellie » définitivement acquise pour tous les peuples, partout dans le monde. Et le plus grand défi est de travailler à ce que ces chiffres ne connaissent pas un recul,  la liberté de presse étant une quête permanente pour tous les pays et sur tous les continents.

 « Le Pays »

 

 


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