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CRISE AU SEIN DE LA COMMUNAUTE MUSULMANE DE BANFORA : Le chef de canton rejette toute idée de xénophobie


La crise qui sévit au sein de la communauté musulmane de Banfora connaît de nouveaux développements. Cette fois, c’est le chef de canton de Banfora, sa Majesté Yoyé Héma, qui est dans le viseur. Se sentant donc accusé de xénophobie dans le choix de l’imam central de Banfora, le chef de canton nous a invités à son palais le 11 juin 2017, pour apporter un démenti qu’il veut formel. Selon Yoyé Héma qui, à l’occasion, était entouré de ses notables et proches collaborateurs, Banfora, la cité du Paysan noir, a toujours été une terre d’hospitalité. Nous vous proposons in extenso la réaction de sa Majesté.

 

« Il y a des rumeurs qui nous sont parvenues depuis des hauts lieux, comme quoi je suis en train de faire de la xénophobie à Banfora dans le choix de l’imam de la grande mosquée. Il n’en est rien. Mes parents et arrière-grands-parents ont toujours refusé toute idée de xénophobie. Ils ont toujours prôné la symbiose avec les différentes communautés qui vivent à Banfora et qui se sont même confiées à mes aïeux. Il n’est donc pas question, à mon niveau, de faire une différence entre les hommes qui habitent le canton. Je prends tous les hommes sur un pied d’égalité. Mais quand on est chef, on accepte toutes les critiques qui sont formulées à son encontre. C’est mon cas aujourd’hui. J’ai été intronisé exactement le 4 juin 2003, après le décès de mon père intervenu en 2002. C’est dire que je suis chef de canton depuis quatorze ans. Depuis ce temps, je n’ai jamais prôné la xénophobie. C’est n’est pas en 2017 que je vais me livrer à cela. Je le ferai pour quel avantage ?

 

Loin de moi toute idée de renvoyer un étranger

 

Partout au Burkina et surtout à Banfora, nous sommes à la recherche de la cohésion sociale. Et si c’est moi-même qui dois me livrer à de telles pratiques, je crois que cela est inimaginable. C’est pourquoi je démens formellement ces allégations qui tendent à faire croire que je suis coupable de xénophobie. Loin de moi toute idée de renvoyer un étranger. Pour revenir au cas de la désignation de l’imam de la mosquée centrale, je dois dire que lorsque j’ai appris que les musulmans s’apprêtaient à trouver un remplaçant au regretté Bâ Ouattara et à renouveler le bureau de la communauté musulmane, il y avait des remous autour. Ayant été saisi, j’ai invité dans mon palais les responsables des différentes communautés qui étaient engagées. Je leur ai signifié que des rumeurs me parviennent et font état de ce que leurs fils sont en train de s’agiter autour du renouvellement des instances dirigeantes de la communauté musulmane. Je leur ai demandé d’être mon porte-parole au sein de leurs communautés respectives afin que les choses se passent dans le calme. En clair, je ne veux pas de bagarre dans ma ville. Au contraire, je veux que tout se passe dans le calme, la sérénité, dans mon canton. Ces patriarches sont revenus me dire que la commission a été faite. Plus tard, j’ai appris que la mise en place du bureau a rencontré un blocage. J’ai une fois de plus appelé les différentes parties pour leur signifier que je veux la paix et que bien que je ne sois pas musulman, la ville de Banfora m’appartient comme elle a appartenu à mes grands-parents et ancêtres. Aujourd’hui j’en assure l’administration et je ne vais pas permettre qu’elle s’enflamme pour quoi que ce soit ; en tout cas pas sous mon règne. C’est sur ces notes que nous nous sommes séparés pour la seconde fois. Je ne comprends donc pas ces allégations de xénophobie dont on m’accuse. J’intercède entre des protagonistes et on transforme mes actions en xénophobie. Voulait-on que je leur dise d’aller s’entre-déchirer ? Non ! Je ne le peux pas. Mon père ne l’a pas fait, mon grand-père non plus, encore moins les fondateurs de Banfora. Du reste, la mosquée dont le poste d’imam est objet de discorde, est bâtie sur un domaine que mon grand-père a bien voulu octroyer aux musulmans. Il était animiste tout comme nous autres fondateurs de Banfora. Si nous étions xénophobes, nous serions restés renfermés et on n’aurait pas permis aux musulmans de s’installer. Nous avons plutôt cohabité en bonne intelligence et mon père était le confident du grand Imam Mahamadou Sanogo aujourd’hui disparu. Je ne sais donc pas ce que j’ai fait en tant que chef de canton pour qu’aujourd’hui on me traite de la sorte. Je suis donc écœuré. Parcourez tout le territoire du canton. Jamais on ne vous dira que j’ai posé un acte du genre. Ce n’est pas autour de ce problème des musulmans qu’on va me dénigrer devant des autorités politiques. J’ignore ce que les auteurs de ces allégations recherchent, mais ils peuvent rester tranquilles, car ils ne parviendront à aucun résultat. Contrairement à eux, je ne suis pas chef de canton parce que j’ai bénéficié d’un quelconque suffrage. Je leur demande de servir honnêtement les hommes et les femmes qui les ont votés, mais pas dans le mensonge. Je tenais aussi à dire ceci : il y a des opérateurs économiques à qui on a fait recours pour servir de médiateurs. Je préfère que leur médiation prenne fin parce que leur action n’est pas impartiale. Nous avons des informations qui nous amènent à adopter cette position. En définitive, je démens formellement l’étiquette qui  a été collée à ma personne et qui tend à faire croire que j’entretiens la xénophobie dans la crise qui divise aujourd’hui la communauté musulmane de Banfora.»

 

Propos recueillis par Mamoudou TRAORE

 

 


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