BILAN DES DEUX ANS DU POUVOIR DE ROCH KABORE : Des Cascadais crient à l’abandon

 

Une mission de l’Alliance des partis de la mouvance présidentielle (APMP), conduite par le président Adama Kanazoé, a échangé le 16 décembre 2017 avec les habitants des Cascades sur le bilan des deux ans du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré. Si pour la délégation de l’APMP, les Burkinabè doivent faire preuve de patience, les Cascadais, pour leur part, estiment que leur région est laissée pour compte.

« Le gouvernement ne vous a pas oubliés. C’est seulement parce qu’il y a beaucoup de choses à faire à la fois. Soyez patients, je vous rassure que très prochainement, vous sentirez les retombées des interventions du président Roch Kaboré à travers le PNDES ». C’est la réponse qu’a apportée le chef de la délégation de l’APMP, Adama Kanazoé, à la principale plainte des Cascadais, le 16 décembre 2017 à Banfora, au cours de la rencontre d’échanges sur la gestion des deux années du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré. En effet, pour les habitants de cette région, les régimes se succèdent et ont les mêmes façons de gérer la région des Cascades. Aucune grande école, aucun centre ni école de formation professionnelle, pas d’université et les rares unités industrielles qu’on y rencontre, sont en difficulté. A cela, les populations ajoutent le mauvais état des routes dont les principales sont celles qui vont de Orodara à Gaoua en passant par Sidéradougou et de Banfora à Mangodara. A ces préoccupations propres à la région, les participants aux débats ont également ajouté le front social qui est en ébullition depuis plusieurs mois sans que, selon eux, le président Kaboré et son gouvernement ne puissent apporter des solutions efficaces. Que fait le gouvernement pour satisfaire les revendications des enseignants en vue de permettre un déroulement normal de l’année scolaire,  interrogent-ils ? Les jeunes, pour leur part, se disent orphelins. A les entendre, le président Kaboré n’a jusque-là permis à aucun jeune de la région d’émerger et de jouer au rassembleur. Ces mêmes jeunes déplorent une absence de service de sécurité dans plusieurs communes de la région. Cela ne favorise pas l’activité économique, disent-ils, avant de prévenir : « Si rien n’est fait dans cette région d’ici à 2020, l’ensemble des 31 partis politiques que compte l’APMP totalisera zéro voix aux différentes élections à venir ». Pour d’autres intervenants, les gouvernants doivent absolument faire de la région des Cascades un pôle de croissance, s’ils sont soucieux de son développement. Pour le président Kanazoé de l’APMP, toutes ces revendications sont, certes légitimes, mais il ne faut pas perdre de vue le fait que le président Kaboré a connu un difficile début de mandat, émaillé par des attaques terroristes dès lendemain de son élection. « Et comme vous le savez, nous sommes toujours sous l’emprise de ces terroristes qui sévissent au nord du pays », a-t-il dit. Réagissant à la question du pôle de croissance des Cascades, Adama Kanazoé a indiqué que le Burkina Faso se fera plus de mal qu’à la région des Cascades en ne profitant pas des énormes potentialités dont regorge la région. Pour sûr, la délégation de l’APMP s’est voulue rassurante. Très bientôt, des mesures fortes seront prises pour permettre à la SN SOSUCO d’écouler l’entièreté de son sucre, a lancé Adama Kanozoé qui atteste avoir personnellement été saisi du dossier. « J’ai fait des propositions qui vont sortir définitivement la SN SOSUCO de son marasme », a-t-il rassuré. Pour ce qui est du front social, et plus précisément de la grève des enseignants, un autre membre de la délégation estime qu’au regard de l’attention portée par le gouvernement sur le dossier, les enseignants devraient revoir leur position. A entendre ce dernier, le Premier ministre en est saisi et une commission est à pied d’œuvre. Et les enseignants devraient temporiser et attendre les conclusions de cette commission, qui, de son avis, sortiront bientôt.

Mamoudou TRAORE