HomeA la uneCANDIDATURE DE GBAGBO EN 2015 : Un alibi pour boycotter la présidentielle ?

CANDIDATURE DE GBAGBO EN 2015 : Un alibi pour boycotter la présidentielle ?


Pascal Affi N’Guessan a annoncé sa candidature à sa propre succession à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), dans la perspective des présidentielles de 2015, pour, dit-il, «la libération du président Laurent Gbagbo». Après avoir assuré l’intérim de Laurent Gbagbo à la direction du parti, Affi N’Guessan a décidé de sortir du bois et d’assumer officiellement ses ambitions politiques. Cette annonce est la preuve, si besoin en est, que les clivages qui existent au sein du FPI, sont profonds. Car, faut-il le rappeler, la candidature de Laurent Gbagbo, malgré l’incarcération de ce dernier à La Haye, avait déjà été retenue par les instances du FPI. C’est dire qu’Affi N’Guessan se trouve désormais opposé dans la course pour la direction du parti, à celui qu’il considère comme son père spirituel.

La guerre de positionnement  est donc ainsi ouverte au sein du FPI et les partisans du « tout sauf Affi N’Guessan » vont certainement faire feu de tout bois afin d’empêcher le directeur intérimaire sortant du parti, de réaliser ses ambitions politiques. Après tous ses sacrifices consentis pour le   FPI, Affi N’Guessan se voit donc récompensé en monnaie de singe, pourrait-on dire, car si la candidature de Laurent Gbagbo a été proposée pour reprendre officiellement les rênes du FPI, c’est que ce dernier l’a approuvée et encouragée. C’est la preuve que depuis le fond de sa cellule à La Haye, le fils de Mama continue de tirer les ficelles au sein de son parti, espérant certainement son retour, dans un proche avenir, au bord de « la lagune ébrié». Toute chose qui  semble difficilement réalisable, au regard des lourdes charges qui pèsent contre lui.

Il est préférable que les cadres du FPI taisent leurs divergences

Les pro-Gbagbo, en s’accrochant au rêve de voir leur mentor se dégager bientôt de l’étreinte de la CPI pour venir assumer la présidence du parti, laissent croire que le FPI est incapable de survivre à son créateur. Cela est fort dommage, surtout pour une formation politique qui réclame le statut de méga- parti.  Ces pro-Gbagbo doivent prendre l’exemple de l’ANC (Congrès national africain) en Afrique du Sud. En effet, pendant près de 30 ans qu’a duré l’incarcération de Nelson Mandela, père de l’ANC, des hommes tels Thabo Mbeki et Albert Luthuli ont repris le flambeau et fait briller ce parti au-delà des frontières  sud-africaines. Le parti n’a pas sombré après Mandela, loin s’en faut.

En tout cas, on comprend mal la démarche des militants du FPI qui ne jurent que par « l’enfant terrible de Mama ». Comme s’ils oubliaient que l’espoir pour leur champion, de revenir en politique, dans les conditions qui sont les siennes,  n’étaient pas minces.

 A moins que, pour  ces inconditionnels de Gbagbo, tout cela ne participe d’une stratégie  pour ne pas aller à la présidentielle prochaine. En effet, ils savent qu’en compliquant la tache  à Affi N’Guessan, leur parti qui se retrouverait ainsi déchiré,  ne trouverait pas les ressorts nécessaires pour rebondir et se préparer efficacement à affronter les prochaines échéances électorales. Et ce faisant, il trouverait là des arguments pour justifier son absence de la compétition électorale. Et ce serait tant mieux, puisque le parti se prémunirait alors contre une bérézina face à ADO donné déjà grand favori.  Mais c’est risquer gros. Ne pas participer à la présidentielle à venir, ce serait passer 5 ans en dehors de la scène politique ivoirienne,  toute chose qui fragiliserait davantage le parti et  contribuerait à une mort lente.  C’est pourquoi il est préférable que les cadres de ce parti taisent leurs divergences   et songent rapidement à construire sereinement l’avenir de leur bien commun, le FPI.

Thierry Sami SOU


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