HomeA la uneCAMPAGNE POUR LA PRESIDENTIELLE AU GABON : Eviter les débats de caniveaux

CAMPAGNE POUR LA PRESIDENTIELLE AU GABON : Eviter les débats de caniveaux


 

La campagne pour la présidentielle du 27 août, s’ouvre le 13 août prochain au Gabon. Mais déjà, il y a de l’eau dans le gaz. En effet, l’opposition continue de ruer dans les brancards au sujet de la candidature du président sortant, Ali Bongo. Et pendant ce temps, Jean Ping, candidat à la présidentielle, est accusé d’avoir pesé de son poids pour la cession de la mine de fer à une entreprise chinoise  dont l’expertise est sujette à caution. Et comme pour ne rien arranger, le procureur du Tribunal de première instance de Libreville, Steev Ndong Essame, menace de lancer un mandat d’arrêt contre le fils de l’ex-président de la commission de l’Union africaine, Franck Ping, qu’il soupçonne d’être mêlé à l’affaire Sinohydro, du nom d’une firme chinoise du BTP, soupçonnée d’avoir versé de substantielles commissions en échange d’attributions de marchés publics au Gabon, au Cameroun et au Congo. Autant dire que la campagne s’annonce explosive. En tout cas, il ne serait pas exagéré de dire que c’est la campagne de tous les dangers. Car, le climat dans lequel elle s’ouvre, est tel que la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Il faut même craindre que le tissu social déjà mis à rude épreuve, ne s’effiloche davantage. D’autant que les sujets qui risquent de dominer la campagne, sont très sensibles. Il est évident qu’Ali Bongo n’acceptera pas que ses challengers jettent son honneur aux chiens. Or, tout laisse croire que ces derniers n’hésiteront pas à boxer en-dessous de la ceinture, en remettant sur la table, la question de sa filiation. Les candidats risquent fort bien de se livrer à des joutes verbales indécentes, plutôt que de défendre leurs programmes de société respectifs. Ce qui pourrait les pousser à occulter les vraies préoccupations des Gabonais.  Et le fait que la majorité des candidats n’ont pas signé le Pacte de bonne conduite proposé par le Conseil national de la démocratie, suffit à deviner les intentions des uns et des autres. Or, une campagne dans un contexte de tensions, n’augure rien de bon pour le pays. Les candidats doivent donc éviter de descendre dans la boue. On se rappelle les conditions dans lesquelles Ali bongo est parvenu au pouvoir. S’il a pu succéder à son défunt père et étrenner par la suite un premier mandat face à des candidats comme André Mba Obame, c’est sans doute du fait de manœuvres électorales, révélées d’ailleurs plus tard par Wikileaks.

Il faut souhaiter que la sagesse prévale

Les candidats de l’opposition devraient se fonder sur cette faiblesse d’Ali Bongo pour bâtir une stratégie de taille, particulièrement en s’unissant avec l’espoir de le battre dans les urnes. Hélas, ils ont décidé d’aller au combat en rangs dispersés, chacun préférant être tête de rat plutôt que queue de lion. Cette mauvaise stratégie risque de leur être fatale. Bien que son bilan parle en sa faveur, Ali Bongo qui bénéficie déjà de la prime au sortant, a labouré le terrain, si bien qu’on pourrait dire qu’il va à cette présidentielle pratiquement en roue libre. En effet, pendant que l’opposition passait le clair de son temps à donner de la voix, Bongo fils, lui, était en précampagne. Même si l’on peut considérer cela comme une concurrence déloyale, cette stratégie aura eu le mérite de prouver la détermination de l’homme à mettre toutes les chances de son côté. Du reste, cette pratique n’est pas propre au président gabonais. C’est le sport favori de tous les présidents africains en quête de mandat supplémentaire. A l’approche d’une campagne électorale, ils utilisent à fond les moyens de l’Etat pour donner plus de visibilité à leurs actions, au détriment des candidats de l’opposition qui, le plus souvent, manquent cruellement de ressources. Faute de moyens, certains n’arrivent même pas à sillonner l’ensemble du territoire a fortiori poser des actes concrets au profit des populations dont ils sollicitent les suffrages.  Face à la machine électorale d’Ali Bongo, les candidats de l’opposition auraient dû se rendre aussi sur le terrain pour jauger leurs forces et mieux se préparer avant d’entamer la campagne. N’ayant pas fait cela, le risque de se faire battre à plate couture par Ali Bongo, est grand. En tout état de cause, il faut souhaiter que la sagesse prévale au cours de cette campagne de sorte à éviter les débats de caniveaux qui ne grandissent ni les acteurs politiques ni la nation gabonaise. Dans l’esprit de préserver la cohésion et la paix sociales au Gabon, il serait de bon ton que les candidats battent campagne au lieu de se battre.

Dabadi ZOUMBARA


No Comments

Leave A Comment