HomeA la uneBURUNDI : Quand un dictateur fait d’un journaliste un héros national

BURUNDI : Quand un dictateur fait d’un journaliste un héros national


Le parquet de Bujumbura  a décidé,  le 18 février dernier, de placer en liberté provisoire Bob Rugurika, du nom de ce journaliste burundais et directeur de la Radio publique africaine  (RPA). Ce dernier devra avant tout verser une caution de 15 millions de francs  burundais, soit plus de 5 millions de F CFA. En détention depuis le 20 janvier dernier, Bob Rugurika qui dirige l’un des principaux organes privés du pays, a fait l’objet d’un accueil triomphal de la part de la population qui, alignée sur des kilomètres, scandait des slogans hostiles au pouvoir en place. Cette foule impressionnante de plusieurs milliers de personnes, rassemblée pour célébrer la libération d’un journaliste, devrait faire réfléchir le président Pierre Nkurunziza sur ses velléités de tripatouiller la Constitution de son pays, afin de se maintenir au pouvoir. Aussi, pour avoir limogé, il y a quelques jours, le patron des services secrets, le général Godefroid Niyombaré, dont le seul tort est d’avoir eu le courage de lui déconseiller de briguer un troisième mandat, au risque de plonger le pays dans le chaos, Nkurunziza  se met dans la posture de tous ces dictateurs qui n’aiment entendre que ce que leurs oreilles veulent entendre.   Les dictateurs sont ainsi faits. Ils veulent que l’on se taise, même quand ils sont sur le point d’ouvrir à leur pays, les voies de l’enfer.

Le président burundais devra se laisser habiter par la sagesse

En tout cas, pour un héros national, Bob Rugurika en est devenu un ; lui qui symbolise désormais, le combat pour la liberté et la démocratie, devra à présent  batailler ferme  aux côtés d’une opposition qui s’organise en interne, une société civile et une population hostiles au projet funeste de Nkurunziza, qui n’entendent pas se laisser faire. Cela dit, le président burundais qui a  contribué, à son corps défendant,  à  faire de ce journaliste un héros national, devra se laisser habiter par la sagesse. Il doit savoir décrypter, à travers la libération du journaliste et la mobilisation qui s’en est suivie, le message que son  peuple lui envoie. De fait, de plus en plus, des voix discordantes se font entendre, même au sein du parti au pouvoir, pour afficher clairement leur opposition à la volonté de Nkurunziza de briguer un troisième mandat. C’est pourquoi l’on se demande si la libération de Bob Rugurika n’est pas une manière pour Nkurunziza, de sauver les meubles ; le pouvoir ayant compris la nécessité de ne pas se mettre à dos la population qui a désormais décidé de s’engager dans la lutte contre la mal gouvernance politique.

Seydou  TRAORE


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