HomeA la uneCONDAMNATION PAR 15 PAYS DU DEPLOIEMENT DU GROUPE WAGNER AU MALI

CONDAMNATION PAR 15 PAYS DU DEPLOIEMENT DU GROUPE WAGNER AU MALI


Dans un communiqué rendu public le 23 décembre dernier, 15 pays dont la France condamnent fermement le déploiement des mercenaires du groupe Wagner au Mali. En effet, ces partenaires internationaux estiment que le déploiement du groupe Wagner au bord du Djoliba, ne fera qu’«accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique occidentale ». Comme si cela ne suffisait pas, les 15 pays signataires appellent le Mali à rétablir l’ordre constitutionnel en organisant les élections dont la tenue en février prochain est plus qu’improbable. Seront-ils entendus ? Prêchent-ils dans le désert ? Tout porte à croire que c’est de l’eau sur les plumes d’un canard. En tout cas, après s’être opposés en vain au déploiement du groupe Wagner au Mali, comment ces pays pourront-ils faire entendre raison aux autorités de la Transition? Le simple fait que le pays ne reconnaisse pas ce déploiement de Wagner mais parle plutôt d’instructeurs russes venus dans le cadre de la coopération bilatérale, montre qu’il n’est pas prêt à recevoir des leçons de qui que ce soit sur le sujet.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un véritable camouflet pour la France qui était vent debout contre le déploiement de mercenaires russes au Mali, le qualifiant d’incompatible avec sa mission dans ce pays. Quelle posture va-t-elle adopter maintenant ? Va-t-elle se retirer du Mali ? Rien n’est moins sûr. On le sait, la France n’est pas au Mali pour les beaux yeux de ce pays.

 

Les partenaires internationaux auront donné des raisons suffisantes au Mali de diversifier ses partenaires

 

Même si elle donne l’impression de voler au secours du pays de Modibo Kéita, il n’en demeure pas moins qu’elle y défend ses intérêts. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux. C’est dire s’il ne faut pas s’attendre à ce que la France plie hic et nunc bagage. Elle peut, à la limite, se repositionner comme elle le fait déjà à travers le redéploiement de Barkhane. On est d’autant plus fondé à le penser que les 15 pays signataires du communiqué disent ceci : « Nous ne renoncerons pas à nos efforts pour répondre aux besoins de la population malienne. Nous réaffirmons notre détermination à poursuivre notre action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel ». L’on peut donc dire que le Mali aura fait preuve d’une certaine indépendance en mettant ses partenaires devant le fait accompli. C’est d’autant plus vrai que ces derniers reconnaissent la présence russe au Mali à travers des géologues, des rotations d’avions russes dans le ciel malien. Cela dit, le Mali semble désormais prendre son destin en main. En tout cas, en restant inflexible face aux menaces à peine voilées ou ouvertes des grandes puissances, il prend ainsi un nouveau virage dans la conduite de ses relations avec les Occidentaux. Et cela n’est pas mauvais en soi, pour peu que le nouveau partenaire parvienne à faire changer la peur de camp. C’est vrai que l’on pourrait voir dans cette ténacité du Mali, une forme d’ingratitude vis-à-vis de ses partenaires au regard des sacrifices consentis par ces derniers, notamment la France qui aura payé un lourd tribut à cette guerre contre l’hydre terroriste puisqu’elle a perdu plus de cinquante soldats dans le désert malien. Toutefois, ces alliés doivent aussi comprendre le souci du Mali d’obtenir plus de résultats dans la lutte contre le terrorisme. Si après 8 ans d’assistance, de présence de milliers de soldats bien équipés, sur le sol malien, les terroristes continuent d’endeuiller des familles, d’occuper des portions du territoire et même d’étendre leurs tentacules vers d’autres pays comme le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Togo, c’est que les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.  Autant dire que les partenaires internationaux auront donné des raisons suffisantes au Mali de diversifier ses partenaires. Cela dit, le groupe Wagner doit se montrer à la hauteur des attentes des Maliens, aussi bien en termes de retour de la paix que de respect des droits humains. Aussi, les autorités de la Transition à qui l’on prête des intentions d’installer leurs pénates pour longtemps au palais de Koulouba, doivent mettre un point d’honneur à organiser des élections transparentes et inclusives dans les meilleurs délais.

 

Dabadi ZOUMBARA  

 

 


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