HomeEchos des provincesCOMMUNE DE SABCE : La mairie momentanément fermée par des jeunes en colère

COMMUNE DE SABCE : La mairie momentanément fermée par des jeunes en colère


Des jeunes de la commune de Sabcé, en colère contre la mise en place d’un bureau de jeunes par le Conseil municipal, ont manifesté leur mécontentement le 9 juin 2014 en début de matinée. Partis du centre-ville, ils sont passés au commissariat, à la préfecture et à la résidence du préfet avant de s’arrêter à la mairie pour exiger la fermeture des locaux par le 1er adjoint qui était sur place. Le maire, Mahamoudou Pierre Zoungrana, qui est vite rentré de Ouagadougou pour calmer la situation, a pu permettre la réouverture des locaux après un compromis.

 

Tout a commencé le 3 juin dernier, quand le Conseil municipal a mis en place un bureau communal des jeunes de Sabcé, selon Ali Sawadogo. Les manifestants qui vivent une « manœuvre du maire Mahamoudou Zoungrana pour avoir une mainmise sur la jeunesse de la commune » ont dénoncé cet état de fait. « Nous avons été informés qu’un bureau de jeunes a été mis en place dans la commune. A notre surprise, les responsables de ce regroupement dit de jeunes sont connus du milieu de la jeunesse. Ils ne peuvent même pas mobiliser un jeune encore moins résoudre leurs problèmes. Pire, il y a des gens qui ont été informés au téléphone qu’ils occupent des postes dans ledit bureau sans même avoir participé à la rencontre de mise en place du bureau. Le président du bureau est un chef coutumier, et rien ne prouve que d’ici-là, il ne rejoindra pas son village. A ce moment, qu’allons-nous faire  ?», s’est interrogé Ali Sawadogo, un des manifestants. « Comme le maire veut avoir tous les villages sous sa commande, il a demandé aux différents conseillers de proposer deux jeunes par village pour la mise en place du bureau communal. Mais Sabcé compte 3 secteurs et des villages. Comment peut-on désigner des représentants de jeunes à Sabcé sans que nous, les jeunes, ne soiyons informés ? D’ailleurs, à Sabcé, on peut dire que nous n’avons pas de conseillers parce que des deux élus, l’un est le maire qui n’a pas le temps, et l’autre est professeur ailleurs. Moi, je réside à Sabcé mais je l’ai vu (ndlr : le professeur) depuis 4 mois. Entre nous, qui va résoudre nos problèmes ? A-t-il poursuivi. La préfecture est délabrée, le mur de la résidence du préfet est tombé depuis longtemps, le commissariat est dans un état pitoyable dans une commune comme Sabcé et rien ne se fait à ce propos. Mais si on nous avait bien organisés, on pouvait ne serait-ce que confectionner des briques pour reconstruire le mur de la résidence du préfet », a-t-il ajouté. A la question de savoir pourquoi avoir choisi de fermer la mairie, Ali Sawadogo a rétorqué : « Après la mise en place de leur bureau fictif, nous avons écrit pour rencontrer le maire et l’affaire est restée sans suite. C’est pourquoi nous nous sommes mobilisés depuis hier soir (ndlr : le 8 juin 2014) pour agir. Nous sommes d’abord allés à la police pour les prévenir, et ensuite nous avons été à la préfecture pour informer le préfet avant d’aller à la mairie. Et quand nous sommes arrivés, nous avons demandé au 1er adjoint d’arrêter le travail jusqu’à ce que le maire vienne nous rencontrer. Effectivement, le maire est vite arrivé et nous nous sommes entendus. Nous allons mettre en place le bureau de Sabcé et aller lui soumettre la composition. Et nous allons tout faire pour nous faire valoir parce qu’il nous avait demandé de choisir entre deux possibilités. Soit il dissout le bureau communal et on reconstitue un nouveau bureau ; et là on le voyait venir : il voulait qu’on opte pour cette alternative pour que ces hommes reviennent voter contre nous. Soit on forme notre bureau du village de Sabcé. Nous avons préféré cette dernière option ». Selon toujours Ali Sawadogo, le problème demeure. Mais pour un autre jeune qui a voulu s’exprimer dans l’anonymat, le problème est plus complexe qu’un simple bureau de jeunes. « Le maire veut, à travers ce bureau, s’imposer à la mine de Bissa Gold parce qu’il y a beaucoup de problèmes entre les jeunes de Sabcé et Bissa Gold. Et avec un bureau de jeunes acquis à sa cause, il pourra à tout moment faire la pluie et le beau temps sans difficultés », a-t-il précisé. Pour l’heure, la mairie est rouverte et les activités municipales ont repris normalement dans cette commune qui abrite une des plus grandes mines industrialisées du Burkina Faso.

La version de Mahamoudou Pierre Zoungrana, maire de la commune de Sabcé

Approché, le maire a relevé que la manifestation a été une surprise. « La manifestation a été une surprise pour nous. Parce que c’est ce matin que j’ai été informé qu’il y avait une vingtaine de jeunes qui manifestaient parce que le bureau des jeunes de Sabcé qu’on a mis en place ne leur convenait pas, et qu’il fallait d’autres personnes en lieu et place de ceux qu’on a installés. Je les ai reçus, nous avons échangé et il s’est avéré que ce n’est pas le bureau de la commune qui les intéressait, mais plutôt le bureau de Sabcé. Nous avons donc trouvé que la manifestation était sans objet et qu’ils étaient libres d’aller former leur bureau comme ils le voulaient parce que la liberté d’association est reconnue par notre Constitution. Maintenant, s’ils sollicitent l’accompagnement de la mairie pour la mise en place de leur bureau, nous allons sans doute envoyer des techniciens pour les appuyer ; autrement dit, ils sont libres. Vous savez, les gens n’hésitent pas à intoxiquer les jeunes pour un rien. Ceux qui pensent que ce sont mes adversaires politiques qui ont manifesté, je ne partage pas le même avis. Parce que ces jeunes sont tous des fils de la commune de Sabcé, et si à un moment donné, ils se sentent lésés, ils ont le droit de manifester dans la légalité. Donc, contrairement à ce que certains disent, la mairie n’a pas été fermée ; la preuve est qu’on est là, vous constatez que les bureaux sont ouverts et que les gens travaillent ».

 

Asmado RABO (Correspondant)

 

 


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