COMMISSION D’ENQUETE SUR LE PUTSCH MANQUE DU 16 SEPTEMBRE : Le rapport remis au Premier ministre
La Commission d’enquête sur le putsch manqué du 16 septembre 2015 a procédé, le 11 novembre 2015, à la remise de son rapport au Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Présidé par Simplice Poda, elle avait 30 jours pour livrer ses conclusions. Aujourd’hui, c’est chose faite mais son premier responsable n’en dira pas trop sur les résultats de l’enquête car tenu par le secret de l’instruction.
Le 16 septembre 2015, en plein Conseil des ministres, des membres de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) faisaient irruption dans la salle, prenant en otage le président Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et plusieurs autres ministres, avant de déclarer un coup d’Etat le lendemain 17 septembre. A l’issue de ce putsch manqué, une commission d’enquête avait été mise sur pied le 25 septembre par le gouvernement de la Transition. Elle avait pour mission de situer les responsabilités, d’identifier les auteurs, complices, militaires et civils, impliqués dans cette tentative de coup d’Etat. Présidée par l’avocat général à la Cour de cassation, Simplice Poda, cette commission disposait d’un mois pour rendre ses conclusions. Aujourd’hui, c’est chose faite puisque le 11 novembre dernier, la commission est allée remettre son rapport au Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Et le chef du gouvernement de féliciter ses membres pour la célérité avec laquelle ils ont traité le dossier. Pour lui, le peuple burkinabè tout entier attendait les résultats des travaux de la commission.
Cependant, de ces résultats, la presse n’en saura pas grand-chose, le président de la commission ayant refusé de rentrer dans les détails lorsque les journalistes lui ont posé quelques questions à l’issue de leur entrevue avec le Premier ministre. Simplice Poda a d’abord tenu à remercier la presse car, selon lui, nombreux sont les Hommes de médias qui ont contribué au bon déroulement de l’enquête. Quant au contenu du rapport, il a estimé que le rapport a un destinataire, en l’occurrence le Premier ministre, à qui il appartiendra de s’entretenir avec la presse quand il aura pris connaissance du contenu. « Nos investigations nous ont permis d’identifier des personnes qui sont soit commanditaires du coup d’Etat, soit complices ou exécutants mais cela ne fait pas d’eux des coupables puisqu’ils bénéficient de la présomption d’innocence », dira M. Poda. Sans donner leur nombre, le président de la commission esquivera également en toute diplomatie, la question de savoir si ce sont des hommes de tenue ou des civils. « Tout citoyen, tout Burkinabè peut se retrouver dedans. », a-t-il déclaré avant de mentionner qu’ils sont tenus par le secret de l’instruction.
Sur le déroulement de l’enquête, M. Poda a estimé que le temps a été bref. Des missions ont été effectuées à l’intérieur du pays, des personnes ont été auditionnées dont toute la hiérarchie militaire. Avec le numéro vert et l’appel à témoin, a expliqué Simplice Poda, beaucoup de victimes se sont présentées. Et de préciser à ce niveau qu’elles sont au nombre de 211 dont des blessés, des gens qui ont eu leurs biens saccagés. Pour ceux qui étaient déjà détenus, la commission les a fait extraire, selon son président, pour les entendre. « Nous n’avons pas tellement fait de recommandations parce qu’il s’agit d’une enquête ». Et d’ajouter que le numéro vert ne leur a pas tellement été utile : “C’était des appels à témoin, seulement les blessés”, et selon M. Poda, la raison était que quand les gens appelaient, ils avaient peur pour leur propre sécurité et, de ce côté, ils sont restés sur leur faim. Aussi, certains ayant pu quitter le pays, le président de la commission ne pouvait pas affirmer que tout le monde a été auditionné.
Christine SAWADOGO