HomeA la uneCHASSES-CROISES DE PERSONNALITES POLITIQUES ET MILITAIRES CHEZ LE MOGHO NAABA : Trouver ici et maintenant un statut pour la chefferie coutumière

CHASSES-CROISES DE PERSONNALITES POLITIQUES ET MILITAIRES CHEZ LE MOGHO NAABA : Trouver ici et maintenant un statut pour la chefferie coutumière


La chefferie coutumière, au-delà de sa dimension sacrée, joue dans bien des pays africains, un rôle de régulation et de pacification des rapports entre les hommes. Au Burkina, il a été donné à tous, des occasions de s’en apercevoir. L’on peut même dire que si le Burkina a toujours été un îlot de paix dans cet océan africain de turbulences et de déchirements, on le doit en partie à nos bonnets rouges. A l’appui de cette thèse, l’on peut évoquer les nombreuses médiations opérées sous la houlette du Mogho Naaba, pour trouver une issue heureuse à plusieurs crises. La dernière en date est celle relative à la tension au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). A cette occasion, l’on a pu remarquer que le palais de Sa Majesté a été le théâtre de chassés-croisés de personnalités politiques et militaires, dont l’objectif était d’éviter à tout prix le chaos à notre pays. L’on peut parier que sans la médiation de l’empereur des Mossé, les choses auraient pu prendre une tournure cauchemardesque pour l’ensemble du pays. Il n’est donc pas permis de douter, un seul instant, aujourd’hui, de l’utilité et de la noblesse de la chefferie coutumière dans notre pays. Si le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, a pu jeter son dévolu sur le palais du Mogho Naaba pour y trouver refuge, c’est parce qu’il sait que le domaine de celui-ci est une enceinte sacrée que même les éléments les plus téméraires du RSP n’oseraient pas prendre le risque de violer. Le palais du Mogho Naaba est donc un sanctuaire de dialogue, de paix et de réconfort moral. La dernière personnalité politique à s’y être rendue pour solliciter bénédictions et conseils du maître des lieux, est le patron de l’ADF/RDA, Me Gilbert Noël Ouédraogo. Et tout le monde sait que, de sa part, l’enjeu en valait la peine.

L’occasion est belle pour le faire aujourd’hui

Cela dit, l’occasion est belle en cette période de transition et de refondation politique d’inviter l’ensemble du Burkina à mener une réflexion sur la place que doit accorder la République à la chefferie coutumière. Certes, cette institution a déjà été constitutionnalisée, mais l’on doit pousser la réflexion à l’effet d’en faire un instrument structurel de promotion de la paix et de mobilisation sociale au service de la nation entière. Mais pour en arriver là, il faut lui trouver un statut. Le Ghana et la Côte d’Ivoire l’ont déjà fait. Et le Burkina a intérêt à le faire ici et maintenant, si l’on ne veut pas prendre le risque de voir ce riche et précieux patrimoine que nous ont légué les ancêtres, être dévoyé par certains hommes politiques. En effet, si le Mogho Naaba a toujours un tel crédit, c’est parce que, quelque part, il ne s’est pas compromis avec le régime de Blaise Compaoré. Il a peut-être un penchant pour un parti politique en particulier, mais il ne le fait jamais savoir. En tout état de cause, les chefs coutumiers eux-mêmes ont intérêt à se voir accorder un statut. Un tel statut doit être élaboré de manière à leur permettre de vivre dans la dignité et à équidistance des partis politiques. Il doit être élaboré également de manière à prendre en compte toutes les composantes ethniques et régionales du pays. Car, le risque est grand de frustrer certaines communautés, dans la mise en place, par exemple, d’une chambre réservée à la chefferie traditionnelle. Même à l’intérieur d’une même communauté ou d’une même région, la désignation de la personne à siéger dans une telle chambre peut susciter une levée de boucliers. Mais de telles difficultés peuvent être gérées au mieux par le génie des Burkinabè. De toute évidence, le Burkina ne doit pas faire l’économie d’une large réflexion sur la problématique du statut de la chefferie coutumière. Et l’occasion est belle pour le faire aujourd’hui. Sur la question de l’implication des chefs coutumiers dans le jeu politique partisan, l’on sait que les avis sont partagés. Pour les uns, le chef coutumier est un citoyen qui a le droit d’avoir un parti politique et de briguer un mandat électif. Pour les autres, le chef coutumier doit être au-dessus de la mêlée. La création d’un statut de la chefferie coutumière que nous suggérons, pourrait mettre un terme à cette polémique, en prenant en compte non seulement les intérêts de l’institution, mais aussi ceux de la démocratie et de la paix sociale dans notre pays.  Mais en attendant, c’est peu de rendre un hommage appuyé à l’empereur des Mossé, cette autorité morale faite de sublimité et de positivité.

Pousdem PICKOU


Comments
  • je suis pas d’accord,une personne comme le mogho naaba ne doit pas se meler a la politique,la politique n’est que du mensogne et il va perdre sa dignite.

    13 février 2015
  • Bien vu! moi je me sens très heureux quand je vois nos autorités politiques accorder’ une telle considération à nos autorités coutumières et je regagne la fierté d’être burkinabé. Parce que s’il faut abandonner certaines pratiques traditionnelles (l’excision par exemple) au regard de l’évolution du monde, d’autres, il faut les conserver et les protéger jalousement contre “l’occidentalisation de l’Afrique”. J’épouse, vous l’aurez remarquez, votre proposition de création de statut de la chefferie coutumière.

    13 février 2015
  • Bien dit! mais il faut que des chefs à l’image du Gulmu Naba du Naba de Ouahigouya et du Larlé…….. et bien d’autres se départissent de la politique car on a vu ce que cela a causé ou continue de causer comme problème aux différentes populations ; avant de parler d’institutionnalisation.

    13 février 2015
  • A mon humble avis le débat sur la constitutionalisation de la chefferie traditionnel ou la dotation d’un statut pour la chefferie traditionnel est faux débat du point de vue juridique et culturelle . Au plan juridique la notion de chefferie traditionnelle n’a pas sa place dans notre constitution qui est republicaine : le burkinabé ne peut pas être un citoyen de la république et un sujet d’un roi traditionnel il y la une contradiction évidente qui fait que toute loi ou disposition tendant à faire référence à la chefferie serait frappée d’inconstitutionnalité. Au plan culturelle burkinabé et pluriel il y a des ethnies ou la chefferie traditionnelle est inexistante vouloir la doter d’un statut c’est donner de privilèges à certaines ethnies par rapport à d’autres ce qui n’est pas juste. Au demeurant la chefferie traditionnelle est un fait social indeniable qui va s’effriter avec le temps avec la démocratisation et l’élévation de conscience citoyenne des Burkinabé.

    14 février 2015

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