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CAMPAGNE ELECTORALE AU MALI


 Penser d’abord au pays

Au Mali, la campagne en vue de la présidentielle du 29 juillet prochain, a commencé le samedi 7 juillet dernier. 24 candidats en lice à cette occasion,  en profiteront pour vendre leur projet de société, s’ils en ont un, à l’effet de récolter le plus grand nombre de suffrages de Maliens et des Maliennes. La grande question que l’on peut se poser est de  savoir si tous pourront le faire dans la sérénité et la paix sur l’ensemble du territoire. Cette question est d’autant plus pertinente que certaines parties du territoire malien, connaissent des situations sécuritaires, on ne peut plus préoccupantes. Naturellement, les régions de Kidal, de Tombouctou et de Gao font partie de ces régions à haut risque, mais la zone qui cristallise toutes les attentions aujourd’hui, au regard   des risques encourus par les candidats quant à leur sécurité, est incontestablement le Centre du pays.

Le défi sécuritaire  est entier

En effet, la zone de Mopti a pratiquement éclipsé le septentrion malien en matière d’insécurité. Car pas un seul jour ne s’y passe sans que la violence ne fasse parler d’elle. Quand ce ne sont pas les communautés qui s’affrontent de façon meurtrière, ce sont les terroristes qui y sèment la mort et la désolation. Et ces derniers ne se fixent aucune limite quant à leurs actes de nuisance. A titre d’illustration, l’on peut citer l’attaque, on ne peut plus osée, récemment  contre le QG des forces du G5 Sahel. Pour un véritable pied de nez fait à l’Etat malien et à la communauté internationale, c’en était véritablement un. De ce point de vue, l’on peut en déduire que les forces du mal sont capables de tout et partout. C’est donc à juste titre que l’on peut s’interroger sur la sérénité de la campagne et la sécurité des candidats dans cette partie du territoire malien. En tout cas, le défi sécuritaire y est entier. Et l’Etat malien a le devoir impérieux  de le relever pour permettre aux 24 candidats qui voudront s’y rendre pour battre campagne, de le faire sans craindre pour leur sécurité. Certes, des efforts ont déjà été faits dans ce sens par l’Etat en terme d’affectation de gardes du corps aux différents candidats, mais on peut se demander si cela est suffisant pour dissuader la bête immonde de s’inviter à la campagne. L’on peut d’autant plus exprimer cette inquiétude que les terroristes ont  la haine de tous les éléments qui font partie du champ lexical de la démocratie. Et la campagne en vue de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain, en est un des éléments majeurs. Et ce n’est pas étonnant que les terroristes aient de l’aversion pour la démocratie. Car, celle-ci, pour reprendre un penseur français, « est non seulement la tolérance, mais aussi, par essence, la fin des certitudes, des vérités révélées et éternelles ». De ce point de vue, tous ceux qui croient en la démocratie doivent s’investir sans compter, pour que la campagne électorale qui en est un des ingrédients, se passe dans un esprit de grande responsabilité. Car la politique, ce n’est pas la guerre. Ce conseil vaut son pesant d’or au Mali aujourd’hui. Et les acteurs politiques, pour autant qu’ils soient responsables, doivent se garder de faire dans la provocation, l’injure facile, le régionalisme et  l’ethnicisme. En un mot comme en mille, ils doivent d’abord penser au pays, au Mali, leur maison commune.

Des dérives pourraient exposer davantage le Mali

Cela revient à privilégier la force de l’argument à tous les arguments susceptibles de nuire aux intérêts supérieurs de la démocratie et partant, de la Nation. Et il faut le dire avec force. Car sous nos tropiques, il n’est pas rare de voir des acteurs politiques qui, faute  de  programme cohérent et pertinent, ont consciemment choisi de jeter leur dévolu sur des thèmes nauséeux qui peuvent mettre à mal la cohésion sociale. C’est cette  dérive qui explique en partie le fait qu’à chaque  élection présidentielle en Afrique, le nombre de candidats est tellement pléthorique qu’il frise quelquefois l’irrationnel et la démesure. Et avec 24 candidats  en lice pour la présidentielle du 29 juillet prochain, l’on peut se risquer à dire que le Mali vit une telle situation. Et quand les leaders religieux s’invitent dans le débat politique avec des consignes de vote, l’on peut se permettre de dire que cela n’augure rien de bon pour la démocratie. Car, dans un Etat laïc digne de ce nom, un tel amalgame est potentiellement dangereux pour le vivre-ensemble et pour la république. Cela  est d’autant plus vrai que des illuminés et des faux prophètes peuvent profiter de ce grand moment de la démocratie qu’est la campagne électorale, pour diffuser des discours susceptibles de mettre le feu à la République. Ibrahim Boubacar Keita et Soumaïla Cissé, qui apparaissent aujourd’hui comme les candidats susceptibles de rafler la mise au soir du 29 juillet, sont particulièrement interpellés. Ils doivent  tout faire pour se comporter tout au long de la campagne en véritables hommes d’Etat. Car, des dérives de leur part pourraient exposer davantage le Mali au pire. Et c’est le rêve de tous les terroristes et autres pêcheurs en eaux troubles qui écument aujourd’hui le pays. Hier, dimanche, ces deux candidats ont fait une démonstration de leur capacité de mobilisation à Bamako. Et cela laisse entrevoir un duel de titans à l’occasion de la présidentielle du 29 juillet prochain. Les organes de régulation des médias sont également interpellés pour non seulement traiter avec équité les temps d’antenne accordés aux uns et aux autres, mais également veiller à ce que la presse ne soit pas le  relais de discours qui sont aux antipodes de l’intérêt du Mali. En tout cas, toute l’Afrique et au-delà, le monde entier croisent les doigts pour que les choses commencent et se terminent bien.

« Le Pays »


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