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CONFERENCE INTERNATIONALE DE PARIS SUR LA LIBYE


Paris, la capitale française, accueille aujourd’hui, 12 novembre 2021, une conférence internationale sur la Libye. La France qui en a eu l’initiative, a mis les petits plats dans les grands, pour que la voie conduisant à la tenue des élections législatives et présidentielle comme prévu en décembre prochain, soit débarrassée des épines qui la jonchent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont nombreuses ces épines qui rendent incertain le maintien du calendrier électoral. La première épine est liée à la loi électorale. En effet, votée le 9 septembre dernier par le parlement siégeant à Tobrouk, la loi électorale est vivement contestée par le Premier ministre, Abdel Hamid Dbeibah et par le patron du Haut Conseil de l’Etat, Khaled al-Mechri. Les islamistes et les milices de Tripoli se sont joints à ces deux principaux frondeurs. Tous dénoncent une loi électorale taillée sur mesure. Le numéro 1 du Haut Conseil de l’Etat est allé jusqu’à inviter les Libyens à boycotter «  des élections permettant à des criminels de se présenter ». Sans les nommer, il désigne le maréchal Haftar et Saïf al-Islam Khadafi. La deuxième épine qui se dresse sur la voie conduisant à la présidentielle de décembre prochain, est liée à la personne du Premier ministre, Abdal Hamid Dbeibah.  En effet, l’homme, plus que jamais, est convaincu qu’il a un destin national. De ce fait, il travaille tous les jours que Dieu fait dans cette logique, si fait que tout scénario qui ne va pas dans le sens de ses intérêts égoïstes, le démange au plus haut point. Ainsi est-il farouchement contre l’idée qui veut que les candidats à la présidentielle de décembre, démissionnent de leur poste politique dans le gouvernement ou dans les autres institutions au cas où ils en occuperaient un. C’est clair et net.

 

On ne compte plus le nombre de conférences déjà organisées sur la Libye

 

Le Premier ministre  n’est pas prêt à se débarrasser de sa tunique de chef du gouvernement avant de se lancer à la conquête du pouvoir suprême. La troisième et dernière épine sur le chemin de la tenue de la présidentielle, est relative aux luttes d’influence auxquelles se livrent les parrains des forces politiques libyennes. D’un côté, nous avons la Turquie. Les Islamistes avec à leur tête, le président du Haut Conseil de l’Etat, Khalid al-Mechri, les milices de Tripoli et le Premier ministre Dbeibah ne font plus mystère de leurs accointances avec ce pays. Chaque fois que de besoin, c’est à Ankara qu’ils vont pour prendre des consignes. De l’autre coté, nous avons les Américains pour qui roule manifestement le Maréchal Haftar. Le puissant voisin égyptien Al Sissi a pris fait et cause pour ce camp. La France également est soupçonnée de rouler pour le Maréchal. Chacun de ces camps a son lot de mercenaires. Et cela rend l’équation libyenne complexe. Cette équation se complexifie davantage avec la plus que probable entrée en scène de Saïf al-Islam Khadafi. Ce troisième larron, en effet, pourrait mettre à contribution le legs politique et financier de son géniteur et le jeu des tribus qui constituent la Libye, pour peser en cas de tenue de la présidentielle. Mais la grande question que l’on peut se poser est de savoir comment Macron va arriver à tourner le regard de toutes ces personnalités vers le maintien du calendrier électoral de décembre 2021. Cette question est d’autant plus justifiée que la Libye est un pays vierge en matière d’apprentissage démocratique. En tout cas, au Sahel, on fonde l’espoir que la Libye se normalisera très bientôt par les urnes, de sorte à cesser d’être la ruche des terroristes. Cette triste réputation, elle la traîne depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Et quelque part, la France a une grande responsabilité dans la chute dans l’abîme de la Libye, pour n’avoir pas aidé à assurer le service après-vente après la chute du dictateur. En tout cas, au Sahel, on croise les doigts tout en se posant la question de savoir si cette conférence-ci sera la bonne. Cette question est d’autant plus justifiée que l’on ne compte plus le nombre de conférences déjà organisées sur la Libye ; tant elles sont une foultitude. Déjà, les Libyens et les Libyennes épris de démocratie et l’ensemble des Africains qui habitent le Sahel, peuvent légitimement avoir la chair de poule quand ils entendent le patron du Haut conseil de l’Etat libyen, l’islamiste Khaled al Mechri, mettre en garde contre un retour à la guerre dans son pays, si les élections n’étaient pas repoussées.

 

Pousdem PICKOU    

 

 


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